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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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nous
est venu en un rêve, gloussa Elichéba en clignant des yeux vers Ruth.
    — Moi,
je le dis, renchérit Zacharias avec le plus grand sérieux, c’est un ange de Dieu
qui m’a poussé à faire cet enfant. Un ange qui m’a déclaré : « C’est
la volonté de Dieu, tu seras père. » Et moi, plein d’orgueil, j’ai
protesté, je lui ai répondu que c’était impossible. « Tu n’es pas si
vieux, Zacharias. Et ton Elichéba est presque jeune si tu la compares à la
Sarah d’Abraham. Ils étaient plus vieux que vous deux, beaucoup plus. »
    — En
vérité, je me suis moquée de son rêve. Je n’y croyais pas, pas du tout !
gloussa Elichéba. « Regarde-nous, mon pauvre vieux Zacharias, lui ai-je
dit. Pour un rêve, c’est un rêve, et maintenant que tu as les yeux grands
ouverts, tu vas l’oublier. » En effet, comment pouvais-je le croire encore
capable d’une si belle œuvre ?
    Le rire
d’Élichéba résonna haut et fort.
    Elle se
reprit aussitôt, lorgnant vers Yossef et Joachim pour s’assurer que cette
gaieté qu’elle ne parvenait pas à réprimer ne les choquait pas.
    — Tu
as raison d’être joyeuse, l’encouragea Joachim. Les jours de peine, un tel
événement vous réjouit le cœur.
    Elichéba
caressait son ventre comme si déjà il était gonflé par le futur enfant. Ruth,
qui était demeurée froide pendant ce moment d’excitation, l’observa avec
suspicion :
    — En
es-tu sûre ?
    — Une
femme ne saurait pas quand elle attend un enfant ?
    — Une
femme se trompe plus d’une fois, et plus d’une fois prend ses rêves pour la
réalité. Surtout pour ces choses-là.
    — Je
sais ce que Dieu m’a commandé ! s’indigna Zacharias.
    Miryem,
s’interposant avec douceur, posa la main sur l’épaule de Ruth.
    — Bien
sûr qu’elle est enceinte. Ruth rougit, embarrassée.
    — Je
suis sotte, pardonnez-moi. Je viens d’un endroit où les gens sont malades et
pris par la folie. Si on les écoutait, le ciel serait un encombrement d’anges,
et les prophètes pulluleraient sur la terre d’Israël. Cela a fini par me rendre
un peu trop suspicieuse.
    À un autre
moment, Joachim et Yossef se seraient laissés aller à sourire.
    Plus tard,
Mariamne demanda à Miryem :
    — Veux-tu
que je reste près de toi quelque temps ? Bien que j’ignore tout des
enfants, je peux me rendre utile. Je sais que ma mère ne refuserait pas. Nous
renverrons Rekab avec un message pour elle. Elle comprendra.
    — Pour
les enfants, non, je n’ai pas besoin de toi. Mais pour mon moral et pour
échanger des paroles que je ne saurais confier qu’à toi, oui, je le voudrais
bien. Tu as des livres de la bibliothèque de Rachel avec toi. Il faudra me les
lire.
    Mariamne
rougit de plaisir.
    — Ton
amie Halva était comme une sœur pour toi. Mais nous, nous le sommes aussi,
n’est-ce pas ? Même si nous ne nous ressemblons plus comme avant, maintenant
que tes cheveux sont courts.
    Ainsi, la
maison de Yossef renaquit à la vie. Chacun y trouva sa place dans la multitude
des tâches quotidiennes, chacun avait de quoi s’occuper et se distraire de sa
tristesse. La joie de Zacharias et d’Elichéba dans l’attente de leur enfant
inclinait à la légèreté et des journées nouvelles commencèrent, semblables à
une convalescence.
    Après une
lune, il se confirma qu’Élichéba était bien enceinte. Souvent, elle
s’approchait de Miryem et lui confiait :
    — Sais-tu
que l’enfant dans mon ventre t’aime déjà ? Je le sens quand je viens près
de toi : il s’agite et on croirait qu’il bat des mains.
    Agacée,
Ruth, incapable de se résoudre à cette naissance miraculeuse, lui faisait
remarquer que son ventre était à peine gonflé. L’enfant ne devait être encore
qu’une petite boule pas plus grosse qu’un poing.
    Elichéba
répliquait avec satisfaction :
    — C’est
bien ce que je sens. Un tout petit poing qui frappe quand je ne m’y attends
pas.
    — Eh
bien, soupirait Ruth en levant les yeux au ciel, s’il commence ainsi à une ou
deux lunes, qu’est-ce que ce sera quand il tiendra debout !
    *
    * *
    Bientôt, à
l’aube, avant le lever des enfants, Miryem prit l’habitude de s’éloigner de la
maison. Dans la lumière naissante entre nuit et jour, elle empruntait le chemin
qui descendait vers Sepphoris à travers la forêt et errait au hasard.
    Lorsque le
soleil s’annonçait à l’horizon, elle était de retour. Elle traversait la cour,
la mine

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