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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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viguier Hugues de Fer
pour vous sortir d’ici, mais on l’a emprisonné. Maintenant c’est à vous, son
suzerain, de lui porter aide. Trouvez-vous une broigne ou une casaque,
habillez-vous rapidement, prenez une arme et venez avec moi. Qu’a votre mari,
dame des Baux ? demanda-t-il ensuite à Baralle tandis que Roncelin
cherchait un équipement de combat.
    — Je ne sais pas. Je crains que Basile ne lui
ait fait boire quelque poison. Il ne parvient pas à se réveiller.
    Roncelin avait ouvert un coffre et sorti des
bas-de-chausses de cuir et une cuirasse d’épaisse toile renforcée de plaques de
fer rivées. Il mit les chausses puis enfila la broigne par le bas et attacha
les aiguillettes. Se coiffant ensuite d’une cervelière à nasal, il ramassa
l’épée de Hugues des Baux.
    Pendant ce temps, Guilhem s’était rendu à la porte
qui faisait communiquer la chambre du seigneur avec le logis des chevaliers. En
faisant construire le donjon, Hugues des Baux et son père avaient prévu qu’il
puisse être défendu même si le château était pris. La porte était épaisse,
ferrée et possédait un solide verrou. On pouvait la condamner par deux lourdes
traverses de chêne, tout comme la trappe d’escalier venant de la grande salle.
    Guilhem tira le verrou et ouvrit la porte.
Immédiatement une épaisse fumée le suffoqua. Il aperçut des flammes qui
dévoraient le couloir en face et referma aussitôt.
    De nouvelles explosions retentirent. Baralle,
terrorisée, tomba à genoux en se signant et se mit à prier. Roncelin s’était
figé, encore plus effrayé qu’elle.
    Guilhem les ignora et se rendit à la fenêtre qui
donnait sur la cour aux arcades. À travers les vitraux, il aperçut des lueurs
d’incendie. Ouvrant la croisée, il découvrit la toiture de la salle à manger
des domestiques en feu. Il y eut alors une nouvelle déflagration suivie d’un
long grondement et d’un immense fracas. À la lueur des flammes, il observa le
toit des bâtiments permettant le passage vers la cour de la tour Paravelle qui
s’effondrait. Il entendit les chevaux hennir de terreur ainsi que des cris
déchirants et des supplications. Un brusque rideau de flammes s’éleva dans un
souffle puissant dont il sentit la chaleur. Le soufre saturait l’air devenu
irrespirable. Les bâtiments de la cour paraissaient s’embraser les uns après
les autres. On pleurait, on hurlait. L’affolement était général.
    Il ferma la fenêtre. Ibn Rushd avait fait du bon
travail, mais il devait maintenant le retrouver et l’aider à fuir avec les
chevaux.
    — Madame, nous allons transporter votre époux
dans votre chambre, fermez la porte. Une partie du château est en feu, mais le
donjon est en pierre et résistera. Je pars avec le seigneur Roncelin. Si la
situation devenait trop dangereuse pour vous, et que vous ne puissiez sortir,
utilisez l’échelle de corde dont vous m’avez parlé pour descendre par une
fenêtre.
    — Hugues ne pourra pas !
    Il haussa les épaules. Le sort de Hugues des Baux
l’indifférait.
    — Seigneur Roncelin, aidez-moi à le porter.
Ensuite priez et préparez-vous à vous battre.
    Quand la déflagration retentit, Robert de Locksley
et ses compagnons ne furent pas surpris puisque Nedjm Arslan les avait prévenus
qu’il tenterait de fermer le trou aux lièvres derrière eux. Ils s’arrêtèrent
alors pour les attendre. Au bout d’un instant, la fumée s’étant dissipée et
n’entendant rien, hormis quelques chutes de pierres, Locksley appela à voix
basse, pensant que dans l’obscurité les deux retardataires s’étaient trompés de
chemin.
    — Nedjm… Pierre…
    Il recommença sans succès, puis décida de remonter
à leur rencontre. Fer l’accompagna.
    Ils découvrirent le tas de roches. À la lumière
blafarde de la demi-lune, des chaussures et une main en dépassaient. Le cœur
battant, Locksley et Fer s’accroupirent pour déplacer les rochers. Ils
dégagèrent vite la tête de Nedjm Arslan, mais le Perse était mort, broyé par le
poids des énormes cailloux. Quant à Pierre, il était enfoui encore plus
profondément.
    — Nous ne pouvons plus rien faire, dit
Locksley d’une voix blanche.
    Il regarda l’orifice du trou aux lièvres, presque
entièrement bouché.
    — Nous ne vous aurions jamais sorti de là
sans lui, et sans Pierre, ajouta-t-il à l’intention de Hugues de Fer.
    — Nous ne sommes pas tirés d’affaire, répondit
le viguier en se signant et en murmurant

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