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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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le marquis de La Rouairie ?
    – Nous sommes restés deux heures ensemble.
    – Que vous a-t-il dit ?
    – Il m’a montré deux lettres de Paris, trois de Londres, deux autres datées de Coblentz. De tous côtés on le pousse, on le presse, on le conjure d’agir sans retard.
    – Et La Rouairie est prêt à agir ?
    – Oui. Les proclamations sont faites, les hommes vont être rassemblés. Les armes sont en suffisante quantité pour en donner à qui jurera d’être fidèle au roi et à l’honneur ! Avant deux mois la conspiration éclatera, si toutefois l’on doit donner ce nom à la noble cause qui nous ralliera tous.
    – Allez-vous donc vous joindre à eux ?
    – Provisoirement, oui ; plus tard, je servirai le roi à bord de mon lougre quand la guerre maritime sera possible.
    – Quand devez-vous rejoindre La Rouairie ?
    – Dans quinze ou vingt jours seulement.
    Le marquis, en proie à de sombres réflexions, parcourut vivement la petite pièce : puis, s’arrêtant enfin brusquement devant Marcof, et lui prenant la main :
    – Frère, lui dit-il à voix basse, la guerre va bientôt éclater dans le pays. Qui sait si nous pourrons encore une fois causer ensemble comme nous sommes libres de le faire aujourd’hui. Écoute-moi donc : Si je suis tué par une balle sur le champ de bataille, ou si je meurs dans mon lit de ma mort naturelle, souviens-toi de mes paroles. Tu vois ce casier de la seconde bibliothèque ?
    – Oui, répondit Marcof, je le vois.
    – En dérangeant les livres, on découvre la boiserie.
    – Ensuite ?
    – À droite, au milieu de la rosace, il y a un bouton de bois sculpté en forme de gland de chêne. Ce bouton est mobile. En le pressant, il fait jouer un ressort qui démasque une porte secrète donnant dans une armoire de fer. Moi mort, tu ouvrirais cette armoire et tu y trouverais des papiers. Il te faudrait, tu m’entends bien, il te faudrait les lire avec une profonde et religieuse attention.
    – Je te le promets !
    – C’est tout ce que j’avais à te dire ; et, maintenant que j’ai ta promesse, je suis tranquille.
    – Alors, monseigneur, je me retire, reprit Marcof à voix haute.
    – Quand vous reverrai-je ?
    – Dans douze jours ; le temps d’aller à Paimbœuf et d’en revenir.
    – Avez-vous besoin d’argent ?
    – J’ai trois cent mille francs en or dans la cale de mon lougre.
    En ce moment, la cloche du château retentit de nouveau et avec force.
    – Qui diable peut venir à pareille heure ? s’écria Marcof.
    – Des voyageurs égarés peut-être, qui demandent l’hospitalité.
    – Pardieu ! nous allons le savoir. J’entends Jocelyn qui monte.
    En effet, le vieux serviteur, après avoir discrètement gratté à la porte, pénétra dans la petite pièce. Marcof tenait respectueusement son chapeau à la main et il avait repris son caban.
    – Qu’est-ce donc, Jocelyn ? demanda le marquis.
    – Monseigneur, répondit Jocelyn dont la physionomie décelait un mécontentement manifeste, ce sont deux voyageurs qui demandent à vous parler sur l’heure.
    – Vous ont-ils dit leur nom ?
    – Ils m’ont remis cette lettre.
    Le marquis prit la lettre que lui présentait Jocelyn et l’ouvrit. À peine en eut-il parcouru quelques lignes qu’il devint très-pâle.
    – C’est bien, fit-il en s’adressant à Jocelyn. Faites entrer ces étrangers dans la salle basse ; je vais descendre.
    Jocelyn n’avait pas franchi le seuil de la porte que, se retournant vivement vers Marcof, le marquis ajouta :
    – Il ne faut pas sortir par la grille.
    – Pourquoi ?
    – Ne m’interroge pas ! Tu sauras tout plus tard. Passe par l’escalier secret qui aboutit à ma chambre. Tiens, voici la clef de la petite porte qui donne sur les falaises… Pars vite !
    – Qu’as-tu donc ? demanda Marcof en remarquant la subite altération des traits du marquis.
    – Va ! je n’ai pas le temps de t’expliquer. Seulement souviens-toi de l’armoire secrète, et n’oublie pas ta parole.
    Et le gentilhomme, serrant les mains du marin, s’élança vivement au dehors. Marcof, demeuré seul, resta quelques moments pensif, puis il sortit à son tour ; il traversa un corridor, et, en homme qui connaissait bien les aîtres du château, il ouvrit une porte donnant sur une vaste chambre éclairée par les rayons de la lune. En traversant cette pièce, le marin s’arrêta devant un magnifique portrait de vieillard. Il inclina la tête,

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