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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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chambre était ouverte. Il avait alors entendu
distinctement des bruits de lutte.
    Il avait regardé autour de lui, cherchant des yeux
une des armes de Monteil mais, dans l’obscurité, il n’avait vu ni épieu ni
masse d’armes. Vêtu seulement de sa robe de nuit, il s’était finalement avancé
prudemment dans la chambre voisine.
    Là, à la lueur des braises de la cheminée, il
avait découvert le sang sur le carrelage, le cadavre de Monteil et celui de
Basile. En même temps, il avait perçu des halètements et des coups dans la
chambre de Baralle. C’était bien ce qu’il pensait : Hugues des Baux
tentait de forcer sa femme à accepter ses hommages. Ce n’était qu’une dispute
de couple. Mais pourquoi ce sang ? Monteil avait-il tenté d’abuser de
Baralle ? Aurait-elle été défendue par Basile que Monteil aurait
tué ?
    Il en était là de ses interrogations, ne sachant
que faire, quand il avait entendu soupirer du côté du lit. Il s’était approché
et avait découvert, avec stupéfaction, Hugues des Baux dans un sommeil agité.
Mais si Hugues dormait dans son lit, qui était avec Baralle ? Dans
l’incertitude, il avait pris l’épée sur le coffre. À cet instant, Baralle avait
hurlé une nouvelle fois. Il s’était avancé vers sa chambre à l’instant où la
porte s’était ouverte. Abasourdi, il l’avait vue se précipiter dans la pièce,
entièrement nue, les cheveux décoiffés, terrorisée.
    Il ne l’avait jamais vue ainsi et il n’avait jamais
vu une femme aussi belle. Il avait appelé :
    — Baralle !
    Elle l’avait aperçu à son tour et s’était jetée
dans ses bras en criant :
    — Sauve-moi !
    Il la tenait ainsi, ne sachant que faire, quand
Castillon sortit de la chambre de Baralle.
    Découvrant sa proie dans les bras d’un homme,
Rostang rugit et se précipita vers celui qui lui disputait sa prise. Il fut
alors arrêté par l’épée que Roncelin brandit dans sa direction, tandis que lui
était sans arme.
    Même mû par un instinct primitif, Castillon avait
conservé son sang-froid de guerrier. Se souvenant où il avait laissé son fléau,
il recula lentement, sans quitter Roncelin des yeux. Si à cet instant le
vicomte de Marseille s’était précipité sur le frère de Hugues des Baux, il
l’aurait tué sans peine. Mais Roncelin était incapable de bouger, terrorisé par
cet homme qu’il avait vu tuer ses esclaves et violer sa maîtresse avant de
l’égorger.
    La même scène allait se reproduire, il en était
certain.
    Castillon ramassa le fléau avec lequel il avait
tué Monteil et eut un sourire satisfait. Il avait bien jugé le vicomte. C’était
un lâche qu’il allait démolir devant cette femme qui croyait à sa protection.
Ensuite, il s’occuperait d’elle. La bouche ouverte, le regard malfaisant, il
avança vers le couple. À deux cannes, il gronda :
    — Roncelin, écarte-toi de Baralle, elle est à
moi.
    Épouvanté, Roncelin obéit. Il lâcha la femme et la
repoussa. Baralle se mit à sangloter, de honte et d’humiliation, essayant de
dissimuler sa nudité avec ses mains.
    Castillon leva le fléau et frappa l’épée du
vicomte de toutes ses forces. Roncelin lâcha la lourde lame qui tomba sur les
carreaux.
    Castillon poussa alors un bestial hurlement de
victoire et leva une nouvelle fois le fléau.
    Il perçut alors, dans son champ de vision, une
ombre gigantesque et arrêta son geste. Cette ombre, c’était Monteil qui avait
repris conscience et s’était relevé. Le géant, couvert de sang, un œil arraché,
se jeta sur Castillon avant que celui-ci n’ait pu le frapper.
    Les deux hommes s’étreignirent dans un corps-à-corps
furieux. Monteil était gravement blessé, mourant sans doute, mais la douleur et
la haine multipliaient sa force.
    Castillon se battait avec l’énergie du désespoir.
Parvenant à se dégager de l’étreinte du géant, il lui martela la face à coups
de poing redoublés. La douleur fit réagir Monteil qui le lâcha pour le gifler,
l’envoyant rouler à plusieurs pas où il resta immobile. Satisfait, le géant
s’approcha de Castillon inconscient et le roua de coups de pied, le faisant
chaque fois rouler plus loin. Finalement, le corps du frère de Hugues des Baux
heurta un coffre. Monteil se pencha pour le saisir à pleines mains, puis il le
souleva pour le jeter contre un mur.
    Avec un œil crevé, le géant ne s’était pas rendu
compte que son adversaire avait ramassé la miséricorde tombée du

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