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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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rancune. Je
sais qu’Abdias, là où il est, aime Barabbas comme lui l’aimait. Moi aussi, je
dis que Barabbas vit dans le courage. Pour cela il faut l’admirer. Je sais
comme toi qu’il est bon, doux et tendre sous la violence apparente. Je lui ai
dit : « Si je devais épouser un homme, ce serait toi. »
    — Alors
fais-le !
    — Je
ne peux pas.
    — Tu
ne peux ! Et pourquoi donc, bon sang de bois ?
    — Parce
que je suis moi et qu’il en va ainsi.
    Elle se
leva, sans précipitation, calme, assurée. Elle ajouta, offrant à son père toute
sa douceur :
    — Moi
aussi, je suis une rebelle, tu le sais depuis toujours. Et demain ne
s’accomplira pas avec la mort d’Hérode et le sang des mercenaires. Demain
s’accomplira avec la lumière de la vie, avec un amour des hommes que Barabbas
ne pourra jamais engendrer.
    Elle se
détourna et quitta la table. Sans un mot de plus, elle disparut pour rejoindre
les enfants qui jouaient dans la maison, laissant derrière elle leurs visages
abasourdis.
    Ruth, la
première, brisa l’embarras qui les avait saisis. S’adressant à Joachim, elle
dit :
    — Je
ne connais pas ta fille depuis bien longtemps. Mais ce que je sais d’elle pour
l’avoir vu à Beth Zabdaï, c’est qu’elle ne cède jamais. Quoi qu’il lui en
coûte. Même le maître Joseph d’Arimathie a dû l’admettre. Mais ne te trompe
pas : elle t’aime et te respecte autant qu’une fille peut aimer son père.
    Sous le
coup de l’émotion Joachim hocha la tête, abattu.
    — Si
c’est cela qui t’inquiète, fit soudain Yossef, Miryem aura toujours un toit
ici. Tu as ma promesse, Joachim.
    Joachim se
raidit, le regard plus aigu, fronçant les sourcils et opposant une moue
suspicieuse.
    — Sans
qu’elle soit ton épouse, tu la garderais près de toi ? Yossef rougit
jusqu’à la racine des cheveux.
    — Tu
as compris ce que je dis, murmura-t-il. Miryem est chez elle ici. Elle le sait.
    *
    * *
    Dans les
quelques jours qui suivirent, l’humeur de Joachim ne changea pas et contamina
celle des autres. Joachim fuyait autant qu’il le pouvait la présence de Miryem.
Les repas étaient l’occasion de pesants silences. Il arrivait aussi qu’il se
montre tout aussi avare de mots et d’attentions pour Yossef, tandis qu’ils
travaillaient ensemble.
    Yossef ne
s’en offusquait pas. Le grand abattement qui avait suivi la mort d’Halva
semblait l’avoir quitté pour laisser place à une sérénité, une paix que les
autres ne partageaient pas.
    Barabbas,
on ne le revit pas. Nul n’osa demander à Joachim s’il rôdait toujours autour de
Nazareth.
    Puis le
temps fit son œuvre. Les beaux jours du printemps s’installèrent pour de bon.
Sa douceur, l’exubérance des champs et des bosquets en fleurs gagna d’abord les
enfants, qui reprirent leurs jeux et leurs rires loin de la maison.
    Il y avait
du pardon dans le regard de Joachim. On l’entendit plus d’une fois plaisanter
avec Yossef dans l’atelier. A la fin d’un repas, il prit la main de Miryem. Les
autres échangèrent un sourire discret et soulagé. Joachim garda la main de
Miryem tout le temps que Ruth et Mariamne racontèrent, en pouffant de rire, comment
le petit Yakov s’était mis à jouer les prophètes devant ses frères et sa sœur.
    — Ton
fils a des dispositions, s’amusa Ruth en s’adressant à Yossef. Même ceux de
Beth Zabdaï ne faisaient pas mieux. Où est-il allé pêcher ça, je me demande.
    — Un
homme haranguait à la synagogue, l’autre jour, lorsque j’y suis allé avec
Yakov, raconta Zacharias, qui ne riait qu’à demi. Cela lui a beaucoup plu. Tu
railles, femme, mais il a peut-être de vraies dispositions.
    Ruth
gloussa, moqueuse, glissant un regard vers Miryem. Elle et son père, toujours
main dans la main, eurent le même rire.
    Une autre
fois, Elichéba saisit leurs mains pour les unir sur son ventre. Elle aimait
toujours autant donner à sentir l’enfant qui lui arrondissait la taille. Une
fois encore elle affirma :
    — Ce
garçon s’agite dès qu’il devine la main de Miryem, ne le sentez-vous pas ?
    — Et
quand les autres posent la main sur ton ventre, il galope tout autant,
plaisanta Joachim. Tous les bébés font ainsi.
    Elichéba
protesta.
    — Lui,
c’est différent. Il m’annonce quelque chose. Peut-être que le temps n’est pas
si loin où tu deviendras grand-père toi aussi, fit-elle en clignant de l’œil.
Cela arrivera, j’en suis sûr.
    Joachim
leva la main

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