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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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craignent.
    — Nous
craindre ? Et pourquoi ?
    — Ils
craignent ce qui fait de nous des femmes. Notre ventre et notre sang.
    Il
s’agissait là d’une réalité que Miryem ne connaissait que trop bien. Elle avait
eu l’occasion d’en débattre quantité de fois à Magdala, avec les compagnes de
Rachel.
    — Nous
sommes comme Dieu l’a voulu et cela devrait suffire.
    — Sans
doute, approuva Ruth. Mais pour les hommes de cette maison, ça nous éloigne du
chemin qui nous permettrait de rejoindre l’île des Bienheureux. Ce qui compte
le plus au monde pour eux, c’est ça : atteindre l’île des Bienheureux.
    Miryem lui
adressa un regard d’incompréhension. Jamais elle n’avait entendu parler de
cette île.
    — Ce
n’est pas à moi de te l’expliquer, fit Ruth, embarrassée. C’est trop savant et
je dirais des bêtises. Nous ne recevons pas d’enseignement, ici. On entend
parfois les frères parler entre eux, on grappille des mots par-ci, par-là, pas
plus. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut suivre la règle de la maison. C’est le
plus important. Grâce à elle, les frères se purifient afin d’entrer dans l’île…
La première règle, c’est de demeurer dans la partie de la maison qui nous est
réservée. Les cours, on peut s’y rendre, mais le reste nous est interdit.
Ensuite, il est interdit de parler à un frère s’il ne nous adresse pas d’abord
la parole. Nous devons prendre des bains avant de cuire le pain, ce qui a lieu
tous les jours avant l’aube…
    Les tâches
consistaient à préparer de la soupe de semoule et à confectionner des galettes
fourrées au fromage deux fois par jour, à laver le linge des frères et à se
débrouiller pour que le lin de leurs pagnes et de leurs tuniques soit d’une
blancheur immaculée.
    — Autre
chose importante : il ne faut rien gâcher. Ni la nourriture ni les
vêtements, insista Ruth. Pour la nourriture, il ne faut cuire que le nécessaire,
ni trop ni trop peu. Pareil pour le tissage. Les vêtements ordinaires, les
tuniques brunes du travail, même s’il y a des trous, les frères ne veulent pas
les jeter. Ils ne s’en séparent que quand ils sont en charpie. Ce qui n’est pas
plus mal, c’est toujours moins de travail pour nous.
    Elle
prodigua encore bien d’autres conseils. Surtout, il ne fallait pas approcher du
réfectoire des frères. C’était un lieu sacré, réservé aux hommes, car le repas
était comme une prière pour les esséniens. Boire et manger était un don du
Tout-Puissant et il fallait L’aimer en retour pour ce bienfait. Aussi, avant
chaque repas, les frères quittaient-ils leurs tuniques brunes de gros drap et
enfilaient-ils des pagnes de lin blanc. Après quoi, ils se baignaient dans une
eau absolument pure pour se laver des souillures de la vie.
    — Pour
sûr, je ne les ai pas vus faire, chuchota Ruth avec un clin d’œil. Mais il y a
longtemps que je suis là. On finit par glaner quelques informations… Le bain,
voilà ce qui est important. Après le bain, ils peuvent manger. Tous assis à la
même table, mais pas avant que le maître ait béni la nourriture. Ensuite, ils
reprennent leurs vêtements ordinaires et nous, nous devons laver les tuniques
qui ont servi au repas. Quand il neige, l’eau de leur bain peut être glacée,
ils s’en moquent. Le puits d’où ils la tirent est dans la maison elle-même.
Notre puits à nous, pour la cuisine et la toilette, est dehors. Comme tu vois,
ce n’est pas le travail qui manque. Tu vas trouver ta place ici.
    Miryem, silencieuse,
repoussa son écuelle.
    — Mange !
ordonna aussitôt Ruth. Mange encore, même si tu n’en as pas envie. Il faut
reprendre des forces.
    Mais
Miryem ne souleva pas sa cuillère.
    — Tu
restes, n’est-ce pas ?
    L’anxiété
n’était pas seulement dans le ton mais aussi sur le visage de Ruth. Miryem
l’observa avec étonnement.
    — Pourquoi
tiens-tu tant à ce que je reste ? Je n’ai rien à faire ici. Cela se voit.
    — Tu
es têtue, soupira Ruth. Maître Joseph le veut, voilà pourquoi. Il me l’a
demandé. A moi. Il m’a dit : « Elle ne voudra pas rester, mais tu
dois la convaincre. » Tu vois : il t’aime et ne veut que ton bien. Il
n’y a pas meilleur que lui !
    — Je
suis venue ici pour qu’il soigne Abdias. Il n’a rien fait.
    — Oh,
tu es folle pour bon ! Tu sais bien que le garçon était mort ! Et
depuis un moment déjà. Que pouvait faire le maître ?
    Miryem ne
parut pas entendre

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