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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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essénien…
    Abdias
s’esclaffa de bon cœur au souvenir de la scène.
    — J’aurais
voulu que tu l’entendes, ameutant toute sa clique. Et moi, calme alors qu’ils
étaient tous autour de moi à me houspiller. Il a fallu attendre qu’ils se
fatiguent et j’ai pu raconter. Ça lui a demandé encore deux ou trois jours pour
se décider. Quand même, nous voilà. Le retour a pris du temps parce qu’on
s’arrêtait vingt fois par jour pour les prières… Si on doit faire la révolte
avec Guiora, ce sera pas drôle.
    Lorsqu’elle
découvrit Guiora à son tour, Miryem songea qu’Abdias n’avait pas tort. Elle
aussi fut impressionnée par l’apparence et le caractère du sage de Gamala.
    L’homme
était si petit, si barbu, qu’on ne pouvait lui donner d’âge. Sa silhouette
paraissait fragile. Pourtant, il possédait une formidable énergie. Il ponctuait
chacune de ses phrases d’un mouvement sec des mains, tandis que sa voix
modulait les mots avec une gravité frissonnante. Ses yeux, lorsqu’il captait
votre regard, ne vous lâchaient plus, vous donnant envie de baisser les
paupières comme on se protège d’un éclat coupant.
    Le soir
même de son arrivée, il exigea que ni elle, ni Halva, ni Abdias ne partagent
son repas. Cela eût été impur, expliqua-t-il, car les femmes et les enfants
portent par nature faiblesse et infidélité. Seul Yossef et Joachim purent
rompre le pain à sa table ainsi que, bien sûr, l’autre nouveau venu qui se
nommait Joseph d’Arimathie et avait fait tout le chemin depuis Damas. Il y
dirigeait, lui aussi, une communauté d’esséniens. Pourtant, s’il portait la
même tunique d’un blanc immaculé que Guiora, il en était tout le contraire.
    Grand et
large, la barbe courte, le crâne chauve, les traits empreints de gentillesse,
des manières accueillantes et douces. Il n’eut aucun regard désagréable pour
Abdias. Miryem se sentit portée vers lui par une sympathie immédiate, sans
autre raison que la sérénité lumineuse qui émanait de sa personne. Sa présence
paisible parut, comme par magie, modérer la virulence de Guiora.
    Le repas
fut cependant un moment insolite. Le sage de Gamala réclama le silence absolu.
À Joseph d’Arimathie, qui suggérait qu’en voyage la parole pouvait être
tolérée, il répliqua, la barbe frémissante :
    — Souillerais-tu
notre Loi ?
    Joseph
d’Arimathie céda sans s’offusquer. Un bizarre silence emplit la maison. On
n’entendit plus que les bruits des cuillères de bois dans les écuelles et celui
des mâchoires.
    Dégoûté,
peut-être effrayé, Abdias attrapa une boulette de sarrasin et des figues. Il
alla les déguster sous les arbres de la cour, bercé par les stridulations
nocturnes des grillons et le bruissement des feuillages.
    Par
bonheur, le dîner ne se prolongea pas. Guiora annonça qu’après ses ablutions
Yossef et Joachim devaient le rejoindre pour une longue prière. Joseph
d’Arimathie, fatigué par la route, sut habilement leur épargner cette corvée.
Il convainquit le sage de Gamala que la solitude de sa prière serait plus
plaisante à l’Éternel.
    *
    * *
    Le jour
suivant ne fut pas moins riche en surprises. Dès la première lueur du jour,
Barabbas arriva, poussant son troupeau. Trois hommes couverts de poussière
l’accompagnaient.
    — Je
les ai trouvés à la nuit tombante qui se perdaient dans les chemins creux,
annonça Barabbas, goguenard, à Joachim.
    Joachim
esquissa un sourire en s’empressant de se joindre à Yossef pour accueillir les
nouveaux venus. L’un d’eux, trapu et le teint mat, avait un large poignard
griffé dans la ceinture de sa tunique.
    — C’est
moi, Lévi le Sicaire, annonça-t-il d’une voix forte. Derrière lui, Joachim
reconnut Jonathan de Capharnaüm.
    Le jeune
rabbin inclina timidement la tête. Le plus âgé des trois, Eléazar le zélote de
Jotapata, se précipita pour serrer Joachim dans ses bras en balbutiant son
bonheur de le voir bien vivant.
    — Dieu
est grand de ne pas t’avoir fait monter près de Lui trop tôt !
s’exclama-t-il avec ravissement. Béni soit-Il !
    Les deux
autres approuvèrent bruyamment tandis que Barabbas, railleur, racontait qu’il
les avait découverts dans la forêt. Épuisés, ils se dirigeaient vers la
Samarie, à l’opposé du village, par crainte de trouver des mercenaires dans
Nazareth.
    — Je
les ai laissés dormir quelques heures avant de nous mettre en route en nous
guidant sur les étoiles. Pour de

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