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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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quitte discrètement Königsberg pour rallier le château de Meudon, le 4 juin 1736.
    Le patriarche des Leszczyński est profondément heureux de retrouver sa « chère Marie » après trente-trois mois de séparation. Il découvre enfin ses deux nouvelles petites-filles, la princesse Sophie et la petite dernière, Thérèse-Félicité
, née le 16 mai 1736. Il peut enfin cultiver l’art d’être grand-père. Que de changements en trois ans ! Les jumelles, du haut de leurs neuf ans, n’ignorent plus rien de la sacro-sainte étiquette. Prenant leur rôle d’aînées au sérieux, elles tempèrent les élans joyeux d’Adélaïde
et de Victoire
. Quant au dauphin, c’est un petit prince instruit, têtu, imbu de sa personne, mais tellement attachant ! Le grand-père adore leurs tête-à-tête ; notamment quand il lui raconte les histoires fantastiques de ces guerriers Sarmates qui ont forgé la vieille Pologne.
    Muselé par son gendre
    Entre les plaisirs familiaux et les fêtes, le temps s’écoule si agréablement à Meudon que Stanislas en oublie la Lorraine. Pourtant, le 28 août 1736, une convention de dix-sept articles réglant les conditions de cession des duchés est signée à Vienne. Bien que largement dédommagé, François de Lorraine tarde à signer les actes qui le dépossèdent. Il s’exécutera le 13 février 1737. Entre-temps, Louis XV et Fleury ont préparé dans le plus grand secret le scénario du rattachement de la Lorraine à la France. Soucieux de museler ce beau-père encombrant et imprévisible, ils ont conçu un plan d’intégration des duchés qui dépouille, en réalité, le roi de Pologne de tous les attributs de la souveraineté !
    Le 30 septembre 1736, Stanislas est contraint de signer une déclaration secrète, dite « Convention de Meudon », par laquelle il renonce à tout pouvoir politique sur les duchés et laisse leur gouvernement à un intendant. Ce dernier porte exceptionnellement le titre de chancelier et prend directement ses ordres à Versailles. En signant ce document, Stanislas abandonne toute prétention sur les duchés et les confie au roi de France qui « s’en met en possession dès maintenant et pour toujours ». En dédommagement, il recevra une pension annuelle de deux millions de livres.
    Conclusion royale pour le père et la fille
    Stanislas Leszczyński est installé dans son rôle de figurant le 3 avril 1737. Il jouit d’un titre royal, de finances confortables, dispose d’une garde et peut s’entourer d’une cour. Mais les premiers temps sont difficiles pour cet homme de cinquante-neuf ans, fatigué, marqué par les échecs politiques et plutôt mal accueilli en Lorraine. Toutefois, il va très vite comprendre l’attrait de son rôle : pendant que son chancelier, Chaumont de La Galaizière, se rend impopulaire en faisant appliquer les lois de Versailles, le roi de Pologne peut jouer les médiateurs. Par son intelligence et son humanité, il saura tranquillement gagner le coeur des Lorrains qui en feront le plus heureux des rois en le surnommant « le philosophe bienfaisant ».
    À Versailles, Marie en a longtemps voulu à Louis XV et, surtout, au cardinal de Fleury d’avoir maquillé leurs véritables intentions. Elle souffrait aussi d’avoir été bernée en plaidant une cause perdue de longue date, puisque les cartes étaient déjà distribuées. Quelle désillusion ! Mais, au fil des mois, elle oubliera ses rancoeurs et finira par se réjouir de l’issue heureuse de cet imbroglio polonais qui rend sa dignité au roi Stanislas. Désormais, quand ses parents lui rendront visite, ils logeront à Trianon et seront reçus selon leur rang. C’est un privilège qu’aucune reine de France n’a connu avant elle. Elle sait aussi reconnaître la valeur du cadeau que lui offre Louis XV : en faisant de la Lorraine sa dot, il confère à Marie une légitimité que la petite princesse sans le sou de Wissembourg n’aurait osé imaginer.
    1 -
    L’aigle figure sur les blasons de ces trois puissances.
    2 -
    En 1703, l’empereur Léopold I er  avait imposé à ses deux fils, Joseph et Charles, un accord secret de « succession mutuelle » : au cas où l’un des deux frères disparaîtrait sans héritier mâle, la totalité de l’héritage irait à l’autre. Devenu empereur, Charles VI fait enregistrer cette déclaration dite « Pragmatique Sanction », le 19 avril 1713, qui règle la succession des Habsbourg au trône

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