Marie Leszczynska
sa correspondance : « Les deux carrosses du roi et de la reine, étant à vue l’un de l’autre, avancèrent au trot quelques pas, puis arrêtèrent. Leurs Majestés mirent pied à terre et s’avancèrent l’un vers l’autre marchant sur des tapis dont la terre était couverte. La reine, étant près du roi, se mit à genoux sur un carreau de velours bleu parsemé de fleurs de lis d’or. Le duc d’Orléans et le duc de Bourbon la relevèrent. Le roi la salua mais ne lui dit rien. Les princes et les princesses la saluèrent aussi et en furent reçus avec un air de douceur, de bonté et de modestie qui prévint toute la cour en sa faveur [3] . »
Barbier – qui n’assistait pas à la rencontre ! – ajoute que le roi embrassa Marie sur les deux joues avec vivacité. Aucun témoin n’accrédite cette thèse et Pöllnitz
ne parle pas de cet élan inattendu, probablement né de ragots enjolivés par l’imagination de l’avocat parisien. C’est pourtant le récit de Barbier qui sera repris, plus tard, par les Goncourt et par les biographes de Marie Leszczyńska.
Le roi et la reine montent ensuite dans le même carrosse, en compagnie de la duchesse d’Orléans
, de la duchesse douairière de Bourbon, mère de Monsieur le Duc, de la princesse de Conti et de Mademoiselle de Charolais. Avant de regagner Fontainebleau, le roi doit conduire Marie au château des Rohan, à Moret, où elle passera la nuit. En chemin, il offre à la reine le spectacle d’une chasse au vol.
À Moret, Mademoiselle de Clermont présente à la reine les dames du palais qui n’ont pas été du voyage à Strasbourg. Le duc de Bourbon est reçu en audience particulière, puis la soirée s’achève par un souper au grand couvert, au son des hautbois. Le lendemain, Monsieur le Duc écrit à Stanislas pour le rassurer : « L’entrevue s’est faite avec toute la satisfaction possible de la part du roi. Sa joie a éclaté, il a été longtemps avec elle d’une gaieté inexprimable et tout m’annonce son parfait contentement. »
Le grand jour est arrivé
Au matin du 5 septembre, Marie est conduite à Fontainebleau. Elle gagne aussitôt l’appartement royal où Louis XV vient la saluer, avant de l’abandonner à sa toilette. L’accommodement pour la cérémonie dure plus de trois heures, au milieu d’une foule de courtisans qui vont, viennent et s’inclinent devant la jeune reine tout en l’observant du coin de l’oeil. La timidité de Marie est mise à rude épreuve. À son tour, le duc de Bourbon vient saluer sa protégée, suivi de Monsieur de Turmenie de Nointel, garde du trésor royal, qui dépose sur la toilette de la reine deux bourses remplies de pièces d’or. Puis, le duc de Mortemart, premier gentilhomme de la chambre du roi, se présente ; il précède l’intendant de l’argenterie et des Menus Plaisirs. Tous deux viennent offrir, au nom du roi, une splendide couronne de diamants fermée par une double fleur de lis.
La reine revêt une jupe de velours violet, bordée d’hermine et semée de fleurs de lis d’or ; le devant ainsi que le corsage sont couverts de pierreries et les manches agrafées de diamants. Le grand manteau royal, du même velours fleurdelisé, recouvre ses épaules pour retomber en une longue traîne de neuf aunes (plus de onze mètres). Elle sera portée par trois princesses du sang : la duchesse douairière de Bourbon, la princesse de Conti et Mademoiselle de Charolais. Aussitôt habillée, Marie rejoint Louis XV dans le grand cabinet. Sur un habit de brocart d’or, le roi porte un manteau de points d’Espagne d’or et un énorme diamant relève le bord de son chapeau à plumes blanches.
Musique en tête, le cortège royal traverse la galerie François I er entre une haie de gardes du corps pour se rendre à la chapelle. Les Cent-Suisses, en habit de cérémonie et hallebarde à la main, précèdent le marquis de Dreux, grand maître des cérémonies, suivi des hérauts d’armes. Viennent ensuite les chevaliers du Saint-Esprit avec, à leur tête, l’abbé de Pomponne, le marquis de Breteuil et le comte de Maurepas, grands officiers de l’ordre. Le comte de Charolais, le comte de Clermont et le prince de Conti marchent seuls. Dans le cortège, les masses des deux huissiers de la chambre et l’épée du marquis de Courtenvaux, capitaine des Cent-Suisses, annoncent le roi. Le prince Charles de Lorraine, grand écuyer, et le commandeur de Beringhen, premier écuyer,
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