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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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très excité. On dit qu’il s’est battu
seul contre trente-deux mercenaires. Ils sont tous morts et lui… Tu as vu son
visage ? Ça, c’en est une, de balafre !
    Yossef,
Eléazar et Lévi accueillirent Matthias sans préjugé. Joseph d’Arimathie se
montra aimable et surtout curieux de ses cicatrices. Jonathan parut désemparé
d’avoir en face de lui deux vrais brigands sur lesquels couraient des rumeurs
peu flatteuses. Tous, cependant, guettèrent avec un peu d’anxiété la réaction
de Guiora. Mais Matthias, à qui Joachim et Barabbas avaient dépeint le
caractère sourcilleux du sage essénien, s’inclina devant lui avec un respect
qui parut magnifiquement sincère.
    Guiora le
considéra un moment. Puis il haussa les épaules et se contenta d’exhaler un
soupir d’impatience entre ses lèvres sèches.
    — En
voilà un de plus, grommela-t-il à l’adresse de Joachim et de Joseph
d’Arimathie. Ce n’est toujours pas votre pharisien de Jérusalem. À quoi bon
attendre encore ? Il ne viendra pas. Il ne faut jamais se fier aux
serpents du sanhédrin, vous devriez le savoir.
    Barabbas
approuva avec une chaleur qui plut à Guiora. Néanmoins Joachim, soutenu par
Joseph d’Arimathie, demanda que l’on patiente encore.
    Finalement,
alors que la lumière annonçait le crépuscule, les jeunes guetteurs am-ha-aretz
prévinrent de l’approche d’un petit équipage.
    — Un
équipage ? s’étonna Barabbas.
    — Un
gros type sur une mule claire et un esclave perse qui trotte derrière lui. De
l’or dans la tunique et des colliers qui suffiraient à nous payer une dizaine
de beaux chevaux.
    Assurément,
Nicodème, le pharisien du sanhédrin, arrivait. Il y eut des sourires, mais
personne n’émit de remarque.
    Lorsque
Nicodème entra dans la cour, tous, même Guiora, l’attendaient. C’était un homme
que l’embonpoint rendait avenant et sans âge. Il portait sa tunique brodée de
soie avec une aisance sans afféterie. Il avait aux doigts autant de bagues d’or
que Matthias en possédait d’argent.
    Toutefois,
ses manières n’avaient rien d’arrogant et sa voix possédait un charme
confortable qui le rendait agréable à écouter. Il accueillit avec simplicité le
respect qui lui était dû. Couvrant Guiora d’éloges pour ses vertus et ses
prières, avant même que ce dernier puisse prononcer un mot, il fit preuve
d’autant d’habileté que de sagesse. Il poursuivit en racontant qu’il avait dû
s’arrêter en chemin dans de nombreuses synagogues.
    — Dans
toutes je répète cette vérité : que nous autres du sanhédrin, à Jérusalem,
nous ne nous rendons pas assez souvent dans les villages d’Israël afin d’y
respirer l’air de notre peuple. Et ainsi, ajouta-t-il avec un sourire, chacun
peut voir que seul un souci ordinaire me conduit jusqu’en Galilée. C’est aussi
la raison, mes amis, pour laquelle il me faut voyager avec un esclave et une
mule, sinon, cela paraîtrait suspect. D’ailleurs, je ne vais pas rester
longtemps chez toi ce soir, Yossef. J’ai promis au rabbin de Nazareth de dormir
chez lui. Je vous retrouverai ici demain matin et nous pourrons parler autant
que vous le désirez.
    Il prit à
peine le temps de boire un gobelet avant de reprendre le chemin du village. Ce
qui, au fond, soulagea chacun. En particulier Halva et Miryem, qui craignaient,
outre le nombre croissant de bouches à nourrir, de devoir affronter des
manières dont elles ignoraient tout.
    Toutefois,
lorsque Nicodème, sa mule et son esclave eurent quitté la cour, un silence
embarrassé s’installa. Matthias le rompit avec un petit grognement amusé.
    — Si
demain les mercenaires sont là pour nous prendre, nous saurons pourquoi.
    Les autres
le dévisagèrent, alarmés.
    — J’ai
toujours été opposé à sa venue, intervint Barabbas avec un regard de reproche à
Joachim.
    Le jeune
rabbin Jonathan protesta :
    — Vous
avez tort de dire cela. Je connais Nicodème. Il est honnête et plus courageux
que son apparence ne le laisse supposer. En outre, il n’est pas mauvais
d’entendre l’opinion d’un homme qui connaît les coulisses du sanhédrin.
    — Si
tu le penses… soupira Barabbas.
    *
    * *
    Au soir,
alors que la nuit était bien avancée et qu’Halva et elle tombaient de fatigue
après avoir rangé et lavé la maison dans la lumière chiche des lampes, Miryem,
incapable de s’expliquer clairement son intuition, eut soudain la conviction
que toutes les paroles qui seraient

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