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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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prouve que Louis XV n’a pas déserté la couche royale. Il soupe parfois avec elle et lui témoigne toujours son affection. Au début, sa liaison avec Madame de Mailly
se limite apparemment à quelques rencontres épisodiques, car Louis XV culpabilise terriblement. Écartelé entre la honte et le désir, il fait des efforts pour ignorer sa maîtresse.
    Comme tous les Bourbons, il a été éduqué à la religion de la Contre-Réforme. Initié par le catéchisme du concile de Trente qui met l’accent sur la morale sexuelle, Louis XV en a parfaitement compris les leçons. Mais le roi les interprète avec la rigueur d’un esprit scrupuleux. Il sait, par exemple, que le rite du toucher des écrouelles, qui fait du Roi Très Chrétien un roi thaumaturge, ne peut s’accomplir qu’après s’être préparé par la confession et la communion. La tradition veut qu’il communie cinq fois l’an, à Pâques, Pentecôte, Toussaint, Noël et à l’une des fêtes de la Vierge (le 15 août ou le 8 septembre), parfois remplacée par la Saint-Louis, le 25 août. Depuis son sacre, en 1722, Louis XV s’était consciencieusement plié à ces rites. Les premiers accrocs dans ses devoirs de Roi Très Chrétien se situent à Noël 1733, Noël 1734 et à la Toussaint 1735. Preuve que les périodes d’infidélité ne durent pas et que Louis XV, sermonné par son confesseur, le père de Linières
, revient chaque fois à la vie conjugale. Ainsi naissent Victoire
en 1733, Sophie
en 1734 et Thérèse-Félicité
en 1736 ; sans compter la fausse couche de Marie en 1735.
    Madame Dernière
 !
    Au printemps 1737, le roi Stanislas et Catherine Opalinska quittent Meudon pour prendre possession des duchés de Lorraine, abandonnant Marie enceinte à ses angoisses et à ses pleurs. En digne descendante des Leszczyński, la reine réagit face au malheur en priant pour deux. Elle ne manque à aucun de ses devoirs religieux, respectueuse des jeûnes et pénitences, attentive aux sermons, recueillie au cours des offices ; et si douce quand elle lave les pieds de treize petites filles pauvres, le jour du Jeudi saint. Pareille dévotion n’apaise pas les tortures de l’incertitude. Et lorsque Louis XV lui fait passer un billet, dans la nuit du Lundi gras, pour l’informer qu’il se rend incognito et en grand secret au bal de l’Opéra, elle se pose mille questions sur cette équipée nocturne.
    Aux premières douleurs de la reine, ce roi paradoxal redevient un tendre époux. Le 15 juillet 1737 à 21 heures, Marie donne naissance à… une huitième fille ! Elle sort épuisée de cet accouchement long et douloureux. Auprès d’elle, le roi prend la main qu’elle lui tend tout en murmurant faiblement : « Je voudrais souffrir encore autant et vous donner un duc d’Anjou. » La duchesse de Luynes [1] , présente au chevet de la reine, ajoute que Louis XV l’a consolée avec une grande tendresse.
    Le caustique marquis d’Argenson n’assistait pas à l’accouchement, mais il en propose une version plus cinglante. Il prétend qu’à l’annonce de la naissance, on a demandé au roi s’il fallait appeler le bébé « Madame Huitième
 ». Louis XV aurait répondu : « Madame Dernière
 ! » Et le marquis de conclure « que la pauvre reine va être bien délaissée ». La formule du marquis fait aussitôt le bonheur des gazetiers, en mal de qualificatifs désobligeants pour cette reine qui peine tant à mettre des garçons au monde ! C’est aussi le cas de Barbier, enflammé : « Elle a le ventre furieusement disposé de ce côté-là ; en voilà bon nombre. Le Français politique est alarmé de n’avoir qu’un Dauphin bien jeune, et un roi qui fatigue beaucoup son tempérament. »
    Mais nul ne saura jamais si « Madame Dernière
 » est née de l’imagination agressive du marquis d’Argenson ou des regrets de Louis XV…
    Marie connaît sa rivale, Paris aussi…
    À l’automne 1737, Marie n’ignore plus le nom de sa rivale. Elle est atterrée d’apprendre de la bouche de Madame de Mazarin, la propre tante de Madame de Mailly
, qu’il s’agit de l’une de ses dames du palais. À Versailles, les langues se délient et les confidences vont bon train : chaque fois que le roi sort ou revient de souper dans ses petits appartements, il passerait deux heures dans ses garde-robes, où l’on affirme que Bachelier lui amène Madame de Mailly
. En novembre, Barbier ose écrire : « Il y a longtemps que

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