Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
contre elle et contre tout, alors que le jour
venait de révéler le corps sans vie du am-ha-aretz.
    Sans
doute, ce jour-là, après qu’elle l’eut abandonné, Barabbas avait-il dû marcher
des heures avec sa plaie saignante avant de recevoir des soins.
    Elle avait
effacé ces souvenirs de sa mémoire, comme elle en avait presque effacé
Barabbas. Elle éprouva pour lui de la compassion et même un peu de remords.
    Pourtant,
déjà, elle regrettait de l’avoir rencontré. Elle déplorait qu’il se fût
approché d’elle et qu’il soit si près de la maison de Yossef de Nazareth. Sans
comprendre pourquoi, elle craignait qu’à le voir, à lui parler, la présence
d’Abdias qu’elle maintenait près d’elle ne la fuie.
    C’étaient
des idées absurdes, inexplicables. Tout autant que les chuchotements d’Abdias
qu’elle croyait entendre depuis des mois. Toutefois, Mariamne avait
raison : peu importait que l’on comprenne. L’âme voyait ce que les yeux
étaient impuissants à distinguer. Et Barabbas n’était-il pas de ceux qui ne
voulaient voir qu’avec les yeux ?
    Elle se
détourna et rentra à la maison beaucoup plus tôt que d’habitude.
    Vers le
milieu du jour, elle annonça à Joachim :
    — Barabbas
est par ici. Je l’ai aperçu ce matin. Joachim épia son expression, mais comme
elle lui présentait un visage neutre, il avoua :
    — Je
sais. Il était ici il y a peu. Il m’a bien aidé après la mort de ta mère, Dieu
la garde en Son sein. Il lui a fallu s’éloigner de Nazareth pour quelque temps,
mais il comptait revenir. Il a des choses à te dire.
    *
    * *
    Il se
passa deux jours. Miryem s’abstint de toute allusion à Barabbas. Ni Joachim ni
Yossef ne prononcèrent son nom.
    À l’aube
de la troisième journée, comme elle s’éloignait de la maison, avant le réveil
des enfants, il apparut. Debout sur le chemin, il l’attendait. Cette fois, à
son attitude, elle comprit qu’il voulait lui parler. Elle s’arrêta à quelques
pas de lui, cherchant son regard.
    Le jour
était à peine levé. La lumière sourde creusait ses traits sans pour autant
altérer la douceur de son expression. Il eut un geste de la main qui trahissait
son embarras.
    — C’est
moi, annonça-t-il, un peu gauche. Tu devrais me reconnaître. J’ai moins changé
que toi.
    Elle ne
put retenir un sourire. Cela l’encouragea.
    — Ce
n’est pas seulement ta chevelure qui a changé, c’est toi tout entière. On le
voit au premier coup d’œil. Voilà très longtemps que je veux te parler.
    Elle
continuait de se taire, mais elle ne le décourageait pas. En dépit de tout ce
qu’elle avait pensé de lui, elle était heureuse de le voir, d’entendre sa voix,
de le retrouver bien vivant. Il le lut sur ses traits.
    — Moi
aussi, j’ai changé, dit-il. Je sais maintenant que tu avais raison.
    Elle
approuva d’un signe.
    — Tu
n’es pas bavarde, s’inquiéta-t-il. Tu m’en veux encore ?
    — Non.
Je suis contente de te voir bien en vie. Il se massa la jambe.
    — Je
ne l’oublie jamais. Pas un jour sans que je pense à lui. Pour un peu, je
demeurais estropié.
    Elle
inclina lentement la tête.
    — C’est
ta plaie d’Abdias, ton souvenir de lui. Pour moi aussi, il s’est arrangé afin
que je ne passe pas une journée sans lui.
    Barabbas
fronça les sourcils, sur le point de demander ce qu’elle entendait par là.
Finalement, il n’osa pas.
    — J’ai
eu de la peine pour ta mère. J’ai proposé à Joachim de châtier les mercenaires
qui l’ont tuée, mais il a refusé.
    — Il
a eu raison. Barabbas haussa les épaules.
    — Ce
qui est vrai, c’est que nous ne les tuerons pas tous. Il n’en est qu’un avec
qui il faut en finir : Hérode. Les autres, ils peuvent aller en enfer
seuls…
    Elle ne
contesta ni n’acquiesça.
    — J’ai
changé, répéta-t-il d’une voix plus dure, mais pas au point d’oublier qu’Israël
est toujours à libérer. Pour ça, je suis toujours le même, et ce jusqu’à la fin
de mes jours. Je ne changerai pas.
    — Je
m’en doute, et c’est bien.
    Il parut
soulagé à ces mots.
    — Avec
les zélotes, nous montons des coups. Hérode s’obstine à flanquer des aigles
romaines sur le Temple et les synagogues, et nous, nous les détruisons. Ou,
quand il y a trop de gens affamés dans un village, nous vidons les réserves des
légions. Mais terminées, les grandes batailles ! Il n’empêche, je n’ai pas
changé d’avis. Il faudra bien s’y

Weitere Kostenlose Bücher