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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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Instinctivement, elle se rangea sur le côté de la route pour laisser passer le cavalier. Elle reconnut alors son cousin René Boileau. Ce dernier retint sa monture et mit pied à terre près de la jeune fille. Marguerite tressaillit de joie. C’était la première fois qu’elle se retrouvait seule avec lui, sans la présence de la famille. Le jeune homme la salua en lui souriant franchement, délaissant ainsi sa réserve coutumière.
    — Bonjour, Marguerite. La cueillette a été bonne, à ce que je vois, dit-il simplement.
    La coquetterie de la jeune fille flattait l’ingénuité de ses dix-sept ans. Des yeux bleu-vert délicieusement pailletés d’or illuminaient un charmant minois parsemé de taches de rousseur et doté d’un nez légèrement retroussé qui lui donnait un petit air mutin. Elle repoussa d’un geste vif une boucle de cheveux humides qui s’échappait de sa large tresse, au désespoir de se faire surprendre dans une tenue aussi négligée, le tablier couvert de taches de framboises, les manches retroussées sur ses bras égratignés par les ronces. René ne verrait que ces insupportables taches de son qui s’en donnaient { cœur joie sur son visage bruni par le soleil et ses mains, vilainement rougies par la cueillette des petits fruits et les travaux ménagers. Troublée par la présence de son cousin, elle posa son lourd panier sur le sol poussiéreux afin de resserrer son fichu sur ses épaules. Son cœur battait { tout rompre. Sa poitrine allait éclater, elle en était certaine.
    — Avec cette chaleur, il faut ramasser les framboises, sinon elles se perdent, finit par articuler péniblement Marguerite.
    Dire qu’elle ne trouvait rien { répondre de plus spirituel !
    Une réponse de sotte, une réponse d’habitante timide ! Elle se sentit rougir.
    — Oui, il doit bien faire quatre-vingt-dix { l’ombre, approuva René de sa belle voix grave. Ce sera chaud pour faire cuire les confitures.
    Il avait retiré sa veste et allait tête nue, sa chevelure brune simplement nouée d’un ruban sur sa nuque. Machinalement, Marguerite replaça à nouveau les mèches rebelles, de ce geste si familier chez elle lorsqu’elle était nerveuse ou fatiguée, ignorant { quel point René aimait cette manie qu’il trouvait charmante.
    Il y eut un moment de silence gêné.
    Puis, tout { coup, dans la lumière de l’été, René avança la main pour dégager le ruban du chapeau de la jeune fille qui avait glissé et couvert son visage. Lentement, sa main caressa les cheveux désordonnés. Marguerite, bouleversée par cette proximité, rassembla tout son courage pour oser relever la tête. Le jeune homme redevint subitement sérieux tandis que son regard de velours cherchait les yeux de la paysanne.
    — Marguerite, prononça-t-il son nom avec une tendresse inattendue. Je pars demain pour les vieux pays. Mais je reviendrai dans un an.

    — C’est bien long, un an, répondit-elle sans réfléchir, trop remuée pour dire autre chose.
    — Le temps, c’est toujours long pour qui espère. Et il me semble que j’attends depuis trop longtemps, dit-il d’un ton mystérieux, comme s’il ne parlait qu’{ lui-même. Mais je dois faire ce voyage, Marguerite. Mon père l’ordonne.
    Il y eut une pause, une longue pause, se souviendrait plus tard Marguerite. Avait-il fait un pas vers elle ? La scène lui semblait irréelle. René se détourna un instant, ses yeux interrogeant bêtement le sol comme s’il allait y trouver les bons mots, puis il se redressa vivement, la regardant avec intensité.
    — A mon retour, dit-il d’une voix étranglée, j’aurai une demande à te faire.
    Il détourna la tête avant de plonger à nouveau son regard dans le sien.
    — Tu comprends ?
    Oh oui ! Elle comprenait. Mais l’émotion qui Pétreignait la rendait incapable de prononcer un son. Marguerite hocha la tête en signe d’acquiescement.
    Il lui demanda alors :
    — Tu m’attendras ?
    Cette fois, la réponse jaillit spontanément, sans hésitation :
    — Oui!
    Il prit alors sa main dans la sienne et la serra. Chavirée, Marguerite crut un moment qu’il allait l’embrasser. Mais après un ultime regard, sans rien ajouter, René remonta à cheval pour continuer sa route. Figée sur place, elle le suivit des yeux jusqu’{ ce qu’il disparaisse dans un tournant. Il ne se retourna qu’une seule fois, pour lui envoyer la main, avant de repartir au galop, soulevant la poussière du chemin sec.

    *****

    Il lui avait

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