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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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Ensuite ils s’embarquèrent. Carfor, assez bon pilote, dirigea l’embarcation, et ils franchirent les brisants. Yvonne s’était évanouie de nouveau, et cette circonstance, en empêchant la jeune fille de se débattre et de crier, facilitait singulièrement leur fuite. En moins d’une heure ils doublèrent la baie des Trépassés et mirent le cap sur l’île de Seint ; mais, arrivés à la hauteur d’Audierne, ils coururent une bordée vers la côte. Le vent les poussait rapidement. Ils abordèrent dans une petite baie déserte. Le comte de Fougueray les y attendait avec des chevaux frais.
    – Eh bien ? demanda-t-il au chevalier en lui voyant mettre le pied sur la plage.
    – J’ai réussi, Diégo, répondit celui-ci.
    – Bravo ! À cheval, alors !
    – À cheval !
    – Et la belle Bretonne ?
    – Elle est toujours évanouie.
    – Viens ! Hermosa a tout préparé pour la recevoir. Débarrasse-toi d’abord du berger.
    – C’est juste.
    Et le chevalier, emmenant Carfor à l’écart, lui remit une nouvelle bourse complétant la somme promise.
    – Maintenant, lui dit-il, tu peux partir.
    – Quand vous reverrai-je ? demanda Carfor.
    – Bientôt : mais il ne serait pas prudent que nous ayons une conférence avant quelques jours.
    – Vous m’écrirez ?
    – Oui.
    – La lettre toujours dans le tronc du grand chêne ?
    – Toujours.
    – Bonne chance, alors, monsieur le chevalier.
    – Merci.
    Le chevalier et le comte se mirent en selle. Le chevalier prit Yvonne entre ses bras, et, suivis du valet, ils s’éloignèrent rapidement. Carfor les suivit des yeux un instant et se rembarqua. Il revint vers la baie des Trépassés…
    La route qu’avaient prise le comte et le chevalier s’enfonçait dans l’intérieur des terres. Le chevalier pressait sa monture.
    – Corbleu ! fit le comte en l’arrêtant du geste. Pas si vite, Raphaël, et songe que le cheval porte double poids.
    – J’ai hâte d’arriver, répondit le chevalier.
    – Nous ne courons aucun danger, très-cher, et nous avons devant nous une des plus belles routes de la Bretagne.
    – Je voudrais être à même de donner des soins à Yvonne. Voici près de trois heures qu’elle est sans connaissance, et cet évanouissement prolongé m’effraye.
    – Bah ! sans cette pâmoison venue si à propos, nous ne saurions qu’en faire.
    – N’importe, hâtons-nous.
    – Soit, galopons.
    – Dis-moi, Diégo, reprit Raphaël après un moment de silence, tu es content de l’asile que tu as trouvé ?
    – Enchanté ! Personne ne viendra nous chercher là.
    – C’est un ancien couvent, je crois ?
    – Oui, très-cher. Les nonnes en ont été expulsées par ordre du département, et j’ai obtenu la permission de m’y installer à ma guise. Or, à dix lieues à la ronde, tout le monde croit le cloître inhabité.
    – N’y a-t-il pas des souterrains ?
    – Oui ; et de magnifiques.
    – C’est là qu’il faudra nous installer.
    – Sans doute ; et j’ai donné des ordres en conséquence ?
    – Est-ce que tu as commis l’imprudence d’amener nos gens avec toi ?
    – Allons donc, Raphaël ; pour qui me prends-tu ? Emmener nos gens !… quelle folie ! Hermosa est seule là-bas avec Henrique, et nous n’aurons avec nous que le fidèle Jasmin.
    Et du geste le comte désignait le valet qui suivait.
    – Très-bien, fit le chevalier.
    – Jasmin ! appela le comte.
    – Monseigneur ? répondit le laquais en s’avançant au galop.
    – Prends les devants, et préviens madame la baronne de notre arrivée.
    Jasmin obéit ; et, piquant son cheval, il partit à fond de train.
    – J’aperçois les clochetons de l’abbaye, dit alors le comte.
    – Ah ! Yvonne revient à elle ! s’écria le chevalier.
    La jeune fille, en effet, venait de rouvrir ses beaux yeux. Elle promena autour d’elle un regard étonné. La nuit était sur son déclin, et l’aurore commençait à blanchir l’horizon. Yvonne poussa un soupir. Puis sa tête retomba sur sa poitrine, et elle parut succomber à un nouvel évanouissement. Mais cette sorte de torpeur dura peu. Elle se ranima insensiblement et fixa ses yeux sur l’homme qui la tenait entre ses bras. Alors elle se jeta en arrière, et, rassemblant toutes ses forces, elle s’écria :
    – Au secours ! au secours ?
    – Qu’est-ce que je disais ? fit le comte. Mieux la valait évanouie ; heureusement nous sommes arrivés.
    Les cavaliers, en

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