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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Peut-être Hugues des Baux avait-il prévu de passer la nuit
dans cette tour.
    — Dans quel but ? N’est-il pas votre
ennemi depuis qu’il a assiégé votre ville ? Il aurait décidé de dormir
dans cette tour, si près de votre enceinte au risque d’être surpris ? De
plus, par un incroyable hasard, il aurait découvert ici le vicomte qui a
dépossédé sa femme de ses droits ? Quel étonnant concours de
circonstances ! Reconnais-le, il est évident que Hugues des Baux savait
que Roncelin était là ! De plus il savait que votre vicomte serait sans
escorte, puisqu’il est venu avec seulement quelques hommes. Combien de temps
faut-il d’ici pour aller aux Baux ?
    Hugues ne répondit pas tout de suite, contrarié
par ce que les déductions de son ami impliquaient. Mais il devinait qu’il avait
raison.
    — Deux, trois jours, parfois plus, mais un
messager avec un bon cheval, et une monture de rechange, peut faire le voyage
dans la journée s’il n’est pas arrêté en route, lâcha-t-il enfin.
    Ils revinrent à la tour. Hugues donna des
instructions à son écuyer puis ils se remirent en selle.
    — J’ai du mal à comprendre où veut en venir
Hugues des Baux, fit Ibn Rushd tandis qu’ils se dirigeaient vers la Porte
Galle. Même avec Roncelin, il lui sera difficile de faire valoir ses droits.
Est-il si puissant que ça ?
    — La famille des Baux est la plus
considérable de Provence, avec une dizaine de châteaux et des centaines
d’hommes d’armes. Le grand-père de Hugues s’est opposé à la maison de Barcelone
et l’a payé cher, mais Hugues a reconstitué la puissance de sa famille et brûle
d’avoir sa revanche. Avec Marseille, il disposera d’un avantage considérable
pour prendre le comté de Provence.
    — Que s’est-il passé avec son
grand-père ?
    — Tout a commencé, il y a… quatre-vingts
ans ! Le comté était alors sous la suzeraineté du comte de Toulouse. Le
comte de Barcelone Raymond Béranger avait épousé Douce, une fille de la
comtesse de Provence. À la mort de la comtesse, il a revendiqué le titre de
comte, ce qui a provoqué une guerre avec Toulouse qui refusait la mainmise de
Barcelone sur la Provence. Au bout de douze ans d’escarmouches, les deux
maisons ont finalement convenu d’un accord : le nord de la Durance
resterait sous la suzeraineté de Toulouse, le sud serait sous celle de
Barcelone. À la mort de Raymond Béranger, son cadet devint comte à son tour,
mais fut tué en laissant un jeune fils.
    » Or, Douce avait une sœur cadette,
Étiennette, qui avait épousé Raymond des Baux. À la mort de Raymond Béranger,
Étiennette, c’est-à-dire à travers elle Raymond des Baux, avait fait valoir ses
droits sur le comté, droits soutenus par le comte de Toulouse et par l’empereur
Conrad III [18] .
Pour défendre les intérêts de son jeune neveu, le comte de Barcelone demanda et
obtint le soutien des États de Provence [19] . La guerre éclata donc entre les
familles des Baux et de Barcelone. Mais le comte de Toulouse étant parti aux
croisades, Raymond des Baux fut écrasé par Barcelone.
    » C’était il y a cinquante ans. Le vaincu dut
faire un humiliant voyage jusqu’à Barcelone pour demander la paix et renoncer à
tous les droits qu’il prétendait avoir sur la Provence. Il dut même faire
hommage au comte. Malgré cela, cinq ans plus tard, une nouvelle fois allié au
comte de Toulouse, son fils Hugues obtint confirmation des droits de sa famille
par l’empereur Frédéric. De nouveau, ce fut la guerre. Cette fois le comte de
Barcelone s’empara du château des Baux et le mit à bas.
    » À la mort du comte de Barcelone, le comte
de Toulouse, Raymond V, entra en Provence pour reprendre la lutte, mais il
fut aussi battu par le nouveau comte de Barcelone, Alphonse. Depuis, les
seigneurs des Baux ont reconnu leur allégeance à la maison de Barcelone tandis
que Toulouse a renoncé à ses prétentions. Seulement, en trente ans, les
seigneurs des Baux ont reconstruit leur château et ont étendu leur influence.
De surcroît Hugues des Baux est habile. S’il obtient Marseille et sa richesse,
il sera en position de force. Plus encore si Toulouse l’aide à nouveau.
    » Mais nous, nous ne voulons pas de cette
guerre.
     

Chapitre 5
    L e
cavalier avait arrêté son palefroi roux et blanc à une vingtaine de cannes du
prieuré Saint-Martin, non loin du chemin d’Arles. À quelque distance de la
chapelle, le long de l’Arcoule, se

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