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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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faiblesse !
    Cette
fois, il disparut derrière la maison sans se retourner. Abdias eut un
grognement satisfait. Il effleura la main de Miryem.
    — Je
l’ai peut-être mal jugé, ce Guiora. Pas besoin de bataille ni de révolte. Il
suffirait de le mettre devant Hérode. En moins d’un jour, ce fou d’Hérode
serait encore plus fou et plus malade qu’il ne l’est déjà. « Guiora, notre
arme secrète », voilà comment on devrait l’appeler !
    Il avait
dit cela à haute voix et avec un sérieux si comique qu’Halva et Miryem
éclatèrent de rire.
    Là-bas,
autour de la table, les hommes les observèrent en fronçant les sourcils, le
reproche aux lèvres. Barabbas lui-même foudroya Abdias du regard. Mais Joseph
d’Arimathie, qui avait entendu comme les autres, rit lui aussi, quoique avec
mesure. Alors, tous furent saisis d’un fou rire qui leur fit grand bien.
    *
    * *
    Au cœur de
l’après-midi, tandis que le soleil de fin de printemps chauffait déjà, les
camarades d’Abdias, éparpillés à des postes de guet sur les chemins,
déboulèrent dans la cour.
    — Il
y en a un qui arrive par le chemin de Tabor !
    — Le
sage du sanhédrin ?
    — On
dirait pas. Ou alors il est déguisé. On croirait plutôt une ombre.
    En
compagnie de Barabbas et des enfants de Yossev, Joachim se porta à la rencontre
du nouvel arrivant. Dès qu’il en aperçut la silhouette, il comprit que ceux-ci
avaient raison. Ce n’était pas Nicodème. Vêtu d’un manteau de lin brun, la
capuche lui voilant le visage, l’homme avançait vite et son ombre paraissait
courir derrière lui tel un fantôme.
    — Qui
peut être ce bougre ? grommela Joachim. Crois-tu que nous l’ayons
invité ?
    Barabbas
se contenta de suivre l’inconnu du regard. À l’instant où ce dernier bascula
son capuchon, il s’exclama :
    — Matthias
de Guinchala !
    L’homme
poussa un cri chevalin, agita des mains scintillantes de bagues d’argent.
Barabbas lui agrippa les épaules, ils s’enlacèrent avec force démonstrations
d’amitié.
    — Joachim,
je te présente mon ami, un frère, autant dire. Matthias a conduit la révolte de
Guinchala l’an dernier. S’il en est un, en Galilée, qui peut faire montre de
courage contre les mercenaires d’Hérode, le voilà.
    En vérité,
ce courage lui avait sculpté la face, songea Joachim en le saluant. Le front de
Matthias était barré de deux larges cicatrices traçant un vide pâle et
disgracieux dans sa chevelure. Sous sa barbe grisonnante, on devinait des
lèvres couturées et des gencives aux dents rares. Pour l’ensemble, un visage
terrible et qui expliquait pourquoi Matthias préférait le cacher sous une
capuche.
    — J’ai
appris que tu te baladais par ici, dit-il à Barabbas. L’envie m’a pris de venir
te féliciter pour ton exploit à Tarichée ! Et causer de votre révolte…
    Barabbas
rit avec une jovialité excessive qui dissimulait mal son embarras, alors que
Joachim s’étonnait :
    — Tu
l’as su ? Et comment ?
    — Je
sais tout ce qui se passe en Galilée, rigola Matthias. Il saisit le poignet de
Barabbas de ses doigts bagués.
    — Tu
aurais pu m’inviter avec un beau message, comme les autres.
    — Tu
sais aussi pour les messages ? s’étonna froidement Joachim. En effet, on
ne peut rien te cacher.
    — Tu
as attrapé un des gosses, c’est ça ? marmonna Barabbas, avec une grimace
offusquée, mais peu convaincante.
    — Celui
qui allait porter ton message à Lévi le Sicaire, déclara Matthias avec un clin
d’œil appuyé. Il ne faut pas lui en vouloir. Devant moi, le pauvre gamin a eu
la trouille. Devant un autre, il aurait tenu sa langue. Mais bon, je lui ai
donné une jolie bourse pour prix de son dévouement. Je voulais te faire la
surprise.
    Joachim
les observait, entre ironie et colère. La comédie que lui jouaient les deux
compères de brigandage ne le trompait pas. Pas un instant il ne douta que
Barabbas se fût débrouillé pour prévenir Matthias… Et sans confier à quiconque
cette invitation, de crainte que Joachim ne s’y opposât. Ce dont il se serait
abstenu, car ce n’était pas une mauvaise idée.
    — Une
surprise qui devrait plaire à nos amis, approuva-t-il d’un ton narquois qui fit
comprendre aux deux larrons qu’ils ne l’avaient pas abusé.
    *
    * *
    Assurément,
l’entrée de Matthias dans la cour de la maison fit son effet. Abdias ne cacha
pas enthousiasme.
    — Voilà
un vrai guerrier, souffla-t-il à Miryem,

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