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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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lumière du bien que Yhwh nous tend, murmura-t-elle d’un ton vibrant de
colère. Où est la justice quand Abdias meurt et pas Barabbas ? Lui pouvait
mourir, puisqu’il tient tant à affronter Hérode par le sang.
    Gueouél
émit un grognement. Joseph, un peu embarrassé, se demanda si c’était la
condamnation de Barabbas qui faisait réagir son jeune compagnon ou l’évocation
de son propre « enseignement » chez les femmes de Magdala.
    Avec une
autorité qui n’excluait pas le désir de provoquer la mauvaise humeur de
Gueouél, il saisit la main de Miryem.
    — Dieu
décide, déclara-t-il en retrouvant sa douceur coutumière. Nul autre que Lui ne
décide de nos destins. Ni toi, ni moi, ni aucun être humain. Dieu décide des
miracles, des châtiments et des récompenses. Il décide de la vie de Barabbas et
c’est Lui qui rappelle Abdias. Telle est Sa volonté. Nous, nous pouvons
soigner, soulager la douleur, guérir une maladie. Nous pouvons rendre la vie
forte, belle et puissante. Nous pouvons faire que la justice soit la règle qui
unit les hommes. Nous pouvons éviter que le mal soit notre arme. Mais la mort
et l’origine de la vie n’appartiennent qu’au Tout-Puissant. Si tu n’as pas
compris cela à travers mon enseignement, comme tu le qualifies, c’est que ma
parole est maladroite et de peu de poids.
    Ces
derniers mots furent prononcés avec une ironie que Miryem ignora. Tandis que
Joseph parlait, elle avait refermé les paupières. Quand il se tut, elle retira
sa main de la sienne. Sans un mot, elle se retourna dans sa couche, face au
mur.
    Joseph la
contempla, tendit le bras et lui caressa l’épaule. Puis, d’un geste paternel,
il remonta sur elle la couverture de grosse laine. Le regard de Gueouél pesait
sur chacun de ses mouvements.
    Il se
contraignit au silence et à l’immobilité. Il se doutait bien que Miryem ne lui
adresserait plus la parole, mais il voulait s’assurer que sa respiration
retrouvait son calme.
    Lorsqu’il
en fut certain, il se leva. Il adressa un signe à Gueouél afin qu’il l’imite et
quitte la pièce avec lui.
    Dans le
vestibule, alors qu’ils rejoignaient la cour, ils furent brusquement environnés
par un groupe de servantes. Elles revenaient du lavoir, chargées de panières de
linge. Joseph se replia dans un renfoncement. Gueouél, sans hésiter, se força
un chemin à travers la troupe, contraignant les servantes à reculer avec leurs
lourdes charges. Malgré l’effort qu’elles devaient accomplir pour lui céder le
passage, elles n’eurent pas un murmure de protestation, se gardèrent
d’affronter son regard et inclinèrent la nuque avec respect.
    Parvenu
dans la cour, Gueouél se retourna pour attendre Joseph, les sourcils levés par
la surprise. Il désigna les servantes.
    — Ne
pouvaient-elles pas te laisser passer ? Elles sont de plus en plus
effrontées.
    Joseph
masqua son agacement derrière un sourire.
    — Elles
sont surtout de moins en moins nombreuses parmi nous et, par conséquent,
surchargées de travail. Et, si elles n’étaient pas là, irais-tu toi-même, aux
heures d’étude et de prière, laver notre linge souillé ?
    Gueouél
repoussa cette pensée d’une grimace. Quand ils eurent presque traversé la cour,
sur un ton qui se voulait conciliant, il remarqua :
    — Parfois,
à t’entendre, on croirait que tu n’hésiterais pas à nommer des femmes
rabbis !
    Il
s’interrompit avec un petit gloussement amusé avant de reprendre :
    — Dieu
l’a voulu ainsi : pour toujours cela sera impossible. C’est faire preuve
de beaucoup d’orgueil que de penser autrement et d’espérer des femmes qu’elles
puissent jamais se débarrasser de ce qui les fait femmes.
    Joseph
hésita à répondre. Miryem le préoccupait. Il n’était pas d’humeur à réagir par
un sourire à l’obstination de Gueouél.
    — Dieu
a voulu que nous nous engendrions à demi part de chair d’homme et de femme.
Ainsi, nous sortons du ventre d’une femme. Pourquoi l’Éternel voudrait-Il que
nous sortions d’un cloaque ?
    — Ce
ne sont ni le mot ni la pensée qui m’habitent. Les femmes sont ce qu’elles
sont : mues par la chair, l’absence de raison et la faiblesse du plaisir.
Ce qui les rend impropres à atteindre la lumière de Yhwh. N’est-ce pas ce qui
est écrit dans le Livre ?
    — Je
sais, Gueouél, que toi et beaucoup de nos frères condamnez mon opinion. Mais ni
toi ni les autres n’avez à ce jour répondu à mes

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