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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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questions. Pourquoi le mal
habiterait-il le vase et non la semence ? Pourquoi serions-nous plus aptes
à la pureté que celles qui nous engendrent ? Depuis quand a-t-on vu une
source plus pure que la grotte qui l’abrite ?
    — Nous
t’avons répondu par la parole du Livre. Partout, il sépare la femme de l’homme
et la juge impropre à la connaissance.
    Il
s’agissait d’arguments mille fois rebattus et d’une conversation qui ne menait
nulle part. Joseph eut un geste irrité, comme s’il chassait une mouche, et
s’abstint de répliquer.
    Vexé, les
lèvres pincées, Gueouél déclara alors :
    — J’ai
fait retirer le corps du am-ha-aretz de notre cimetière. Je suppose que l’on
t’avait mal compris. Sa fosse ne peut être parmi les nôtres, tu le sais. Les
am-ha-aretz n’ont pas droit aux terres bénites.
    Joseph
s’immobilisa. Un frisson de révulsion lui parcourut le corps.
    — Tu
l’as retiré de terre ? demanda-t-il d’une voix blanche. Veux-tu le priver
de sépulture ?
    — Non,
non !
    Gueouél
secoua la tête. Un déplaisant sourire de victoire durcit ses traits.
    — Sans
sépulture, il serait maudit. Je suppose qu’il ne le mérite pas, n’est-ce
pas ? Même si sa mort, alors qu’il était encore presque un enfant,
signifie sans doute que Dieu n’avait pas de grands projets pour lui. Non, ne
t’inquiète pas. On l’a remis en terre. Au bord du chemin qui mène à Damas. Là
où se trouvent les tombes des étrangers et des larrons.
    Joseph
était incapable de répondre. Il songeait à Miryem. Il lui semblait soudain que
chacun des mots qu’il lui avait dits était un mensonge.
    Gueouél
était assez perspicace pour deviner sa pensée.
    — Il
serait judicieux que tu ne revoies plus cette fille. Sa santé n’est pas en
danger, seulement son esprit. Elle n’a plus besoin de toi, et de nouvelles
visites aux quartiers des femmes troubleraient nos frères.
     

13.
    Miryem
écoutait les bruits légers des allées et venues dans la maison, le murmure des
femmes, parfois même leurs rires. Vibrant à travers les murs, résonnaient les
coups réguliers du pilon qui réduisait les grains de seigle et d’orge en farine.
Ils ressemblaient aux battements d’un cœur paisible et puissant.
    Elle eut
envie de se lever, de rejoindre les servantes et d’aider aux travaux. Elle
n’éprouvait plus de fatigue. Sa faiblesse ne provenait que du peu de nourriture
qu’elle avait avalé depuis quelques jours. Cependant, sa colère était encore
immense.
    Elle ne se
résolvait pas à accepter les mots prononcés par Joseph. La seule pensée du
corps d’Abdias sous la terre lui mettait le cœur en feu. Elle devait serrer les
poings pour ne pas crier.
    En outre,
il lui restait assez de raison pour sentir qu’elle n’était pas la bienvenue
dans cette communauté. Le regard du frère qui accompagnait Joseph le lui avait
clairement fait comprendre. La sagesse lui conseillait de réunir ses forces et
sa volonté afin de quitter Beth Zabdaï et de rejoindre son père, comme elle
l’avait décidé à Magdala.
    Seulement,
cette pensée ravivait sa colère. Partir, quitter cette maison et Damas, c’était
pour de bon abandonner Abdias, s’éloigner de son âme et peut-être même avancer
vers l’oubli.
    — Cette
fois, es-tu vraiment réveillée ?
    Miryem
sursauta et se retourna. Debout près de son lit se tenait une femme à laquelle
on eût été bien en peine de donner un âge. Ses cheveux étaient blancs comme
neige, des centaines de rides fines jouaient autour de son sourire et de ses
paupières. Pourtant, sa peau paraissait aussi fraîche que celle d’une jeune
femme. Ses yeux, très clairs, brillaient d’intelligence et peut-être de ruse.
    — Réveillée
et très en colère, ajouta-t-elle en entrant dans la pièce.
    Miryem
s’assit sur la couche. La surprise la rendait muette. Elle ne parvenait pas à
deviner si l’inconnue se moquait d’elle avec méchanceté ou l’approchait avec
gentillesse.
    La femme
hésitait également. Elle considéra Miryem, les sourcils arqués, les lèvres
arrondies en une moue.
    — Etre
en colère le ventre vide, ce n’est pas bon. Miryem se leva sans précaution. La
tête lui tourna, elle dut se rasseoir et s’appuyer des deux mains sur sa couche
pour ne pas chanceler.
    — C’est
ce que je disais, marmonna la femme. Il est temps que tu manges au lieu de
dormir.
    Dans son
dos, des servantes se pressaient sur le seuil, brûlant de

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