Marie Leszczynska
chambre, pour la première fois de l’année.
1 -
Marie Brûlart de Sillery, duchesse de Luynes
, est la seconde épouse du duc Charles Philippe d’Albert, duc de Luynes, rendu célèbre par ses Mémoires sur la cour de Louis XV (1735-1758). Le 18 octobre 1735, elle a repris la charge de dame d’honneur abandonnée par la duchesse de Boufflers.
2 -
Cette chanson, composée vers la fin du xvii e siècle, fait allusion à un capucin paillard qui a oublié sa béquille chez les filles de joie.
IX
LE NAUFRAGE DU COUPLE ROYAL
À
la fin du printemps 1738, la cour prépare son départ pour Compiègne. Habituellement, Marie Leszczyńska se réjouit de ces six semaines en communauté réduite, loin de la foule habituelle des courtisans. Mais, cette fois, elle a décidé de ne pas quitter Versailles. Le roi, ses amis et sa maîtresse prendront la route sans elle. La présence de Madame de Mailly n’est pas la vraie raison de son renoncement. En réalité, la reine est fatiguée ; à trente-cinq ans, elle pressent une nouvelle grossesse qu’elle veut mener sagement, consciente que son organisme a été ébranlé par les dernières.
Sa grossesse est confirmée dès le mois de juillet. Elle prévient aussitôt Louis XV qui accueille avec enthousiasme ce nouvel espoir de mettre au monde un petit duc d’Anjou. Quelques jours plus tard, la reine rend visite à Madame de Mazarin qui possède une petite maison sur les hauteurs de Saint-Cloud, au lieu dit Montretout. Marie est sereine. Elle en oublie ses règles de prudence et s’offre le plaisir d’une longue promenade à pied, comme jadis avec sa grand-mère dans les forêts de Wissembourg. La soirée se prolonge fort tard, en agréable compagnie…
Quand elle regagne Versailles, la reine se sent mal. Les médecins accourent à son chevet et constatent que ses espoirs de maternité se sont envolés. La trop longue promenade et la trop longue journée ont eu raison de sa santé. Plus grave : après un examen approfondi, les médecins concluent qu’elle doit désormais éviter toute grossesse, car sa vie en dépend !
Le pire des mensonges
Le verdict est catastrophique pour Marie. Non seulement elle vient de détruire tout espoir de mettre un nouveau garçon au monde, mais elle craint la réaction du roi. Se sentant fautive d’avoir cédé à la joie d’une banale promenade, elle préfère taire son imprudence et le verdict de la Faculté. À la peur d’une remontrance s’ajoute le souci d’éviter des ennuis aux dames de sa suite, coupables de ne pas avoir correctement veillé sur elle. Par crainte mais aussi par lâcheté, car elle n’a toujours pas le courage d’affronter Louis XV, Marie décide de cacher la douloureuse réalité à son époux. Elle se contente de lui annoncer que son espoir de maternité s’est envolé. Le roi est déçu mais demeure confiant pour l’avenir.
À son retour de Compiègne, Louis XV, apparemment ravi de retrouver son épouse, se présente à la porte de sa chambre. Conformément aux ordres de la Faculté, celle-ci reste désespérément close. Incompréhension du roi qui finit par apprendre la vérité de la bouche des médecins. La nouvelle le bouleverse : à vingt-huit ans, il ne peut accepter de mettre un terme à la procréation royale, d’autant que la lignée n’est pas assurée avec un seul héritier mâle. À la stupéfaction succède la colère : pourquoi la reine lui a-t-elle menti ? Pourquoi a-t-elle caché plusieurs semaines une vérité qu’il ne pouvait manquer d’apprendre ? Le roi est blessé par ce terrible manque de confiance, mais il n’obtiendra pas d’explication. La reine le fuit et sa porte demeure désespérément close.
L’attitude de Marie va immédiatement se retourner contre elle. Le roi est bouleversé, incapable de raisonner sereinement et il en veut terriblement à son épouse. En bousculant ses convictions, la crise l’incite aussi à balayer ses principes.
Le roi s’affiche avec sa comtesse
C’est le moment où il commence à s’afficher avec sa maîtresse. « La chose est publique », écrit Barbier alors que les courtisans remarquent que le roi rougit en entendant prononcer son nom. D’ailleurs, il y a déjà deux ou trois mois que Madame de Mailly
assiste à la plupart des soupers des cabinets qui n’ont lieu que les jours de chasse. Le roi y reçoit sa joyeuse bande de fêtards pour des soirées au vin de Champagne. La table est succulente, pleine de
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