Marie Leszczynska
marquise de Pompadour a su promouvoir son image de protectrice des arts et des lettres du règne de Louis XV, la reine l’a précédée dans son soutien aux artistes. En revanche, elle l’a fait sans ostentation et à la mesure de ses moyens, chichement dispensés par le cardinal de Fleury.
En 1735, pour le plafond de sa chambre, elle commande à François Boucher quatre grisailles représentant les Vertus , enserrées dans un magnifique encadrement de bois sculpté par Verberckt. Elle le sollicite encore pour deux tableaux illustrant les jeux de l’Enfance, point de départ d’une brillante carrière. À Charles Coypel, elle suggère les thèmes des tableaux de L’Ange gardien qui enlève au ciel Madame Troisième et L’Apothéose de Monseigneur le duc d’Anjou . Pour la reine, Coypel peint aussi La Salutation angélique, Sainte Geneviève en bergère ou encore Sainte Thaïs dans sa cellule . Après la mort de Madame Henriette
, en 1752, elle lui commandera le portrait d’une pénitente dans le désert, sous les traits de sa fille ; tableau destiné à son oratoire du couvent des Carmélites de Compiègne.
Pour son cabinet des Bains, elle confie à Natoire
le soin de peindre des scènes tirées des poésies pastorales de Fontenelle
. Quant à Vien, il reçoit des instructions très précises pour mettre en scène Saint Thomas apôtre prêchant les Indiens , puis Saint François-Xavier débarquant en Chine.
Après la disparition de son père, en 1766, la reine attirera les artistes lorrains à Versailles. Elle obtiendra même pour l’architecte Richard Mique
la charge de contrôleur des Bâtiments de la reine. Puis il succédera à Gabriel comme architecte du roi et bâtira le Petit Trianon. Elle incitera les peintres Jean Girardet et André Joly à s’installer à Paris, tout comme le paysagiste Charles-François Nivard, l’aquarelliste Alexis-Nicolas Pérignon et le peintre d’histoire François Balthazard. Sans oublier le miniaturiste François Dumont qui deviendra vite le portraitiste préféré de la cour.
Elle révolutionne les portraits officiels
En matière d’art, les mémorialistes du xviii e siècle ont passé sous silence une véritable révolution de palais signée Marie Leszczyńska ! Avec la discrétion qui la caractérise et l’éclipse trop souvent au profit de ses rivales, l’épouse de Louis XV a eu l’audace de bousculer la tradition des portraits officiels. Avant elle, les reines de France apparaissaient sur la plupart des tableaux avec une robe fleurdelisée, sous un manteau à longue traîne du même décor et bordé d’hermine, la coiffure rehaussée d’une petite couronne de joyaux. Marie Leszczyńska innove en se faisant immortaliser dans une simple robe de cour, le manteau fleurdelisé négligemment noué aux épaules et rejeté en arrière pour bien dégager la robe. La couronne, fermée, est posée près d’elle. Une vraie révolution ! Les peintres François Stiémart
, Alexis-Simon Belle, Pierre Gobert, Jean-Baptiste et Carle Van Loo sacrifient à cette nouvelle mode.
La reine va pousser la provocation encore plus loin : à sa demande, le pastelliste Maurice Quentin de La Tour, qui la connaît bien pour l’avoir déjà fait poser, la peint sous les traits d’une dame élégante mais vêtue comme une bourgeoise, tenant un éventail dans sa main. Coiffée d’une « marmotte » de dentelles noires, elle porte sur ses épaules un simple mantelet de chambre, ruché et franfreluché. Aucun motif n’identifie en elle la reine de France. Ce pastel reçoit un accueil triomphal au Salon de l’Académie royale de 1748. Il servira ensuite de modèle à Carle Van Loo pour son grand tableau de la reine, Marie ayant estimé « inutile de refaire ce qui est si bien réussi ».
En avril 1748, elle accepte de poser une dernière fois pour Jean-Marc Nattier. Là encore, elle souhaite apparaître en habit de ville, sans aucun attribut royal. Assise, le visage serein et la main posée sur le livre des Évangiles, Marie porte une robe de velours rouge bordée de fourrure, avec des noeuds de rubans rouges en guise de devant de corsage et de la dentelle fine au bas des manches. Elle est coiffée d’un bonnet de la même dentelle, retenu par une « marmotte » de dentelles noires. La reine dans toute sa simplicité, bien que Nattier n’ait pu s’empêcher de laisser entrevoir un tissu fleurdelisé sur son fauteuil.
Cette mode du portrait intimiste s’envolera
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