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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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de Fontainebleau qui se mire dans les eaux assoupies. Elle assiste ensuite au spectacle des comédiens français qui jouent Amphitryon et Le Médecin malgré lui de Molière, avant le souper en grand apparat.
    Le roi est amoureux, Marie aussi…
    La journée devait s’achever par un feu d’artifice. Mais l’apothéose féerique ne va pas faire long feu, par la faute d’un vent violent qui mouche girandoles et fusées dès leur mise à feu. Ce contretemps sert l’impatience de Louis XV, pressé de se retrouver seul avec son épouse. Il s’éclipse pour se plier rapidement au cérémonial du coucher et se glisse un bref instant dans son lit… avant d’être conduit dans celui de la reine par Monsieur le Duc, Monsieur de Mortemart, Monsieur de La Rochefoucauld et le maréchal de Villars. Il est vingt-deux heures lorsque le quatuor referme la porte sur l’intimité des jeunes mariés.
    Le lendemain, la mine réjouie de Louis et Marie ne laisse aucun doute sur la réussite de cette nuit de noces. « Ils montraient l’un et l’autre une vraie satisfaction de jeunes mariés », raconte le maréchal de Villars. La cour commente l’événement pendant que Monsieur le Duc s’empresse d’écrire à Stanislas pour lui annoncer que la reine a reçu du roi « sept preuves de tendresse pendant la nuit. C’est le roi lui-même qui, dès qu’il s’est levé, m’a envoyé un homme de sa confiance et de la mienne pour me le dire et qui me l’a répété lui-même en s’étendant sur la satisfaction qu’il avait de la reine ». Et, selon Villars, « les nuits suivantes furent à peu près égales ».
    Tant de passion et d’empressement ne sont pas du goût de Fleury qui s’inquiète pour la santé de son jeune roi de quinze ans, au point d’imaginer des « nuits de jeûne ». Marie n’apprécie guère et rétorque que « pour avoir un dauphin, il faut s’en donner les moyens ». De toute évidence, la petite princesse polonaise a su conquérir le coeur de son prince charmant. Le roi est amoureux et n’hésite pas à le montrer. Rompant avec sa période d’enfant timide et silencieux, il coupe ses cheveux pour prendre perruque et devient un jeune homme affectueux et empressé qui n’hésite pas à entraîner la reine dans le tourbillon des fêtes, des spectacles, des chasses et des hommages. De nombreuses délégations viennent de Paris pour défiler devant elle en débitant des harangues pompeuses. Qu’ils soient hauts magistrats, représentants du clergé, membres de l’Académie française ou harengères de la halle, ils reçoivent toujours un accueil gracieux de la reine.
    La tête sur les épaules
    À la cour, tout le monde veut rencontrer la jeune reine. Même Voltaire qui confie à Madame de Bernières : « C’est ici grand bruit, un fracas, une presse, un tumulte, épouvantables. Je me garderai bien, dans ces premiers jours de confusion, de me faire présenter à la reine ; j’attendrai que la foule soit écoulée et que Sa Majesté soit revenue de l’étourdissement que tout ce sabbat doit lui causer. » En réalité, l’auteur brûle d’être reçu. Il fait relier un exemplaire de sa pièce Mariamne dans un beau maroquin et l’adresse à Marie Leszczyńska, accompagné d’un hommage en vers aussi flatteur pour le père que pour la fille :
    « Fille de ce guerrier qu’une sage province
    Éleva justement au comble des honneurs
    Qui sut vivre en héros, en philosophe, en prince,
    Au-dessus des revers, au-dessus des grandeurs,
    Du ciel qui vous chérit la sagesse profonde
    Vous amène aujourd’hui dans l’empire français
    Pour y servir d’exemple et y donner des lois.
    Daignez m’encourager d’un seul de vos regards,
    Et songez que Pallas cette auguste déesse
    Dont vous avez le port, la beauté, la sagesse,
    Est la divinité qui préside aux beaux-arts. »
    Ce texte de courtisan fait mouche. Voltaire est présenté à la reine qui lui parle de La Henriade et fait jouer ses pièces. « J’ai été très bien reçu par la reine, écrit-il à tous ses proches. Elle a pleuré à Mariamne , elle a ri à L’Indiscret  ; elle me parle souvent et m’appelle mon pauvre Voltaire  ! » Apparemment, l’opportuniste Voltaire a déjà oublié qu’il se gaussait, trois mois auparavant, de la pauvre « mademoiselle Lesinzka ».
    Mais Marie garde en mémoire les conseils de Stanislas. Elle n’est pas dupe de toutes ces belles paroles. Comme par le passé, elle se confie à

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