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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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coupant court à la tristesse de la séparation.
    Troublée, Marie contemple le spectacle de son propre cortège qui serpente lentement. En tête : les carrosses et les fourgons du duc d’Orléans et du duc d’Antin ; ils précèdent toujours Sa Majesté afin de l’accueillir à chaque halte. Ils sont accompagnés des carrosses des médecins de la Faculté et du duc de Noailles, suivis des pages du roi à cheval. Vient ensuite le carrosse de la reine, escorté de quatre exempts [2] à cheval ; puis les gardes du corps et les Cent-Suisses. Les carrosses de la cour et du service ferment le convoi, avec leurs nombreux chariots et équipages.
    Rocambolesque voyage vers Fontainebleau
    Le cortège est si long qu’il s’étire sur plus d’une lieue ; de plus, il avance difficilement sur des chemins défoncés par les pluies diluviennes qui noient les campagnes depuis trois mois. Partout les récoltes sont compromises et les paysans se plaignent. Dans chaque village, Marie distribue des aumônes et chacun repart rassuré, convaincu que le passage de la reine de France annonce le retour des beaux jours.
    La pluie cesse pour l’arrivée à Metz, à la lueur des flambeaux. Malgré l’heure tardive, plus de dix mille personnes assistent à l’entrée solennelle de la reine, escortée du régiment d’Orléans-Cavalerie. Les rues illuminées, aux façades tendues de tapisseries, conduisent à la cathédrale où Marie se rend au son des fanfares et des vivats de la foule. Elle y entend un Te Deum avant de se retirer à l’hôtel du Gouvernement. Metz est une étape politique, destinée à honorer la capitale de la généralité qui réunit les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun depuis 1648. Voisine des duchés lorrains, la généralité monte la garde aux frontières du royaume de France. La reine y reste deux jours, pendant lesquels vont se succéder feux d’artifice, illuminations, concerts, cavalcades et réceptions.
    Il est temps de reprendre la route. Les étapes se succèdent avec le même accueil chaleureux. À Châlons, où les députés de Reims l’attendent avec de grandes corbeilles remplies de vins de Champagne, Marie reçoit un portrait de Louis XV serti de diamants.
    À mesure que le cortège se rapproche de Fontainebleau, les intempéries redoublent de violence. Les chemins défoncés retardent l’arrivée à Sézanne ; et les difficultés empirent avant Provins, où la reine loge au couvent des bénédictines. Le trajet jusqu’à Montereau n’est guère plus aisé. Il suffit d’un fourgon qui s’enlise ou verse pour bloquer tout le convoi. Le carrosse de la Faculté gît dans un fossé, essieu brisé. Voulant quitter le sien, enlisé dans une prairie, le duc d’Antin s’est planté dans la boue jusqu’aux genoux. Mais le pire survient à quelques lieues du but, quand tous les carrosses s’embourbent !
    Prévenu de cette catastrophe à Montereau où il attend la reine, Monsieur le Duc dépêche aussitôt des chaises de poste, des flambeaux et des vivres aux malheureux naufragés de la glaise. Portée jusqu’à la berline de Mademoiselle de Clermont, plus légère que les carrosses, Marie parvient peu avant minuit à Montereau, épuisée mais plutôt amusée par cet épisode rocambolesque. Sans lui laisser le temps de souffler, le duc de Bourbon présente à la reine les secrétaires d’État et la délégation de la cour venus l’accueillir.
    Première rencontre avec Louis XV
    Le lendemain matin, Marie est présentée à Monsieur de Fleury, évêque de Fréjus. Elle connaît la place essentielle qu’occupe ce prélat auprès du roi. On lui a longuement expliqué son rôle de précepteur de Louis XV. Certains l’ont fait avec respect ; d’autres, comme Madame de Prie, ont laissé paraître leur antipathie pour ce prélat dont on dit qu’il mène le royaume. Émue, impressionnée, Marie s’efforce de trouver les bonnes paroles pour ce premier contact avec Fleury qui inaugure sa charge de grand aumônier de la reine en la recevant à l’église collégiale.
    Après le dîner, elle quitte Montereau dans son habit de noce de Strasbourg, en direction du lieu dit Froidefontaine. C’est là que le roi a choisi d’attendre son épouse. La pluie a cessé de tomber et un arc-en-ciel de bienvenue illumine le ciel. Une foule impressionnante guette les carrosses. Le baron prussien Charles-Louis de Pöllnitz
, voyageur infatigable et témoin privilégié de cette entrevue, écrit dans

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