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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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Yossef.
    Joachim
avait réclamé sa présence sans savoir où la trouver. Il était allé au bout de
la cour en criant son nom, sans succès. Mariamne avait déclaré que personne ne
savait où elle était, quand le petit Yakov, l’aîné des fils de Yossef, avait
annoncé :
    — Moi,
je sais. On a joué toute la journée ensemble. Maintenant, elle se baigne dans
la rivière avec Libna et Shimon.
    Il
disparut comme un souffle, revenant avec Miryem, main dans la main. Dès qu’ils
virent son visage, ils furent mal à l’aise.
    Jamais
elle n’avait paru si belle, les yeux si clairs et si sereins. Les mèches de sa
chevelure cuivrée, qui maintenant lui couvraient la nuque, jouaient en boucles
désordonnées sur ses pommettes.
    Elle
embrassa Yakov sur le front et le renvoya auprès des autres enfants.
Lorsqu’elle se tourna vers eux, elle comprit aussitôt ce qu’ils attendaient.
Elle leur sourit. Aucune trace de moquerie dans ce sourire, seulement de la
tendresse. De même quand elle leur dit :
    — Ainsi,
vous n’arrivez pas à me croire.
    Ils
auraient baissé les yeux si Barabbas n’avait répliqué :
    — Même
un enfant ne te croirait pas.
    — Moi,
je te crois ! protesta aussitôt Mariamne.
    — Toi,
la fille de Magdala, tu dirais n’importe quoi pour la défendre, gronda
Barabbas.
    — Ne
vous disputez pas pour moi, ordonna Miryem d’un ton ferme.
    Elle se
plaça devant Barabbas.
    — Je
sais que tu as mal, que mon refus d’être ton épouse te blesse au cœur comme
dans ton orgueil. Et je sais aussi que tu m’aimes comme je t’aime. Mais je te
l’ai dit : je ne peux pas être ton épouse. La décision est mienne et celle
du Tout-Puissant.
    — Tu
dis une chose et son contraire ! s’écria Barabbas. Comment peut-on te
croire ?
    Miryem lui
sourit, posa la pointe de ses doigts sur ses lèvres pour le faire taire.
    — Parce
que c’est ainsi : si tu m’aimes, tu me crois. Elle se tourna vers Joachim
sans se soucier des protestations de Barabbas.
    — Toi
aussi, tu doutes, mon père. Pourtant, tu m’aimes plus qu’eux tous rassemblés.
Il te faut accepter ce qui est. Un enfant est dans mon ventre. Pourtant, je ne
suis pas souillée.
    Joachim
secoua la tête et baissa le front dans un soupir. Les autres n’osaient parler.
Le visage de Miryem se durcit. Elle recula de quelques pas et, soudain, à deux
mains, empoigna le bas de sa tunique. Elle la souleva jusqu’à ses genoux,
fixant Joachim.
    — Il
est une preuve, la plus simple de toute. Assure-toi que je suis toujours fille.
    Joachim
écarquilla les yeux en balbutiant des mots inaudibles. A son côté, Zacharias
gémit et, pour la première fois, Barabbas inclina le front.
    — Fais-le,
ensuite tu auras le cœur en paix. Je suis prête, insista Miryem.
    On eût cru
qu’elle les avait giflés.
    — Bien
sûr, tu ne peux le faire toi-même, fit Miryem d’une voix glacée. Elichéba le
saura…
    — Oh
non !
    — Alors
Ruth.
    Ruth se
détourna. Elle alla se réfugier au fond de la pièce.
    — Ce
ne peut être Mariamne : Barabbas dira qu’elle ment pour me soutenir. Allez
chercher une sage-femme à Nazareth. Elle saura vous le dire, n’en doutez pas.
    Quand elle
cessa de parler, le bourdonnement des mouches était pareil au grondement
lointain d’un orage.
    — N’ayez
pas honte, puisque vous doutez de moi. Joachim recula en s’appuyant au bras de
Zacharias. Il s’assit sur le banc qui longeait la table.
    — Supposons
que tu dises vrai, murmura-t-il d’une voix lasse.
    Regardant
sa fille avec un brin de compassion, comme on regarde une malade, il
demanda :
    — Sais-tu
ce qui arrive aux femmes enceintes sans époux ? Il distillait les mots
avec difficulté :
    — On
les lapide. C’est la loi.
    Il posa
ses mains calleuses sur la table.
    — D’abord,
vient la rumeur. Elle naîtra à Nazareth et fera vite le tour de la Galilée. Les
gens diront : « La fille de Joachim le charpentier porte le fils d’un
inconnu. » Honte. Jugement. Et l’enfant que tu attends ne verra jamais le
jour.
    Joachim
parcourut l’assemblée du regard.
    — Parce
que nous voulions te protéger, couvrir la faute, nous serons maudits pour
toujours.
    — Auriez-vous
peur ? demanda Miryem d’une voix glacée. Vous pouvez me dénoncer.
    Tous
baissèrent les yeux, le mépris de soi leur nouant la gorge. Et, dans le silence
étrange qui tomba sur l’assemblée comme un rideau, Miryem s’approcha de son
père, l’embrassa sur

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