Marie Leszczynska
adresse une autre invitation à la princesse de Modène
pour le même jour mais, comme elle l’écrit : « sans faire savoir ni à l’une ni à l’autre de ces dames qu’elles devaient se rencontrer ». Le dîner rapproche la princesse et la comtesse polonaise qui finissent par s’entendre à merveille pour vanter la grâce et l’intelligence de « Joujou ». La reine est ravie ; elle a trouvé une façon élégante de régler un différend à sa manière, loin de l’étiquette et du cérémonial de la cour.
1 -
Cité par Jean-François Solnon, La cour de France , p. 431.
2 -
En 1747, la reine soupe 198 fois chez les Luynes, soit plus de la moitié de l’année.
3 -
Voir les annexes.
4 -
En 1763, Madame du Deffand, pratiquement aveugle, perd son dernier soutien familial à la mort de sa tante, la duchesse de Luynes
. Hénault
demande du secours à la reine qui promet d’en parler à Monsieur de Saint-Florentin, chargé d’établir les pensions. Madame du Deffand rendra visite à Marie qui aura la délicate attention de retarder le rendez-vous d’une heure, afin de lui éviter une trop longue attente.
5 -
Le grand prieur de France et général des galères de France était le chevalier d’Orléans (1702-1748), bâtard légitimé du Régent.
6 -
Tressan appartiendra lui aussi à l’Académie française, mais seulement en 1780. Il y entrera à soixante-quinze ans, trois ans avant sa mort, en succédant à Condillac.
7 -
Voir chapitre XII.
8 -
Voir chapitre XII.
9 -
Originaire de Paris, bien que d’ascendance suisse, Jean-Pierre Tercier (1704-1767) était employé à l’ambassade de France à Varsovie lorsque le roi Stanislas y a résidé, le temps d’être élu roi de Pologne. À Dantzig, sous les ordres du marquis de Monti, il a participé aux préparatifs de la fuite de Stanislas. Il restera son conseiller pour les affaires d’Europe centrale. En 1748, il devient commis aux Affaires étrangères et censeur royal ; à ce titre, il sera mêlé au scandale de la publication de De l’Esprit d’Helvétius
. En 1757, Louis XV en fait l’éminence grise du « Secret du roi ».
10 -
Le père Radominski a été appelé à Versailles pour succéder au père Labiszewski, mort le 11 février 1748. La reine le connaissait bien puisqu’il était le confesseur de Catherine Opalinska depuis l’exil de la famille Leszczyński
en Suède. Il décédera à Versailles le 18 janvier 1756 et sera remplacé par le père Bieganski.
11 -
Il s’agit de Nicolas Ferry, dit « Bébé », nain du roi Stanislas.
12 -
Mémoires du célèbre nain Joseph Boruwlaski, gentilhomme polonais , p. 30.
XV
GRANDES PASSIONS ET PETITS PLAISIRS
D
epuis son mariage, Marie Leszczyńska occupe, à Versailles, l’ancien appartement de la reine Marie-Thérèse, rénové [1] et agrandi en annexant le salon de la Paix, à l’extrémité de la grande Galerie. Dans ce vaste espace, simplement isolé par une cloison mobile, la reine tient sa cour et organise ses rituelles parties de cavagnole. En revanche, elle accorde plutôt ses audiences dans sa chambre à coucher. « L’heure de la toilette est à midi et demie, précise le président Hénault
. J’ai vu quelquefois une douzaine de dames ensemble, aucune n’échappe à son attention, elle leur parle à toutes. Les audiences particulières sont accordées dans la chambre en général après la toilette, la reine étant debout auprès de la table qui est dans le trumeau vis-à-vis du lit. »
Dans son « laboratoire »
Seuls les amis intimes de Marie ont accès à une série de petites pièces privées qui donnent sur une cour intérieure.La reine se tient le plus souvent dans le cabinet des Poètes. C’est là qu’elle rédige, trois fois par semaine, les lettres qu’elle adresse au roi Stanislas et reçoit ses proches comme Madame de Villars, la duchesse de Luynes, le président Hénault
ou le comte d’Argenson.
Aménagées à l’initiative de Louis XV, elles sont encore embellies pour devenir de ravissants cabinets lors de la troisième campagne de restauration, entre 1746 et 1748 [2] . À cette époque, on crée aussi le « laboratoire », comme l’appelle la souveraine, dévolu à ses occupations favorites : peinture, musique, tapisserie et broderie. Son décor de boiseries sculptées par Verberckt disparaîtra vite sous l’empilement de toiles. Autre innovation : à la place de la bibliothèque, transférée à
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