Marie Leszczynska
illuminés qui se livrent à des transports prophétiques et des convulsions. En 1732, un édit royal fait fermer le cimetière, provoquant le mécontentement des admirateurs de Pâris
.
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Fils d’un médecin allemand calviniste du Palatinat qui a débuté sa carrière aux Pays-Bas avant de s’installer à Paris, Jean Helvétius
(1685-1755) occupe la charge de médecin de la reine. Il est le père du philosophe qui deviendra maître d’hôtel de la reine, en dépit de ses idées antireligieuses.
VII
UNE DOT INATTENDUE : LA LORRAINE
E
n ce début d’année 1733, Stanislas Leszczyński ne peut être aussi triste que Marie. Certes, il partage le désarroi de sa fille après la mort de ses deux petits-enfants, mais son esprit est ailleurs : le pensionnaire de Chambord songe à un retour triomphal en Pologne ! Son pire ennemi, Auguste II, s’est éteint le 1 er février 1733, rongé par la gangrène. Et le nom de Stanislas I er circule à nouveau dans les cercles politiques de Varsovie, d’autant qu’il n’a jamais abdiqué. À cinquante-cinq ans, Stanislas est usé par des années d’errance et d’excès. Il souffre de problèmes intestinaux et circulatoires aggravés par une obésité chronique, conséquence d’une gourmandise insatiable. Mais le beau-père de Louis XV ne peut s’empêcher de rêver, en dépit de la promesse faite à Marie, lors de son mariage, de ne plus s’intéresser à la Pologne afin de ne pas gêner la diplomatie de son gendre.
En 1727, la nomination comme secrétaire d’État aux Affaires étrangères de Chauvelin, qui était aussi garde des Sceaux, lui avait déjà donné quelques espoirs. D’une ambition dévorante, ce disciple de Fleury nourrissait alors des intentions belliqueuses à l’égard de l’Autriche et songeait à rétablir Stanislas sur le trône de Pologne. Si l’esprit offensif de Chauvelin enthousiasma le parti belliciste de la cour, il inquiéta le cardinal de Fleury qui enterra aussitôt les projets de son ministre.
La signature des traités de Vienne, en 1731, avait rétabli une paix fragile dans les États européens, mais les vieilles rancoeurs couvaient toujours sous la cendre. En 1732, l’Autriche, la Russie et la Prusse s’étaient liées par le traité secret des « trois aigles noires » [1] pour installer un infant du Portugal sur le trône de Pologne, à l’heure de la succession d’Auguste II. Elles excluaient nommément son fils Frédéric-Auguste, électeur de Saxe, ainsi que Stanislas Leszczyński.
Stanislas hésite, Louis XV aussi...
Au lendemain de la disparition d’Auguste II, le marquis de Monti, ambassadeur de France à Varsovie, se met aussitôt en campagne pour rallier les partisans de Stanislas I er , avec l’appui logique de Chauvelin. Mieux : le ministre reçoit le soutien inattendu de Versailles qui préférerait pour Louis XV un beau-père régnant plutôt qu’un souverain en exil. Mais Stanislas hésite : « Je connais les Polonais, écrit-il à Marie, je suis sûr qu’ils me nommeront ; mais je suis sûr aussi qu’ils ne me soutiendront pas. »
Pour Chauvelin, pas question de tergiverser ; et pourquoi se porter candidat puisque Stanislas I er n’a jamais abdiqué ? Ce trône lui appartient ! Il dépêche aussitôt à Chambord un émissaire chargé d’effacer toutes les réticences et de préparer le départ pour la Pologne. Une fois de plus, le cardinal de Fleury ne partage pas l’enthousiasme de son ministre. Il n’apprécie guère le père de la reine et redoute que sa candidature entraîne une nouvelle crise européenne. Mais il est déjà trop tard, car l’annonce du possible retour en lice de Stanislas a convaincu l’Autriche et la Russie d’oublier le traité secret de 1732 et de soutenir Frédéric-Auguste contre lui. Les dés sont ainsi pratiquement jetés pour le candidat supposé de la France, avant même qu’il n’ait pris une décision.
De son côté, Monti demande quatre millions de livres à Versailles pour organiser la campagne électorale du beau-père de Louis XV. Mesquin, Fleury accorde trois cent mille livres. Monti insiste et finit par obtenir trois millions de livres du banquier Samuel Bernard. Il réclame aussi la présence de Stanislas à Varsovie, craignant que Frédéric-Auguste ne débarque un beau matin pour se faire acclamer.
Finalement, le 27 avril 1733, Louis XV prend position en multipliant les précautions oratoires. À mots couverts, il donne
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