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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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touchée.
    Yossef
demeura sans voix.
    — Ça
n’est pas possible, gronda Joachim C’est une folie ou un mensonge. Il dépend de
ta réponse que ce soit l’un ou l’autre.
    Yossef
n’eut pas l’air fâché par l’insistance de Joachim. C’était bien pire. Son
visage exprimait l’intense tristesse, l’immense douleur de celui qui est trahi
par la suspicion de son ami.
    — Si
je voulais prendre Miryem pour épouse, je n’aurais pas à me cacher. J’irais
tout droit vers toi pour te demander ta bénédiction.
    — Il
ne s’agit pas de la prendre pour épouse mais de coucher avec elle et de lui
faire un enfant.
    — Joachim…
    — Bon
sang de bois, Yossef ! Tu ne dis pas les mots que j’attends ! À moi,
son père, tu dois dire oui ou non.
    Le visage
de Yossef se durcit d’un coup. Ses joues, ses tempes se creusèrent, sa bouche
s’étrécit. C’était une face que Joachim ne lui avait encore jamais vue.
    L’attitude
hostile de Yossef ébranla Joachim. Il détourna son regard un bref instant. Puis
de nouveau il demanda :
    — Alors,
tu le crois, toi, qu’elle est grosse ?
    — Si
elle le dit, je le crois. Je crois ce que dit Miryem et le croirai jusqu’à la
fin de mes jours.
    — Qu’est-ce
que tu veux dire ?
    — Tu
m’as compris.
    Maintenant,
Yossef se renfermait dans la grande blessure de l’orgueil. Joachim gémit et
passa ses doigts noueux sur son visage.
    — Je
ne sais pas, je ne sais pas ! Je ne comprends plus rien de rien, gémit-il.
    Yossef ne
lui vint pas en aide. Il se détourna, lui offrit son dos tandis qu’il occupait
ses mains à ramasser des outils traînant sur l’établi.
    Joachim
s’avança et le saisit par l’épaule :
    — Ne
m’en veux pas, Yossef. Il fallait que je t’interroge. Yossef se retourna et le
toisa d’un air qui signifiait qu’il n’y avait rien à demander, seulement à
faire confiance.
    — Yossef,
Yossef ! s’exclama Joachim avec des larmes sur les joues.
    Il saisit
son ami et le serra contre lui.
    — Yossef,
tu es comme mon fils. Je te dois tout ce que j’ai aujourd’hui. Tu voudrais
Miryem, je te la donnerais avant de la donner à Barabbas…
    Il
s’interrompit avec un râle, s’écarta de Yossef pour scruter ses traits. Il n’y
trouva aucune mansuétude.
    — Mais
maintenant qu’elle est grosse, ce n’est plus possible. Pour l’un comme pour l’autre,
n’est-ce pas ?
    — Écoute
ce que dit ta fille. Écoute-la, au lieu de toujours la soupçonner, ce que tu
fais depuis qu’elle est revenue.
    Fut-ce le
ton ou les paroles de Yossef : la suspicion de Joachim revint brutalement.
    — Tu
sais quelque chose que tu veux me cacher. Yossef haussa les épaules. Il faillit
se détourner, mais se contraignit à supporter le mince filet brillant qui
passait entre les paupières de Joachim. Il rougit comme cela lui arrivait
parfois, dans la tendresse de l’émotion.
    — Je
n’ai rien de plus à ajouter. Mais j’aime Miryem et je fais ce qu’elle me
demande.
    *
    * *
    Après que
Miryem leur eut annoncé son état, Ruth erra dans la maison, désemparée,
incapable de s’occuper des enfants qui choisirent d’aller jouer loin des cris
et des visages sans joie.
    — Cesse
donc de tourner en rond ainsi, finit par grogner Mariamne. C’est agaçant.
    Ruth
s’assit, obéissante, le regard dans le vague.
    — Eh
bien, vide ce que tu as sur le cœur, bougonna encore Mariamne.
    — Je
l’avais dit. Je l’avais dit que ça allait arriver.
    — Quoi,
« ça » ?
    Ruth
n’accorda qu’une moue à Mariamne. Mais la fille de Rachel se pencha sur elle,
des étincelles dans les prunelles.
    — Ce
qui arrive à Miryem, ce n’est pas « ça » ! Ne le comprends-tu
pas ?
    — On
sait ce que c’est, ce qui lui arrive.
    — Seigneur
Dieu Tout-Puissant ! Comme ils sont bouchés et ne veulent rien
entendre ! Et toi qui te dis son amie fidèle. C’est honteux !
    — Bien
sûr que je lui suis fidèle. Autant que toi. M’as-tu entendue prononcer une
parole de reproche ? Tout ce que je dis, c’est qu’on va la montrer du
doigt au lieu de l’admirer. Tu voudrais que je m’en réjouisse ?
    — Oui !
C’est ça, exactement. Tu devrais remiser ta peine et te réjouir de la bonne
nouvelle.
    — Cesse
donc avec cette bonne nouvelle !
    — Écoute
ce que Miryem répète : pas un homme ne l’a touchée.
    — Ne
dis pas de bêtise ! J’ai l’âge et l’expérience pour savoir comment une
femme se retrouve

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