Marseille, 1198
les
arcades avec l’Italienne, Nedjm Arslan et Hugues de Fer les suivirent, puis ce
furent Robert de Locksley et Ibn Rushd. Le Saxon avait dissimulé son visage
sous le capuchon de sa cotte.
La charge d’Arslan le Perse avait provoqué
l’écroulement d’un mur, bouchant complètement l’entrée vers les salles basses.
Cinq ou six domestiques dégageaient les décombres. Fer proposa de les aider et,
dans l’obscurité, personne ne les reconnut.
Ils se mirent aussitôt au travail, déplaçant les
pierres à la faible lueur de la lanterne. Seul Ibn Rushd resta debout,
cherchant à apercevoir Guilhem. Le calme revenait et les incendies étaient
presque tous éteints.
Enfin un passage vers les celliers fut suffisant,
Pierre s’engagea le premier, expliquant aux domestiques qu’ils allaient
chercher des blessés à l’intérieur. De l’autre côté, l’obscurité était totale.
Heureusement, ils avaient encore la lanterne de Nedjm Arslan. Ils passèrent la
première salle et Pierre leur indiqua un étroit couloir qu’ils n’avaient jamais
remarqué. Derrière lui, ils traversèrent d’autres cavités creusées dans la
roche jusqu’à une grande crypte où se trouvaient entreposés des tas de gros
cailloux. Une fois rassemblés, Pierre leur indiqua une porte basse.
— C’est une ouverture sur la fosse,
expliqua-t-il. Ces roches sont là pour être jetées sur des assaillants qui
seraient entrés par le trou aux lièvres.
— Comment allons-nous descendre ?
demanda Locksley.
— Je vais ouvrir la porte basse. Cachez la
lumière. Dans le noir, on ne remarquera rien du pont-levis. On descendra avec
la corde que porte la damoiselle, mais en bas la grille sera fermée…
— Je passerai le premier et je la détruirai
avec cette boîte de poudre, dit Nedjm Arslan. Il faudra me faire descendre la
lanterne quand je serai en bas, car ce serait trop long de battre le briquet.
Vous n’aurez qu’à l’attacher à la corde en la couvrant sous un tissu.
— C’est très dangereux, remarqua Locksley.
Vous serez exposé longtemps et les gardes ont des arbalètes.
— Vous me protégerez, répliqua le Perse en
souriant. Avec votre arc, je ne crains rien.
Pierre tira un verrou et ouvrit la porte basse
tandis qu’Anna Maria attachait la corde à un anneau scellé dans la roche.
Nedjm Arslan, ayant glissé la boîte de poudre et
la mèche dans la grande poche de son ample manteau, prit la corde et descendit
en silence. En bas, il trouva l’étroite grille et, avec une cordelette, il
attacha le coffret sur la serrure. Il faisait très sombre et ceux qui étaient
au pont-levis ne pouvaient le voir.
Il sentit alors un frôlement dans son cou. C’était
la lanterne, couverte d’un morceau du jupon d’Anna Maria, que ses amis
faisaient descendre. Avec elle, il alluma la mèche puis s’accroupit à l’écart,
le long de la paroi rocheuse.
La mèche ne brûla que quelques secondes, mais un
garde qui se tenait devant le parapet crénelé de la fosse l’aperçut.
— Là, une lumière… cria-t-il.
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que
l’explosion retentit.
Entre-temps, Ibn Rushd était retourné vers le
cellier avec une chandelle et avait allumé un pot à feu. L’incendie ne ferait
pas trop de dégâts, mais occuperait du monde, s’était-il dit.
La déflagration de la grille fut terrifiante. De
nouveau, ce fut le désordre et l’affolement dans la cour où les sergents
hurlaient des ordres tandis que chacun cherchait à se mettre à l’abri, persuadé
que le fracas et les incendies allaient reprendre.
Pendant cette agitation, les fugitifs descendaient
avec la corde dans la fosse enfumée. La grille avait été arrachée et Pierre les
guida dans le passage en pente. C’était un corridor large d’à peine un pied et
demi, afin d’empêcher l’entrée d’une importante troupe. À son extrémité, ils
furent arrêtés par une porte de bronze.
— Il y a deux grosses barres à retirer des
encoches creusées dans la roche, expliqua Pierre.
Ils les soulevèrent et poussèrent la porte. De
l’autre côté, l’air était pur et sans fumée.
Dans la crypte d’en haut ne restaient que Robert
de Locksley, arc bandé prêt à tirer, et Ibn Rushd.
— Je vais rester, annonça le vieillard. Je ne
parviendrai jamais à descendre par cette corde. J’arriverai bien à sortir seul
par le pont-levis. Bonne chance !
— Certainement pas, je vais vous aider.
Laissez-vous faire.
Il
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