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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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bonnes murailles et notre peuple décidé à défendre ses libertés.
Finalement, Alphonse d’Aragon n’a pas insisté et Roncelin est resté vicomte de
Marseille.
    — Mais si Roncelin est mort, tout sera remis
en cause…
    — Tout, conclut simplement Hugues.
    L’épaisse muraille devant laquelle ils arrivaient
était percée d’un passage voûté en plein cintre qui remontait à l’époque
romaine. On l’appelait la Porte Galle et on disait que c’était par là que Jules
César était entré dans Massilia. Les gardes du viguier, son écuyer et
l’intendant du vicomte les attendaient en discutant avec les arbalétriers de la
prévôté.
    — Qui de vous était là, hier ? leur
demanda Fer.
    — Nous y étions tous, seigneur viguier.
    — Notre vénéré seigneur Roncelin est-il
passé ?
    — Oui, seigneur, un peu avant midi, avec deux
esclaves.
    — Personne d’autre avec lui ?
    — Personne, noble seigneur, répondit le
garde, inquiet du ton dubitatif du viguier.
    Hugues hésita à parler de la femme dont l’intendant
avait vu le cadavre dans la tour, puis il jugea prudent de rester discret tant
qu’il ne savait pas qui elle était.
    — À quelle heure notre vicomte est-il rentré
en ville ?
    — Il n’est pas revenu, seigneur, ou alors il
a pris une autre porte.
    À ces inquiétantes paroles, le cœur de Hugues de
Fer se serra un peu plus.
    — Avez-vous vu des navires ?
demanda-t-il.
    — Quelques barques sont entrées dans le port,
et on a aperçu des galères au large.
    — Rien d’anormal ? Pas de bandes de
ribauds ? Pas de voiles sarrasines ?
    — Non, seigneur, sinon le guetteur aurait
lancé le signal avec sa trompe.
    Il désigna la tour construite contre la muraille.
    — Qui d’autre est sorti de la ville ?
    — Beaucoup de monde, seigneur. Il y a
toujours du passage ici, surtout les marchands qui ont affaire au port.
    Le viguier hocha du chef et fit signe à ses hommes
de franchir la porte. Il n’apprendrait rien de plus et il était inutile de
donner l’éveil par des questions trop précises.
    Un chemin descendait vers une anse où quelques
bateaux étaient à l’ancre le long d’un ponton de bois.
    — Portus Gallicus est le port de la
ville prévôtale, expliqua Hugues à son ami.
    Quand ils furent hors de portée d’oreille des
gardes de la porte, le médecin demanda :
    — S’il n’y avait aucune femme avec le seigneur
Roncelin, qui donc était celle que l’intendant a vue ? D’où pouvait-elle
venir ?
    — Nous allons le savoir, fit sombrement
Hugues. Cette affaire semble plus compliquée que je ne le pensais.
    Ils longèrent la grève un moment avant d’emprunter
un raidillon qui grimpait vers une tour carrée dont on ne voyait que le sommet
crénelé. Elle ne paraissait pas avoir d’ouverture.
    — C’est la maison de Roncelin ? demanda
encore Ibn Rushd.
    — Oui, une ancienne tour pour surveiller les
navires sarrasins qui n’est plus utilisée depuis qu’on a édifié la grande tour
de l’enceinte.
    — Il y a toujours du danger ?
    — Toujours. Des pirates sarrasins ont pris
Toulon, il y a deux ans.
    Après un faux plat et plusieurs coudes du chemin,
ils débouchèrent sur une esplanade dominant la mer. La tour avait de gros
contreforts à chacun des angles et ses seules ouvertures étaient d’étroites
archères et une porte à deux cannes du sol. On y accédait par une échelle.
    Le chemin se poursuivait vers le nord. Le viguier
demanda à son écuyer de le suivre quelques dizaines de cannes pour vérifier
qu’il n’y ait personne. Après quoi, il sauta au sol, ordonna à ses hommes
d’armes de rester vigilants et se rendit à la tour.
    Ibn Rushd descendit aussi de sa mule et regarda un
moment la mer, cherchant une voile sarrasine. En entendant Hugues de Fer
appeler à plusieurs reprises : « Seigneur Roncelin ! », il
se retourna. Le viguier grimpait l’échelle de la tour, l’intendant derrière
lui.
    L’endroit était d’un calme parfait. Ibn Rushd
comprenait pourquoi Roncelin aimait y venir. Il refit alors à pied une portion
du chemin par où ils étaient arrivés. Bordé de romarins et de cistes, le
sentier était encore humide d’une récente pluie. Beaucoup de chevaux étaient
passés, constata-t-il devant les traces des fers, mais on ne pouvait déterminer
de quand dataient les plus anciennes.
    Il revenait vers la tour à l’instant où Fer
l’appelait. Abandonnant ses observations, il grimpa à

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