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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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engourdi, car il
ne pouvait se tenir debout dans sa cellule. Puis ce fut Bartolomeo, visiblement
terrorisé. Par chance aucun n’était enchaîné.
    — Que se passe-t-il ? haleta le viguier,
étouffé par les fumées.
    — On est venus vous délivrer, il faut fuir,
filons !
    À travers les gens terrorisés et implorants, ils
remontèrent la ruelle cadastrale vers la cour. Les plaintes et les gémissements
dominaient maintenant, ainsi que les appels à laide. Ibn Rushd était bouleversé
par les cris d’enfant, mais les gens paraissaient plus hagards et effrayés que
gravement blessés ou brûlés.
    Avec un tel désordre, Robert de Locksley était
persuadé que le pont-levis serait baissé, ne serait-ce que pour faire sortir
les destriers de leur écurie. Dans la cour aux arcades, la fumée était toujours
aussi épaisse, mais à travers les tourbillons ils remarquèrent que le calme
revenait. Raimbaud de Cavaillon dirigeait une longue file d’hommes qui se
passaient des seaux, depuis la citerne, pour les vider dans le logis des
chevaliers. Ibn Rushd constata avec dépit que l’incendie de la salle à manger
était déjà éteint, bien qu’il eût consumé une partie de la toiture.
    Devant le pont-levis, Arnaud de Coutignac faisait
sortir en bon ordre les chevaux et des ballots de fourrage ou de nourritures.
Des gardes, porteurs de lances ou de guisarmes, surveillaient les passages.
Sans doute devaient-ils maintenant se douter que ces explosions et ces feux
n’étaient pas d’origine diabolique.
    — Au pont-levis, ils me reconnaîtront,
souffla Locksley.
    Ils s’étaient regroupés dans un recoin de la
maison du four, mais ils ne pouvaient rester là longtemps sans se faire
remarquer. Déjà, comme il n’y avait plus eu d’explosions depuis quelques
minutes, les hommes d’armes retrouvaient leur sang-froid.
    Locksley donna son épée à Fer.
    — Vous allez forcer le passage au pont,
seigneur viguier. Pendant ce temps, j’abattrai les gardes avec mes flèches.
    — On ne passera jamais tous ! répliqua
Fer. À quoi bon me libérer si vous devez être pris et subir un sort pire que le
mien ?
    — Il y a un autre chemin pour sortir,
intervint Pierre, qui jusqu’à présent ne faisait que suivre les autres. Mais il
sera fermé par des grilles qu’il faudrait démolir.
    — Je peux le faire, assura le Perse. Il me
reste encore deux coffrets de fer et deux pots à feu.
    — Cela s’appelle le trou aux lièvres. C’est
un tunnel depuis la fosse du pont-levis. Il débouche de l’autre côté du château
et permet de fuir en cas de siège. Il y a une grille dans la fosse et une porte
au bout.
    — J’ai remarqué la grille, dit Robert de
Locksley. Mais pour l’atteindre, il faudrait descendre dans la fosse. Il y a
deux ou trois toises…
    — J’ai toujours la corde, intervint Anna
Maria qui l’avait enroulée sur sa poitrine.
    — Le temps de l’attacher, de descendre et de
briser la grille, les arbalétriers nous tireront comme des lapins. Le trou
portera alors bien son nom, ironisa Bartolomeo.
    — On peut descendre dans la fosse par une des
salles creusées sous le donjon. Je connais le passage. Vous n’aurez qu’à me
suivre.
    — En passant par les arcades ?
    — Oui.
    — J’ai détruit le passage, objecta Nedjm
Arslan. Je ne savais pas qu’on en aurait besoin.
    — De surcroît, si nous utilisons ce chemin,
nous n’aurons pas de chevaux, remarqua Robert de Locksley. Ils nous auront vite
rattrapés si nous sommes à pied.
    — Ils vont nous rattraper ici même, décida
Fer. Nous n’avons pas d’autre solution. Si le passage est bouché, nous
tenterons de le dégager. Une fois dehors, on avisera.
    — Peut-être pourrions-nous retrouver nos
montures, proposa Anna Maria.
    — Je cherche Guilhem des yeux depuis un
moment et je ne l’ai pas aperçu, intervint Ibn Rushd. J’espère qu’il n’a pas
été blessé. Ce serait bien qu’il parte avec nous.
    — Peu importe Guilhem ! Il a choisi son
camp, qu’il reste ici ! répliqua Locksley avec brusquerie.
    — Je lui ai parlé. Il ne nous a pas trahis et
il veut toujours libérer Roncelin.
    — Je me moque de Roncelin désormais !
aboya Locksley. Fer a raison, tant pis pour les chevaux. Partons maintenant,
après ce sera trop tard. Pierre, passez le premier avec Anna Maria.
    L’ancien soldat de Castillon avait tellement peur
d’être pris qu’il ne se le fit pas dire deux fois. Sitôt qu’il fut devant

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