Marie Leszczynska
accompagnent le souverain. Derrière Louis XV apparaît le duc de Villeroy, capitaine des gardes ; le duc de Mortemart, premier gentilhomme, se tient à sa droite ; le duc de La Rochefoucauld, grand maître de la garde-robe, les suit.
Rayonnante, selon les mémorialistes, la reine arrive ensuite, conduite par le duc d’Orléans et le duc de Bourbon. À ses côtés : le marquis de Nangis
, son chevalier d’honneur, et le comte de Tessé
, son premier écuyer. Le duc de Noailles, capitaine de la première compagnie des gardes du corps, soutient la queue de son manteau, toujours portée par les trois princesses du sang. Chacune est accompagnée de deux seigneurs ; l’un lui donne la main, l’autre porte sa mante.
Interminable cérémonie
Au son des fifres et des tambours, le cortège pénètre dans la chapelle, drapée de velours bleu brodé d’or aux armes de France. Bancs et estrades sont tendus de velours violet fleurdelisé et le choeur a été recouvert de somptueux tapis persans. Des premiers rangs jusqu’aux balcons, édifiés pour la circonstance, aucune place n’est libre. La cour, les ministres, les ambassadeurs… tous sont présents !
Le roi et la reine s’agenouillent sur la haute estrade, sous un dais parsemé de fleurs de lis. Au même moment, le cardinal de Rohan quitte la sacristie en compagnie des évêques de Soissons et de Viviers, respectivement diacre et sous-diacre. Au salut du marquis de Dreux, Leurs Majestés s’approchent de l’autel.
Les paroles du cardinal de Rohan n’ont pas le même ton paternel qu’à Strasbourg. L’épopée aventurière du roi Stanislas cède la place à la gloire de feu le Roi-Soleil, au poids de son héritage et aux espérances de l’Église : « Dieu vous donne une princesse qu’il a formée selon son coeur et qu’il a remplie de sa crainte et de son amour ; en vous la donnant, il va répandre sur vous les bénédictions qui sont attachées aux mariages véritablement chrétiens. […] Puissiez-vous goûter ensemble les douceurs d’une union qui comble de joie vos sujets. Puisse le ciel la cimenter par une suite constante de prospérité ; puissions-nous, pour le bonheur de la France et pour le repos et la tranquillité du monde entier, voir naître bientôt des princes qui, héritiers de vos vertus, les transmettent à une glorieuse postérité. »
Après la bénédiction nuptiale, celle de la bague et des treize pièces d’or des épousailles, l’eau bénite offerte par le cardinal de Rohan et le livre des Évangiles à baiser, Louis et Marie se plient au rituel des cierges à poignées de satin blanc fleurdelisé, remis au cardinal en signe de soumission à l’Église. Enfin, l’évêque de Metz et l’évêque de Fréjus, l’omniprésent Fleury, tendent un poêle de brocart d’argent au-dessus des souverains agenouillés ; il symbolise l’union fidèle, sous la bénédiction du même toit.
La chaleur étouffante de cette chapelle, l’odeur de l’encens, le poids de son manteau et la longueur de la cérémonie ont raison des forces de la reine. Elle défaille un bref instant… mais le duc de Bourbon veille : il lui fait respirer un flacon d’eau de mélisse et le sourire de Marie renaît.
Après la signature du registre paroissial, le roi et la reine quittent la chapelle au son du Te Deum chanté par les musiciens de la chapelle du roi, pendant que les hérauts d’armes distribuent à l’assistance des médailles frappées en l’honneur du mariage. Dans le même ordre qu’à l’arrivée, le cortège royal regagne les appartements royaux où Louis XV et Marie Leszczyńska quittent enfin leurs habits de cérémonie pour dîner au grand couvert. « Les princes et les princesses du sang mangèrent avec Leurs Majestés, précise Pöllnitz
. Tout cela était fort beau, mais la salle était trop petite. On y étouffait et les trois quarts des personnes ne purent entrer. »
C’est aussi le moment pour la reine d’ouvrir sa corbeille remplie de magnifiques présents, bijoux, médaillons, pendeloques et boîtes précieuses, qu’elle doit distribuer aux princesses, aux dames du palais et à tous ses serviteurs. En puisant dans ce trésor qu’elle distribue joyeusement, Marie ne peut s’empêcher d’ironiser : « Voilà la première fois de ma vie que je peux faire des présents. »
Les festivités se poursuivent par une promenade en calèche autour du grand canal, occasion pour la reine de découvrir le château
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