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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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Marie se remet rapidement de ses couches. Elle reçoit ses parents qui logent pour la première fois à Trianon, déserté depuis la visite de Pierre
le Grand ; Louis XV songe d’ailleurs à l’offrir à la reine. Stanislas est très fier de ses petits-enfants : les princesses sont ravissantes et le dauphin affiche une santé digne des Leszczyński. Marie n’a jamais été aussi heureuse et Louis XV rayonne, lui aussi. Pour le prouver, il offre à son épouse un magnifique nécessaire de toilette réalisé par l’orfèvre Germain.
    Un an plus tard, le 30 août 1730, Marie donne naissance à un petit Philippe, duc d’Anjou. Nouvelles libations, nouvelles cérémonies. Le roi retrouve Paris pour un Te Deum et Barbier commente : « En vérité, un second fils est une grande assurance pour le royaume. » Cette année-là, pour remercier Marie d’avoir assuré la dynastie, Louis XV commande à Alexis-Simon Belle un portrait de la reine avec son dauphin Louis sur ses genoux. Marie sourit à peine, mais son regard exprime la sérénité d’une maternité comblée.
    Le 23 mars 1732, elle accouche d’une quatrième fille, Adélaïde
. « Encore une princesse », murmure la cour. Point de festivités ni de Te Deum pour ce nouveau-né arrivé avant la date prévue…
    Depuis la naissance des deux garçons, la reine est devenue intouchable. Elle a pris de l’assurance et devrait se montrer optimiste, mais elle pressent qu’une page heureuse vient de se tourner. Car le couple royal a doucement glissé dans une vie monotone, rythmée par les grossesses et les accouchements de Marie. Ses médecins exigent désormais trois mois d’abstinence avant la naissance et trois mois après. Durant six mois, elle se tient donc éloignée du roi, ne participe ni aux divertissements de la cour ni aux chasses. Encore moins aux séjours à Marly, Compiègne ou Fontainebleau ! Pareil régime met à rude épreuve la fidélité d’un époux de vingt ans. Elle se doute bien que le roi se divertit ailleurs. Et il est fort possible qu’un jour de découragement, elle ait laissé échapper cette phrase, entrée dans la légende grâce au marquis d’Argenson : « Toujours coucher, toujours grosse, toujours accoucher ! »
    1733 : l’année terrible
    Les pressentiments de Marie Leszczyńska vont se révéler exacts avec l’année 1733 qui lui apporte ses premiers malheurs de mère. Tout commence par un rhume. « Il a été général, précise Barbier. Il n’a pas laissé que d’emporter bien du monde, et le commencement de cette année a été d’une très bonne récolte pour les médecins, les chirurgiens et les prêtres. »
    Âgée de cinq ans, Madame Troisième prend froid en février, ce qui est de saison. Très vite, la santé de la petite princesse empire, en dépit des soins prodigués par un dénommé Bouillac, promu médecin des enfants de France. Pour faire baisser la fièvre, le praticien ordonne de saigner l’enfant au bras, puis trois fois au pied. À chaque opération, on retire trois palettes de sang ! Il complète ce traitement de cheval par l’administration d’un émétique et la pose de ventouses. En vain. L’aumônier du roi, l’abbé de Gallerave, s’empresse de la baptiser. Il était temps, car Louise Marie rend son dernier soupir le 19 février. « On ne portera pas le deuil, explique Barbier. Il faut pour cela que les princesses de France aient sept ans. On dit que c’était la plus jolie et que le roi et la reine ont été très touchés de cette mort. »
    Marie est enceinte de sept mois lorsqu’elle perd Madame Troisième. Moins de deux mois plus tard, le 7 avril, c’est le petit duc d’Anjou qui succombe à son tour à des convulsions. Depuis une dizaine de jours, il avait été retiré de l’aile des Princes pour éviter une éventuelle contagion avec son frère et ses soeurs. On l’avait installé au rez-de-chaussée, dans l’appartement du comte de Charolais, plus accessible pour la reine qui pouvait ainsi lui rendre visite quotidiennement. Les médecins ne s’alarmaient pas sur l’état de ce charmant bambin de deux ans et sept mois, mais Marie demeurait soucieuse et dormait très mal. Une nuit, raconte Villars qui tient ce récit de la bouche de Louis XV, « étant couchée avec le roi, son impatience l’a fait sortir de son lit pour faire ouvrir une fenêtre, qui donnait sur celles de la chambre de Monsieur le Duc d’Anjou, à portée desquelles était un

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