Marie Leszczynska
à la signature du traité de Versailles, le 1 er mai 1756, dont le principal élément est une entente avec l’Autriche. Comme Louis XV et comme son père, la reine est une pacifiste convaincue mais, à l’inverse de son époux et de la Pompadour, elle ne peut accepter ce renversement d’alliances. Pour Marie, c’est l’ennemi héréditaire des Français et, surtout, le pays qui a chassé Stanislas du trône de Pologne avec l’aide de la Russie.
Bien que tenu à l’écart par Louis XV, le comte d’Argenson a perçu les lacunes de ce traité qui privilégie l’Autriche au détriment de la France. Et le renversement des alliances devient vite le sujet principal des discussions dans le cercle de la reine. D’Argenson transmet son pessimisme à Marie qui se confie à son père. Stanislas ne partage pas leurs craintes. Il n’a pas oublié que les Habsbourg l’ont évincé deux fois du trône de Pologne, mais il voit dans cette alliance l’occasion d’installer la paix en Europe. Il se trompe. Le 29 août 1756, le roi de Prusse Frédéric II
envahit la Saxe par surprise, avec la ferme intention de s’emparer de la Bohême et de fondre sur Vienne. Sa folie va entraîner les principales nations d’Europe dans le conflit. C’est le début de la guerre de Sept Ans.
La perte d’un ami très cher
Contraint de lever de nouveaux impôts pour financer la guerre, le roi met la France en ébullition. Le comte d’Argenson en sera l’une des premières victimes. Le 1 er février 1757, au même moment que le garde des Sceaux et ministre de la Marine Machault d’Arnouville
, il reçoit une lettre de cachet du roi, les priant de se retirer sur leurs terres [7] . Louis XV reproche notamment au ministre de la Guerre d’avoir commis de lourdes erreurs dans l’administration de Paris : il n’a pas assez surveillé le Parlement et s’est montré trop laxiste envers les soulèvements divers et la propagande séditieuse. De plus, ses intrigues avec la comtesse d’Estrades [8] ont agacé Louis XV. Et Madame de Pompadour, qui le déteste, s’est employée à lui asséner le coup de grâce.
En apprenant le renvoi de son cher « Cadet », Marie Leszczyńska est atterrée : « Il n’est pas possible que le roi ignore la tendresse personnelle qu’il a envers lui. Hélas, le pauvre homme m’en a souvent entretenu ! » Apparemment, la reine ne connaît pas les dessous de l’affaire. Elle est d’ailleurs incapable de répondre à Monsieur de Paulmy
, neveu et successeur du comte d’Argenson, qui l’interroge au nom de son oncle sur les raisons de sa disgrâce. Marie sait seulement qu’elle vient de perdre un ami fidèle. Elle exprime son chagrin au président Hénault
: « Que Dieu le conduise et lui donne toutes les consolations dont il a besoin ; ce ne sera qu’en Lui qu’il les trouvera ; je les Lui demande de tout mon coeur, et que son malheur ne soit pas long, je l’espère ! » Car la reine est convaincue que l’exil de « Cadet » ne peut durer longtemps : « Je ne cesse de prier le bon Dieu, mon cher président. Qu’Il console, qu’Il conserve et qu’Il fasse revenir. »
En fait, Marie ne reverra jamais le comte d’Argenson. Exilé dans sa terre des Ormes, en Poitou, il demandera plusieurs fois son rappel à Paris, chaque fois refusé. Malade, il renouvellera pourtant sa demande après la mort de la marquise de Pompadour, le 15 avril 1764. Le 17 juin, il recevra enfin une réponse positive de Saint-Florentin, l’autorisant à séjourner provisoirement à Paris, mais sans quitter la ville. Il y mourra le 21 août. Le même jour, le maréchal de Soubise s’apprêtait à lui remettre le pardon du roi.
Une grande tendresse pour la Pologne
En marge de son petit cercle d’amis, Marie Leszczyńska se ménage toujours un peu de temps pour recevoir d’autres amis : ses anciens compatriotes et tous les proches de son père. Depuis qu’elle a épousé le roi de France, les Polonais se rendent directement à Versailles pour être reçus par la reine. La plupart ont fait étape à Lunéville, le temps d’arracher à Stanislas la promesse d’obtenir par sa fille le tant convoité cordon bleu, signe d’appartenance à l’ordre du Saint-Esprit. Les uns sont des cousins ; les autres descendent d’anciens partisans du roi déchu, mais tous apportent des nouvelles de Pologne et de Lorraine. C’est l’occasion pour Marie de parler du pays dans sa langue maternelle,
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