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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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même à se compromettre pour voir tomber les barreaux et les grilles. Comment s’y prit-elle ? Par ma foi, je l’ignore. Toujours est-il qu’elle trouva moyen d’entretenir une correspondance active avec un beau gentilhomme de Quimper, qui jadis avait été votre compagnon de plaisirs…
    – Comment elle s’y prit ? s’écria le marquis en se levant brusquement. Je vais vous l’expliquer !… À prix d’or, cette misérable femme, indigne du nom que je lui avais donné, séduisit le valet et parvint à se ménager plusieurs entrevues avec son amant, car vous oubliez de le dire, messieurs, votre sœur était devenue la maîtresse du baron d’Audierne !
    – Vous l’avez dit depuis, mais nous ne l’avons jamais cru ! répondit le comte de Fougueray.
    – En voulez-vous les preuves ? J’ai les lettres ici.
    – Inutile, continua le chevalier. Que notre sœur soit coupable ou non, là n’est pas la question. Permettez-moi d’achever. Donc les deux… comment dirais-je ? les deux amants, puisque vous le voulez absolument, ayant pris d’avance toutes leurs mesures, attendaient une nuit favorable pour accomplir leur projet. Ils ne savaient pas, qu’instruit de tout, vous les faisiez épier, et que vous attendiez le moment d’agir… Aussi, la nuit où la fuite devait avoir lieu, vous trouvèrent-ils sur leur passage. Le baron tira son épée ; Marie-Augustine s’évanouit. Ils ne vous connaissaient pas encore !… Vous emportâtes votre femme dans vos bras en priant le baron de vous suivre. Le gentilhomme, sommé par vous au nom de son honneur, obéit.
    Ah ! pardon, fit le chevalier en s’interrompant, j’oubliais, pour la clarté de ce qui va suivre, de mentionner ici que votre mariage avait eu lieu sur les terres mêmes de mon frère, et que les témoins d’usage assistaient seuls à la cérémonie…
    – C’était le comte de Fougueray qui l’avait voulu ainsi, répondit le marquis.
    – Je m’empresse de le reconnaître, ajouta le comte en s’inclinant. Continuez, chevalier.
    – C’est moi seul qui continuerai ! s’écria le marquis. Écoutez-moi tous deux à votre tour. Lorsque je tins entre mes mains la misérable qui avait déshonoré mon nom, et son indigne complice, ma première pensée fut de les tuer tous les deux. Cependant j’hésitai !… Mon mépris pour cette femme était tellement profond, que ma main dédaigna de verser son sang !… D’ailleurs, j’avais mieux à faire !
    – Oui, c’était fort ingénieux ce que vous avez trouvé, fit observer le comte en chiffonnant coquettement la dentelle de son jabot.

VIII – LE MARCHÉ.
    – Oh ! cette scène est encore présente à ma pensée comme si elle venait d’avoir lieu à l’instant même, continua le marquis sans paraître avoir entendu l’observation de son singulier beau-frère. Marie-Augustine était là couchée sur ce fauteuil ; car c’est dans cette salle que je l’avais amenée avec son complice. Ce fauteuil est précisément celui sur lequel vous êtes assis, chevalier. Le baron d’Audierne, debout devant elle, attendait mes ordres, et je suis convaincu qu’il se croyait en ce moment bien près de sa dernière heure. Dès que votre sœur revint à elle j’appelai tous mes gens ; tous, sans exception : depuis mon maître d’hôtel jusqu’à mon dernier valet de chiens… Alors, désignant du geste Marie-Augustine, que l’incertitude et l’épouvante rendaient muette et à demi morte :
    « – Mes amis, m’écriai-je, vous voyez cette femme que, jusqu’ici, vous avez crue digne de votre respect, parce que vous pensiez qu’elle portait mon nom ? Eh bien ! je vous avais trompés. Cette fille n’a jamais été ma femme légitime !… Elle n’était que ma maîtresse jadis, comme elle est aujourd’hui celle du baron d’Audierne ! Si je parle ainsi devant vous tous, c’est que, comme j’ai commis une faute en vous faisant honorer une méprisable créature, je me devais à moi-même, et je vous devais à vous aussi, de révéler publiquement la vérité tout entière. Et, maintenant, monsieur le baron peut emmener sa maîtresse à laquelle je renonce, et que je lui abandonne…
    « Une heure après, ajouta le marquis, Marie-Augustine partait avec son amant.
    – Et vous, mon cher ami, interrompit le comte, vous qui aviez pris au sérieux votre belle et ingénieuse invention, vous vous faisiez seller un bon cheval le soir même, et vous gagniez au galop la route de

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