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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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l’argent que le marquis de La Rouairie te fait passer pour tes services.
    Un quart d’heure après, Marcof, Keinec et Jahoua suivaient silencieusement la route des falaises, se dirigeant vers la crique où était amarré le Jean-Louis . Deux hommes seulement veillaient à bord, mais ils faisaient bonne garde, car les arrivants ne les avaient pas encore pu distinguer, que le cri de « Qui vive ! » retentit à leurs oreilles et qu’ils entendirent le bruit sec que fait la batterie d’un fusil que l’on arme. Marcof, au lieu de répondre, porta la main à sa bouche et imita le cri sauvage de la chouette. À ce signal, un second cri retentit à quelque distance.
    – Qu’est-ce que cela ? fit Marcof en s’arrêtant. Ce cri vient de terre et je n’y ai laissé personne.
    Puis, faisant signe de la main à ses deux compagnons de demeurer à la même place, il s’avança avec précaution en suivant le pied des falaises. Au bout d’une centaine de pas, il recommença le même cri quoique plus faiblement. Aussitôt un homme sortit d’une crevasse naturelle du rocher et s’avança vers lui. Marcof le regarda fixement, puis, lui tendant la main :
    – C’est toi, Jean Chouan ? fit-il d’un air étonné. Que viens-tu faire en ce pays ?
    – J’étais prévenu depuis huit jours de l’arrêté que le département allait rendre, répondit le chef si connu des rebelles de l’Ouest, et je suis venu seul dans la Cornouaille pour savoir ce que les gars voudraient faire…
    – Eh bien ! tu as vu que, pour le premier jour, cela n’avait pas trop mal marché ?
    – Oui. Ceux de Fouesnan ont agi solidement, et tu les as bien secondés.
    – Par malheur je n’ai qu’une cinquantaine d’hommes ici.
    – Demain il en arrivera cinq cents dans les bruyères de Bœnnalie. La Rouairie sera avec eux.
    – Très-bien.
    – Tu sais que les gendarmes reviendront au point du jour et brûleront les fermes. Il faudrait faire prévenir les gars.
    – Je m’en charge.
    – Tu feras conduire le recteur dans les bruyères et tu y amèneras tes hommes.
    – Cela sera fait.
    – C’est tout ce que j’avais à te dire, Marcof.
    – Adieu, Jean Chouan.
    Et le futur général de l’insurrection, dont le nom était alors presque inconnu, disparut en remontant vers le village. Marcof revint à ses deux compagnons, et tous trois s’élancèrent à bord du lougre. Marcof leur donna des armes et des munitions, puis ils mirent un canot à la mer, et, s’embarquant tous trois, ils poussèrent vigoureusement au large.
    – Sur quel point de la côte mettons-nous le cap ? demanda Keinec en armant un aviron.
    – Sur la baie des Trépassés, répondit Marcof.
    – Nous allons à la grotte de Carfor ?
    – Oui.
    – Dans quel but ?
    – Dans le but de forcer le sorcier à nous dire où on a conduit Yvonne, répondit Marcof ; et, par l’âme de mon père, il le dira. J’en réponds !
    Keinec et Jahoua, se courbant sur les avirons, nageaient avec force pendant que Marcof tenait la barre.
    *
    * *
    En reconnaissant le chevalier de Tessy pour l’homme qui enlevait Yvonne, le tailleur de Fouesnan ne s’était pas trompé. Ainsi que cela avait été convenu entre lui et Carfor, le chevalier, accompagné d’un domestique, sorte de Frontin qui avait dix fois mérité les galères, était venu se poster sur la route de Penmarckh. Carfor avait compté se glisser dans le village, et, sous un prétexte quelconque, isoler Yvonne, s’en faire suivre ou l’enlever. Il pénétrait par le verger dans la maison d’Yvon, lorsqu’il entendit le vieillard donner à sa fille l’ordre d’aller au-devant de Jahoua. Le hasard servait donc le berger beaucoup mieux qu’il n’aurait pu l’espérer. En conséquence, il se retira vivement et courut dans les genêts prévenir le chevalier. Tous trois se tinrent prêts, et, ainsi qu’on l’a vu, ils accomplirent leur audacieux projet sans éprouver la moindre résistance.
    À peine le chevalier fut-il à cheval, que Carfor et le valet gagnèrent la grève par le sentier des falaises. Pour première précaution ils coupèrent les amarres du canot de Keinec, le seul qui se trouvât sur la côte. Puis ils allèrent à la crique et armèrent promptement une embarcation préparée d’avance. Cela fait, ils attendirent. Le chevalier ne tarda pas à arriver avec la jeune fille. Il sauta à terre. Le valet prit le cheval et le conduisit dans une grange dont la porte était ouverte.

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