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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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il murmura tout bas quelques paroles, une prière peut-être ; puis s’approchant du cadre, il déposa un respectueux baiser sur l’écusson placé dans l’angle gauche du tableau. Cela fait, il ouvrit une autre porte, et il descendit les marches d’un petit escalier pratiqué dans l’épaisseur de la muraille.
    Les deux étrangers que Jocelyn avait introduits dans la salle basse du château, d’après les ordres de son maître, y entraient à peine lorsque le marquis de Loc-Ronan se présenta à eux. Ils échangèrent tous trois un salut cérémonieux.
    – Monsieur le marquis, dit l’un des deux personnages, nous devons faire un appel à votre indulgence ; nous eussions dû arriver à une heure plus convenable, et nous l’eussions fait (ayant pris nos mesures en conséquence), si la tempête qui nous a assaillis dans la montagne n’était venue mettre une entrave à notre marche.
    – Je joins mes excuses à celles du chevalier de Tessy, dit le second des deux étrangers en s’avançant à son tour.
    – Je les reçois, comte de Fougueray, répondit le marquis avec une extrême hauteur.
    Après cet échange de paroles, les trois hommes demeurèrent quelques moments silencieux. Le marquis froissait dans sa main droite avec une colère sourde la lettre que lui avait remise Jocelyn, et qui avait précédé l’introduction des deux gentilshommes. Enfin, se calmant peu à peu, il reprit :
    – Je ne crois pas, messieurs, que vous ayez fait une centaine de lieues pour venir me trouver, sans un autre motif que celui d’en appeler à mon indulgence pour votre arrivée inattendue. Nous avons à causer ensemble ; vous plaît-il que cela soit immédiatement ?
    – Nous craindrions d’être indiscrets et de vous fatiguer, répondit le chevalier de Tessy.
    – Aucunement, messieurs. À cette heure avancée, nous n’en serons que moins troublés, et c’est, je crois, ce qu’il faut avant tout pour la conversation que nous allons avoir ?
    – Cette salle me paraît fort convenable, monsieur, dit le comte de Fougueray en regardant autour de lui. Seulement, notre souper ayant été des plus mauvais, je vous serais infiniment obligé de nous faire servir quoi que ce soit…
    – Dites plutôt, interrompit brusquement le marquis, que vous connaissez la vieille coutume bretonne qui veut qu’un homme soit sacré pour celui sous le toit duquel il a brisé un pain.
    – Quand cela serait ?
    – Vous osez en convenir ?
    – Eh ! pourquoi diable me gênerais-je ? Ne sommes-nous pas de vieilles connaissances ? Vous savez bien, marquis, qu’entre nous il n’y a pas de secret !…
    Le comte appuya sur ce dernier mot. Le marquis de Loc-Ronan se mordit les lèvres avec une telle violence que quelques gouttelettes de sang jaillirent sous sa dent convulsive. Il agita une sonnette. Jocelyn parut.
    – Servez à ces messieurs ce que vous trouverez de meilleur à l’office, dit-il.
    Le domestique s’inclina et sortit. Cinq minutes après il rentra.
    – Eh bien ? lui demanda son maître.
    – Monseigneur, je n’ai rien trouvé à l’office ; mais, en revanche, il y avait cette paire de pistolets tout chargés sur la table de votre chambre, et je vous les apporte.
    – Est-ce un guet-apens ? s’écria le chevalier en portant la main à la garde de son épée.
    – Ce serait tout au plus un duel, répondit tranquillement le marquis, car vous voyez que votre digne compagnon a pris ses précautions…
    Le comte, en effet, tenait un pistolet de chaque main. Jocelyn s’avança près de son maître en levant son pen-bas. Mais le marquis, posant froidement ses pistolets sur un meuble voisin, ordonna au serviteur de sortir. Jocelyn hésita, mais il obéit.
    – Nous nous passerons donc de souper ? demanda le comte en remettant ses armes à sa ceinture.
    – Finissons, messieurs ! s’écria le marquis ; si nous continuions longtemps sur ce ton, je sens que la colère me dominerait bien vite. Vous êtes venu ici pour me proposer un marché. Ce marché est infâme, je le sais d’avance ; mais n’importe ! détaillez-le. J’écoute.
    – Mon cher marquis, fit le chevalier en attirant à lui un siége et s’y installant sans façon, vous avez une façon d’exprimer votre pensée qui ne nous semblerait nullement parlementaire (comme le dit si bien Mirabeau du haut de la tribune de l’Assemblée nationale), si nous vous connaissions moins. Mais nous ne verrons dans vos paroles que ce qu’il

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