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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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des
ténèbres.
    Aidé de
Barabbas, le pêcheur qui menait leur barque replia son filet au pied du mât. Il
désigna la rive.
    — Dès
que le soleil touchera la crête des collines, la brise se lèvera, annonça-t-il.
Il deviendra facile de manœuvrer.
    Barabbas
approuva d’un signe.
    — Il
y aura un peu de lune. Juste ce qu’il nous faut. Barabbas revint s’asseoir près
de Miryem, tandis que le pêcheur tirait sur un cordage pour lever sa voile.
    — Prends-le,
ordonna-t-il avec douceur. Tu peux en avoir besoin.
    Dans sa
paume ouverte, il tenait un court poignard, au manche de cuir rouge et à la
lame très effilée. Miryem le contempla, stupéfaite.
    — Prends,
insista Barabbas. Et surtout sers t’en s’il le faut. Sans hésiter. Je veux
délivrer ton père, mais je veux aussi te ramener vivante et heureuse.
    Il lui
décocha un clin d’œil et se détourna aussitôt pour aider le pêcheur qui tirait
sur un cordage afin de monter la voile le long du mât.
    Tout
autour d’eux, sur les autres bateaux, la même animation silencieuse agitait les
hommes. Une à une, avec une lenteur solennelle, les voiles triangulaires
s’élevaient, éclatantes dans les dernières lueurs du jour.
    Le soleil
se posa sur les forêts déjà sombres. Une huile rouge sang se répandit sur la
surface du lac, si éblouissante qu’il leur fallut se protéger les yeux.
    Comme le
pêcheur l’avait annoncé, la brise agita la voile. Il empoigna l’aviron de
gouvernail, le poussa d’un coup. La voile bascula, se gonfla comme sous l’effet
d’un coup de poing. La barque grinça, l’étrave trancha l’eau dans un
crissement. À leur tour les autres barques pivotèrent. Les voiles claquèrent
les unes après les autres alors que le couinement des mâts et des membrures
rebondissait à la surface du lac déchiré.
    Barabbas
était debout sous la voile, se tenant au mât. L’étrave du bateau pointait en
direction d’une vaste crique à l’est de Tarichée. En souriant, le pêcheur
déclara à Miryem :
    — Tant
qu’ils peuvent nous voir, on fait comme si on rentrait à la maison.
    *
    * *
    Jusqu’à
l’obscurité complète, ils avaient vogué en direction du sud, réduisant
progressivement la voile pour ne pas trop s’éloigner de la forteresse.
Maintenant, le peu de lune permettait de distinguer les bateaux les plus
proches, rien de plus. Sur la rive brillaient les lumières des palais de
Tarichée et les torches sur les chemins de ronde de la forteresse.
    Ils
naviguaient en silence, mais les barques se côtoyaient de si près que le bruit
de l’eau contre les coques, le claquement des voiles et le grincement des mâts
paraissaient faire un vacarme du diable, audible jusqu’à la côte.
    La brise
était ferme, les pêcheurs connaissaient leurs bateaux comme un cavalier sa
monture. Mais Miryem devinait la nervosité de Barabbas. Il ne cessait de lever
les yeux pour vérifier le gonflement des voiles, parvenant mal à estimer leur
vitesse, craignant d’atteindre la forteresse trop tôt ou trop tard.
    Soudain,
ils furent si près de l’énorme masse des tours que les silhouettes des
mercenaires se dessinèrent nettement dans le halo des torches. Presque
aussitôt, un sifflement fusa. Puis un autre en écho. Barabbas tendit le bras.
    — Là !
s’exclama-t-il avec soulagement.
    Miryem
scruta la rive sans rien distinguer d’anormal. Tout à coup, au pied de la
muraille, un embrasement éclata, si violent qu’il ne pouvait provenir que de
lampes ou de torches. De seconde en seconde, les flammes grandirent, le foyer à
leur base s’élargissant et courant d’ombre en ombre. Des cris, des appels
retentirent sur le chemin de ronde. Les gardes s’agitèrent, quittant leurs
postes.
    — Ça
y est, gronda Barabbas, ravi. Ils ont réussi !
    « Ils »,
c’étaient une dizaine de membres de sa bande. Ceux-là avaient pour mission
d’allumer un incendie dans les baraquements de la garde et les greniers du
marché qui jouxtaient la forteresse, à l’opposé du champ des supplices. Les
charrettes amenées depuis Sepphoris y avaient été abandonnées dans la journée,
chargées de vieux bois et d’un fourrage en apparence anodin. Les doubles fonds,
vidés de leurs armes, avaient été remplis de pots de bitume et de jarres
d’essence de térébinthe, transformant les véhicules en redoutables mèches à
incendie. Les hommes de Barabbas devaient y mettre le feu à une heure bien précise
avant de s’enfuir de la

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