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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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attacha le vieil homme par les aisselles et
l’obligea à passer la porte. Certes, Ibn Rushd n’était pas lourd, mais Robert
de Locksley crut quand même que ses muscles allaient céder. Heureusement, la
descente fut brève. Sitôt que le médecin fut en bas, le Saxon descendit à son tour,
tenant son arc et son carquois. Il était temps, l’incendie allumé par Ibn Rushd
faisait maintenant rage derrière lui, dans les salles basses.
    Dans la fosse, la fumée s’était dissipée et les
gardes du château s’étaient regroupés sur le pont-levis. Plusieurs agitaient
des torches pour tenter de voir en bas. Des arbalétriers les avaient rejoints.
    — C’est venu du trou aux lièvres, seigneur,
expliqua à Arnaud de Coutignac celui qui avait vu la lumière avant l’explosion.
    Coutignac prit une torche des mains d’un de ses
hommes et la jeta dans le trou. La résine se répandit sur les rochers et ils
distinguèrent deux ombres qui s’engageaient dans le boyau.
    — Les arbalétriers, tirez ! Ce sont des
hommes et non des démons ! Visez le trou !
    Mais le temps que les arbalétriers réagissent,
Robert de Locksley et Ibn Rushd avaient rejoint leurs compagnons de l’autre
côté. S’étant regroupés, ils commencèrent à descendre une pente vers la plaine
en contrebas, se guidant à la faible luminosité de la lune et des étoiles.
    Pierre et Nedjm Arslan étaient restés en arrière.
Le Perse avait remarqué un amoncellement de rochers instables sur la sortie du
trou aux lièvres. S’il pouvait les faire tomber, le passage serait obturé pour
un moment. Il avait donc demandé à Pierre de l’aider à grimper jusqu’aux
pierres pour y poser le dernier coffret de poudre.
    Monté sur les épaules du soldat de Castillon,
Nedjm Arslan venait d’allumer la mèche et s’apprêtait à sauter quand la volée
de carreaux d’arbalète traversa le boyau. Plusieurs heurtèrent les parois, mais
l’un d’eux atteignit Pierre à la hanche. Sous le choc, il vacilla, perdit
l’équilibre et s’écroula, entraînant le Perse dont la tête heurta le rocher.
Ils étaient tous deux étourdis quand la charge explosa, provoquant une
avalanche qui les recouvrit.
    Nedjm Arslan et Pierre furent tués sur le coup,
écrasés par d’énormes rochers.
     

Chapitre 30
    A u
premier cri, Rostang de Castillon s’était précipité vers sa belle-sœur, mais,
plus agile que lui, elle s’était réfugiée dans sa chambre, tentant d’en
repousser la porte. Ils luttèrent ainsi un instant, mais la force de Castillon
ne pouvait que l’emporter et elle tomba par terre. Ayant abandonné le fléau
d’armes, il se jeta sur elle, la saisit par les cheveux et la tira sur le lit,
sous le regard terrorisé de sa servante qui s’était dissimulée dans un recoin.
    Baralle hurla à nouveau autant de douleur que pour
appeler à l’aide.
    Il lui arracha sa robe, la giflant à plusieurs
reprises pour qu’elle ne bouge pas, mais dut la lâcher un instant pour abaisser
ses chausses. Se débattant, elle parvint à lui échapper. Nue et meurtrie, elle
se rua en hurlant dans la chambre de son mari afin de fuir par l’escalier.
    Frustré de la voir lui échapper, la fureur
submergea Castillon qui se précipita derrière elle. En entrant dans la chambre
de son frère, il découvrit Roncelin, une épée à la main, serrant Baralle contre
lui.
    Le vicomte de Marseille avait été réveillé par des
cris, mais n’avait pas bougé. Ancien moine, d’un naturel timoré, il n’avait
rien d’un guerrier. Il s’était convaincu de n’être pas concerné par ce qui se
passait dans la chambre de son geôlier. Encore une dispute entre Baralle et
lui, s’était-il dit. Il les avait déjà entendus se quereller, et de toute façon
il était enfermé avec Monteil qui dormait sur un lit de sangles devant la
porte.
    Puis il y avait eu cette étrange question de
Baralle : « Que se passe-t-il ? »
    Pourquoi demandait-elle ça ? s’était-il dit.
    C’est alors qu’avait retenti le premier hurlement.
Un hurlement de terreur qu’il reconnaissait, c’était celui qu’avait poussé
Madeleine quand Castillon s’était jeté sur elle.
    Dès lors, Roncelin avait su qu’il ne pouvait
rester passif. Déjà, il n’était pas intervenu quand Castillon avait violé
Madeleine sous ses yeux. Depuis, ses nuits étaient peuplées de cauchemars et il
savait son âme en péril. Il était donc sorti de son lit à rideaux pour
découvrir que la porte de la

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