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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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monde et l’âme des humains
devant le jugement de Dieu. »
    — Tu
as bonne mémoire, approuva Rachel en souriant.
    — Excellente.
Et contrairement à ce que tu penses, je t’écoute toujours attentivement.
    Rachel
tendit la main pour lui caresser la joue. Mariamne évita la caresse. Rachel
grimaça et baissa le front avec lassitude.
    — Tu
parles avec la ferveur de la jeunesse. A moi, tout me paraît si laid autour de
nous.
    — Tu
te trompes du tout au tout, s’énerva Mariamne. D’abord, l’âge n’a rien à
voir : Miryem n’a que quatre ans de plus que moi. Et toutes les deux, vous
ne savez plus regarder la beauté. Pourtant, elle existe.
    Rageuse,
Mariamne désigna la splendeur qui les entourait.
    — Qu’y
a-t-il de plus beau que ce lac, ces collines, les fleurs du pommier ? La
Galilée est belle. Nous sommes belles. Toi, Miryem, nos amies… Le Tout-Puissant
nous offre cette beauté. Pourquoi voudrait-Il que nous l’ignorions ? Au
contraire, nous devons nous nourrir de la joie et du bonheur qu’il nous
accorde, pas seulement des horreurs d’Hérode ! Il n’est qu’un roi, et il
mourra bientôt. Un jour on l’oubliera. Mais ce que disent les livres de cette
maison ne disparaîtra que si nous ne voulons plus le faire vivre.
    Le sourire
était revenu sur le visage de Rachel. Tendre, un peu moqueur, mais qui révélait
son plaisir et son étonnement.
    — Eh
bien ! Je vois que ma fille grandit en raison et en sagesse sans que je
m’en rende compte…
    — Bien
sûr, puisque tu me considères toujours comme une enfant !
    Rachel
caressa à nouveau le visage de sa fille. Cette fois, Mariamne ne se déroba pas,
au contraire, elle se coula dans les bras de sa mère.
    — Je
te promets de ne plus jamais te traiter en enfant, déclara Rachel.
    Avec un rire
espiègle Mariamne se dégagea.
    — Mais
ne t’attends pas à ce que je devienne sérieuse comme Miryem. Ça, je ne le serai
jamais…
    Elle
pirouetta sur elle-même et annonça, comme une preuve de ce qu’elle venait de
dire :
    — Je
vais changer de tunique. La couleur de celle-ci ne va pas du tout avec ce
collier.
    Elle
s’éloigna, vive et légère. Quand elle eut disparu dans la maison, Rachel eut un
petit hochement de tête.
    — C’est
ainsi que les enfants prennent de l’âge et vous deviennent étrangers. Mais qui
sait si elle n’a pas raison ?
    — Elle
a raison, approuva Miryem. La beauté existe et Dieu ne veut certainement pas
que nous l’oubliions. Il est bon, il est même merveilleux que des êtres comme
Mariamne existent. Et elle a raison aussi quand elle me trouve trop sérieuse !
Je voudrais…
    Elle
s’interrompit, cherchant comment annoncer à Rachel son désir de quitter sa
demeure, de retourner à Nazareth ou auprès de son père. Des oiseaux passèrent
au-dessus d’elles, piaillant bruyamment. Elle leva la tête pour en suivre le vol.
De l’autre côté de la maison on entendit le rire de Mariamne avec les
servantes, le roulement du char de voyage que l’on mettait à l’abri. Avant que
Miryem reprenne la parole, Rachel, lui attrapant le poignet, l’entraîna en
contrebas de la terrasse, dans les vergers.
    — Il
y a d’autres nouvelles que je voulais te donner avant que Mariamne nous
interrompe, fit-elle d’une voix pressante.
    Elle
retira un morceau de parchemin de la pochette de ceinture de sa tunique.
    — J’ai
reçu une lettre de Joseph d’Arimathie. Il ne pourra plus venir nous visiter car
ses séjours auprès de nous, « les femmes », font scandale dans sa
communauté. De nouveaux frères l’ont rejoint pour étudier la médecine avec lui.
Mais ils renâclent, exigent que Joseph se montre plus distant avec nous… Il ne
le précise pas, mais je pense qu’on peut y voir l’œuvre de Guiora. Il doit
craindre l’influence de Joseph sur les esséniens, alors que lui entretient chez
ses condisciples de Gamala une haine farouche des femmes.
    — Pas
seulement des femmes. Des am-ha-aretz, des étrangers, des malades !
s’indigna Miryem. En vérité, il hait les faibles et ne respecte que la force et
la violence. Ce n’est pas un homme agréable. A mon avis, pas même un sage. J’ai
rencontré Guiora à Nazareth, avec mon père, Joseph d’Arimathie et Barabbas. Il
ne savait s’accorder qu’avec lui-même…
    Rachel
acquiesça, amusée.
    — Voilà
aussi de qui je voulais te parler : Barabbas. Son nom courait sur toutes
les bouches à Césarée, à Tarichée, sur le

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