Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
Vom Netzwerk:
Aujourd’hui Yvonne est en danger ; nous devons la sauver. Tu entends ce que dit Marcof. Quant à ce qui me concerne, je jure, jusqu’au moment où nous aurons rendu Yvonne à son père, de ne plus avoir de haine pour toi, et d’être même un allié sincère et loyal. Le veux-tu ?
    – J’accepte ! répondit Keinec ; plus tard, nous verrons.
    – Touchez-vous la main ! ordonna Marcof.
    Les deux jeunes gens firent un effort visible. Néanmoins ils obéirent.
    – Bien, mes gars ! s’écria Yvon avec attendrissement, bien ! Vous êtes braves et vigoureux tous deux ; aidez Marcof, et Dieu récompensera vos efforts !
    Au moment où les paysans entouraient les deux rivaux devenus alliés, le tailleur de Fouesnan se précipita dans la chambre. La physionomie du bossu reflétait tant de sensations diverses, que tous les yeux se fixèrent sur lui. Il était accouru droit à Yvon.
    – Votre fille !… balbutia-t-il comme quelqu’un qui cherche à reprendre haleine, votre fille, père Yvon ?
    – Sais-tu donc quelque chose sur elle ? demanda vivement Marcof.
    Le tailleur fit signe que oui.
    – Parle ! parle vite ! s’écrièrent les paysans.
    – On l’a enlevée ce soir dans le chemin des Pierres-Noires !
    – Comment sais-tu cela ?
    – J’ai vu celui qui l’enlevait.
    – Son nom ? s’écria Keinec en se levant avec violence.
    – Je l’ignore ; mais vous vous rappelez les deux inconnus dont je vous ai parlé, et que j’avais vu rôder autour du château ?
    – Oui, oui, firent les paysans.
    – Eh bien ! celui qui emportait Yvonne sur son cheval, est l’un de ces hommes.
    – Tu en es sûr ? dit Marcof avec vivacité.
    – Sans doute. Le jour de la mort de notre regretté seigneur, je les ai suivis tous les deux, et, caché dans les genêts d’abord, sur la corniche des falaises ensuite, j’ai entendu leur conversation presque tout entière. Ils parlaient d’enlèvement ; mais je n’avais pas compris qu’il s’agissait de votre fille, père Yvon. Ce soir, en revenant de Penmarckh et au moment où je longeais la grève pour regagner la route, j’ai parfaitement reconnu le plus jeune des deux hommes dont je vous parlais. Il portait une femme dans ses bras. Comme j’étais dans l’ombre, il ne m’a pas vu, et avant que j’aie eu le temps de pousser un cri, il s’élançait dans une barque que montaient déjà deux autres hommes, et ils ont poussé au large… C’est alors que, la lune se levant, il m’a semblé reconnaître Yvonne. Je n’en étais pas certain néanmoins, lorsque leur conversation m’est revenue à la mémoire tout à coup, et j’ai pris ma course vers le village. En arrivant, les femmes m’ont appris qu’Yvonne avait disparu… Alors je n’ai plus douté.
    – Et sur quel point de la côte semblaient-ils mettre le cap ? demanda Yvon.
    – Ils paraissaient vouloir prendre la haute mer, mais j’ai dans l’idée qu’ils s’orientaient vers la baie des Trépassés.
    – Et moi j’en suis sûr ! dit brusquement Marcof. Allons, mes gars, continua-t-il en s’adressant à Keinec et à Jahoua, en route et vivement. Je laisse ici mes hommes pour la garde du village, Bervic les commandera. Nous reviendrons probablement au point du jour. D’ici là, mes enfants, cachez le recteur, car vous pouvez être certains que les gendarmes reviendront.
    Puis, prenant le tailleur à part, il l’entraîna au dehors.
    – Tu as entendu toute la conversation de ces deux hommes ? dit-il à voix basse.
    – Oui.
    – N’a-t-il donc été question que de cet enlèvement ?…
    – Oh non !
    – Ils ont parlé du marquis, n’est-ce pas ?
    – Oui.
    – Tu vas me raconter cela, et surtout n’omets rien.
    Le tailleur raconta alors minutieusement la conversation qui avait eu lieu entre le comte de Fougueray et le chevalier de Tessy. Seulement la brise de mer, en empêchant parfois le tailleur de saisir tout ce que se communiquaient les cavaliers, avait mis obstacle à ce qu’il comprît qu’il s’agissait d’Yvonne dans la question de l’enlèvement. Le nom de Carfor, revenu plusieurs fois dans la conversation l’avait singulièrement frappé. En entendant prononcer ce nom, Marcof tressaillit.
    – Carfor mêlé à toute cette infernale intrigue ! murmura-t-il ; j’aurais dû le prévoir. C’est le mauvais génie du pays ! Merci, continua-t-il en s’adressant au tailleur ; viens demain à bord de mon lougre, et je te remettrai

Weitere Kostenlose Bücher