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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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curiosité. Miryem
puisa dans son orgueil. Elle pointa le menton, grimaça un sourire.
    — Je
vais bien. Je vais me lever. Je vous remercie toutes…
    — Pour
sûr que tu peux nous remercier ! Comme si nous n’avions pas assez de
travail sans qu’une pimbêche dans ton genre vienne nous gémir dans les
oreilles.
    Miryem
ouvrit la bouche pour s’excuser, mais la tendresse répandue sur les traits de
l’inconnue lui fit comprendre que c’était inutile.
    — Je
m’appelle Ruth, dit la femme. Et tu ne vas pas bien, non, pas encore.
    Elle la
saisit sous les bras et l’aida à se redresser. Malgré son appui, Miryem
chancela.
    — Eh
bien, il est temps vraiment que l’on te requinque, ma fille, grommela Ruth.
    — Il
faut juste que je m’habitue…
    D’un
regard, Ruth réclama l’assistance d’une servante.
    — Cesse
de dire des bêtises. Je vais te nourrir et tu vas aimer ça. Notre cuisine est
trop bonne pour que l’on fasse la fine bouche devant.
    *
    * *
    Plus tard,
alors que Miryem dégustait à petites bouchées une galette de sarrasin fourrée
de fromage de chèvre qu’elle trempait dans une écuelle d’orge bouilli dans du
jus de légumes, Ruth déclara :
    — Cette
maison n’est pas comme les autres. Il faut que tu en apprennes les règles.
    — C’est
inutile. Dès demain, je partirai chez mon père. Ruth fronça les sourcils. Elle
demanda où demeurait son père. Quand Miryem lui eut expliqué qu’elle venait de
Nazareth, dans les montagnes de Galilée, Ruth fit la moue.
    — C’est
une longue route pour une fille toute seule… Dans un geste inattendu, elle
caressa le front de Miryem et glissa ses doigts usés dans la masse de sa
chevelure. Miryem tressaillit, émue. Cela faisait longtemps qu’une femme ne
l’avait caressée d’un geste empli de tendresse maternelle.
    — Ote-toi
cette idée de la tête, ma fille, reprit Ruth avec douceur. Tu ne nous quitteras
pas demain. Le maître a ordonné que tu restes ici. Nous lui obéissons tous et
toi aussi, tu vas lui obéir.
    — Le
maître ?
    — Maître
Joseph d’Arimathie. Qui d’autre serait le maître, ici ?
    Miryem ne
répliqua pas. Elle savait que l’on appelait Joseph ainsi. Même à Magdala,
certaines femmes le désignaient sous ce titre respectueux. Et, de toute
évidence, ici, à Beth Zabdaï, Joseph était un homme différent de celui qu’elle
avait connu à Nazareth et qui l’avait conduite chez Rachel.
    — Je
dois aller sur la tombe d’Abdias, dans le cimetière. Je dois aller lui dire au
revoir, chanter les prières, dit-elle.
    Ruth parut
surprise, puis inquiète.
    — Non !
Tu ne le peux pas. Tu n’es pas en état de jeûner. Il faut que tu manges… Le
maître le veut !
    Ses joues
rosissaient, elle parlait précipitamment.
    — Y
a-t-il des frères sur sa tombe ? insista Miryem. Sinon, je dois y aller.
Abdias n’a que moi pour l’accompagner chez les morts.
    — Ne
t’inquiète pas. Les hommes de cette maison font leur devoir. C’est pas à nous,
les femmes, de le faire à leur place. Toi, tu dois manger.
    Le vacarme
des pilons résonna derrière elles, les réduisant au silence un instant. Le
réfectoire des femmes était tout en longueur et bas de plafond. Sur les côtés
étaient alignés des sacs et des couffins contenant les fruits et les légumes
séchés, ainsi que des sortes de bancs troués soutenant des jarres d’huile. Le
mur du fond s’ouvrait en grand sur les mortiers, les billots et le foyer de la
cuisine, où des braises rougeoyaient en permanence.
    Quelques
servantes broyaient les grains pour la farine sur une pierre à l’aide d’une
masse en bois d’olivier, tandis que quatre femmes pétrissaient et étiraient la
pâte des galettes. De temps en temps, elles relevaient le front et jetaient des
regards curieux vers Miryem.
    Dolente,
rassasiée, celle-ci achevait son écuelle. Ruth s’empressa de la remplir à
nouveau.
    — Tu
es bien trop maigre. Il faut t’arrondir si tu veux plaire aux hommes.
    C’était
dit avec tendresse, ainsi que ces choses sont dites, toujours, entre une aînée
et une cadette. Ruth fut stupéfiée par la raideur de Miryem, par la violence de
son ton et la dureté de son regard :
    — Comment
peut-on désirer qu’un homme pose ses regards sur vous quand on sait combien
ceux qui vivent ici nous détestent ?
    Ruth jeta
un coup d’œil prudent vers la cuisine.
    — Les
frères esséniens ne nous détestent pas. Ils nous

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