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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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il rouvrit les yeux, le blanc en
était devenu rouge.
    — C’est
Yossef ? Si c’est Yossef, dis-le. Je lui parlerai.
    — Personne.
C’est ainsi.
    — Si
c’est Barabbas, dis-le.
    — Non,
père. Ce n’est pas Barabbas non plus.
    — S’il
t’a prise de force et que tu n’oses pas l’avouer, je le massacrerai de mes
mains, tout Barabbas qu’il est.
    — Écoute-moi :
ni Barabbas ni aucun autre. Joachim finit par entendre ce que Miryem lui
disait. Ses mots le glacèrent. Il laissa filer un petit gémissement et pour la
première fois regarda sa fille comme une étrangère.
    — Tu
mens.
    — Pourquoi
mentir ? Cet enfant, on le verra naître. On le verra grandir. On le verra
devenir le roi d’Israël.
    — Qu’est-ce
que tu racontes ! Ce n’est pas possible.
    — Si.
Cela est possible. Parce que je le voulais plus que tout. Parce que je l’ai
demandé à Yhwh, béni soit Son nom pour l’éternité.
    A nouveau
Joachim ferma les paupières. Ses mains tremblaient, palpaient sa poitrine,
glissaient sur son visage comme s’il pouvait en ôter la pellicule des paroles
que venait de prononcer Miryem.
    — Ce
n’est pas possible et c’est un blasphème. Tu es folle. Passe encore l’ange de
Zacharias, mais ça, non.
    — Pourtant
cela est. Tu le verras.
    Joachim
secoua fortement la tête, les yeux toujours clos.
    — Pourquoi
te faire souffrir quand c’est une bonne et une grande nouvelle ? demanda
Miryem sans abandonner son calme. N’est-ce pas ce que nous savons, toi, moi,
Joseph d’Arimathie et quelques autres : c’est la vie des hommes qui change
la face du monde. Ce n’est pas la mort ni la haine. Pour abattre Hérode, il n’y
a que la lumière de la vie et l’amour. Tout ce que Rome et les tyrans
méconnaissent.
    Joachim
agita violemment les bras comme s’il voulait chasser les paroles de Miryem
ainsi que l’on chasse les mouches importunes.
    — On
ne parle pas d’Hérode et d’Israël ! On parle de ma fille souillée !
s’écria-t-il. Et ne me raconte pas que c’est une bonne nouvelle.
    — Père,
je ne suis pas souillée. Tu peux me croire. Maintenant, il la regardait comme
une ennemie. Miryem s’agenouilla devant lui, enserra ses mains entre les
siennes.
    — Joachim,
mon père, comprends. Que peut une femme pour libérer Israël du joug romain,
sinon donner naissance à son libérateur ? Souviens-toi. Souviens-toi de la
réunion convoquée par Barabbas qui devait décider de la date de la révolte.
J’ai parlé du Libérateur. Déjà. De celui qui ne connaîtra d’autre autorité que
celle de Yhwh, maître de l’univers. De celui qui rappellera Sa parole et qui
imposera Sa loi.
    Depuis,
j’ai beaucoup réfléchi, père. J’ai vu des prophètes. Tous des hommes souillés
par le sang et le mensonge. Pas un d’entre eux ne parlait d’amour. Pourtant,
notre sainte Thora dit : Aime ton prochain comme toi-même.
    Pour vous
tous, la femme n’est là que pour enfanter. Enfanter des hommes soumis ou des
hommes rebelles. Et si l’une d’elles donnait la vie à celui que nous attendons
tous depuis si longtemps ? Toi autant que moi et que tout le peuple
d’Israël ?
    Donner
naissance au Libérateur. Personne n’y a songé. Moi, si. Et c’est ce que je vais
faire. Moi, Miryem, je t’ai dit qu’il en serait ainsi. Alors, pourquoi
t’inquiéter, pourquoi te tourmenter, pourquoi poser toutes ces questions ?
    Les lèvres
de Joachim s’agitèrent, des larmes s’agrippèrent à sa barbe.
    — Qu’ai-je
fait pour que l’Éternel ne cesse de me frapper ? gémit-il. Qu’ai-je fait
d’impardonnable ?
    Il
considéra les mains de Miryem refermées sur les siennes. Il eut une grimace,
comme à la vue d’un animal répugnant. Il se libéra brutalement, se dressant en
chancelant, tout entier dans l’effort de ne pas hurler les mots terribles qui
lui noyaient la bouche.
    *
    * *
    Il lui
fallut toute la moitié de la journée pour rassembler son courage et aller se
mettre en face de Yossef. Il voulait scruter chaque trait du visage de son ami
et ne rien perdre de ses expressions alors qu’il le questionnerait.
    — As-tu
pris ma fille ?
    Yossef eut
la mine éberluée de celui qui ne comprend pas le sens des paroles qu’il entend.
    — Ta
fille ?
    — Je
n’en ai qu’une. Miryem.
    — Qu’est-ce
que tu me demandes là, Joachim ?
    — Tu
m’as compris. Miryem dit qu’elle est grosse. Elle dit aussi que pas un homme ne
l’a

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