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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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s’occuperaient à
éteindre les feux et non à les poursuivre.
    Dans l’ombre des arcades, Ibn Rushd et le Perse
placèrent un coffret dans le passage vers les celliers et allumèrent la mèche,
avant de se précipiter dans la cour. Maintenant, les clameurs retentissaient
dans toutes les directions. C’étaient des hurlements d’effroi mêlés aux cris de
douleur des blessés ou des brûlés. On entendait aussi les ordres confus des
sergents d’armes.
    Dans l’écurie, les chevaux affolés hennissaient de
terreur. Les lueurs d’incendie éclairaient les archères de la façade du
bâtiment des chevaliers et d’épaisses fumées soufrées enveloppaient tout,
faisant tousser ceux qui les traversaient.
    L’affolement submergeait tout. Ils traversèrent la
cour vers la ruelle qui conduisait à la tour Paravelle. Des gardes du
pont-levis les interpellèrent pour savoir ce qui se passait, mais jouant
l’affolement ils ne s’arrêtèrent pas pour leur répondre. Dans l’ombre, ils
abandonnèrent de nouveaux pots à feu sur la toiture de la salle à manger.
    Entre-temps, des gardes s’étaient dirigés vers des
arcades pour pénétrer dans le logis des chevaliers. L’explosion les saisit
alors qu’ils n’étaient qu’à une toise, tuant la plupart d’entre eux. Un pan de
mur s’effondra, bloquant les passages, tandis que les incendies se propageaient
sur les poutres et les boiseries. Cette partie du château n’était plus que
désordre et épouvante. Chacun se ruait dehors pour échapper aux flammes, aux
murs qui s’écroulaient, à la fumée soufrée qui les étouffait. Les gens étaient
en chemise, pieds nus et sans armes. Ils criaient, hurlaient, les femmes
pleuraient, suppliaient à genoux. Tous étaient persuadés que les portes de
l’enfer venaient de s’ouvrir dans le château. La montagne proche ne
s’appelait-elle pas le val d’Enfer ?
    Nedjm Arslan et Ibn Rushd arrivèrent au passage
vers la tour Paravelle où ils placèrent de nouvelles charges. Ayant allumé les
mèches, ils revinrent par la ruelle cadastrale qui conduisait aux prisons et
aux cuisines. Nedjm Arslan avait prévu que les explosions feraient s’effondrer
les voûtes, empêchant la circulation vers la haute cour, ce qui couperait le
château en deux. Comme la plupart des gens d’armes logeaient dans les bâtiments
ayant leur porte sur la cour de la tour Paravelle, ils seraient isolés,
puisqu’ils ne pourraient plus passer par la grande salle du donjon dont l’issue
vers les arcades était détruite.
    Dans la ruelle cadastrale, c’était aussi
l’affolement. Toute une foule se bousculait vers la cuisine souterraine où les
gens espéraient être protégés du feu par les rochers.
    La toiture de la salle à manger commençait à
s’embraser quand un fracas plus puissant que le tonnerre retentit. C’était
l’écroulement des celliers. La terreur fut à son comble. Les gens couraient en
tous sens, se poussant et se piétinant sans aucune compassion, se trompant même
de direction, tant l’air était obscurci par les fumées à travers lesquelles on
ne voyait que des flammes infernales.
    Dans cette foule incontrôlable, le Perse et Ibn
Rushd se frayaient difficilement un chemin, quand ils heurtèrent Robert de
Locksley et Anna Maria. Sur le coup, le médecin resta interdit, puis,
bouleversé, il saisit Anna Maria dans ses bras :
    — Vous… Ici ! Vous êtes libre ?
Vous n’avez rien ?
    — Non ! Mais que se passe-t-il ?
C’est l’enfer !
    — J’ai cru… Allah est grand ! Je vous
raconterai plus tard ! Occupons-nous de votre frère.
    Les toits voisins n’étaient plus que brasiers. La
fumée tourbillonnait autour d’eux. Des cris déchirants dominaient les
crépitements des flammes. Locksley prit la tête de leur troupe pour gagner la
porte des cachots, écartant sans ménagement ceux qui les gênaient.
    L’ouverture de la prison était dans un
renfoncement de roche. Le Perse plaça une charge sur la porte de fer et, à
peine l’eut-il allumée, qu’ils s’écartèrent au plus vite, tentant d’éloigner
ceux qui couraient vers les sous-sols.
    La déflagration provoqua un nouveau désordre, des
hurlements et une ruée dans toutes les directions.
    Déjà Nedjm Arslan était entré dans la petite salle
qui précédait les cellules. Il n’y avait que de simples verrous aux portes des
cachots. Il les tira.
    — Seigneur viguier ! Bartolomeo !
Sortez vite !
    Fer sortit le premier, voûté et

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