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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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étaient seuls dans la chambre éclairée par
deux falots.
    Viendrait-il ? Il devait venir ! se
répétait-il. Il ne pouvait s’être trompé. S’ils ne venaient pas, quelle
confiance aurait-elle envers lui ?
    Nue, elle dormait dans son lit, après s’être
donnée à lui. Revêtu de sa cotte de mailles, il était sur le banc qu’il avait
repoussé contre le conduit de la cheminée, surveillant l’échelle, épée à portée
de main.
    L’aimait-elle ? Elle n’avait rien laissé
paraître, et quand il lui avait dit qu’il repartirait, elle n’avait pas cherché
à le retenir.
    Il avait, croyait-il, éprouvé tous les maux de la
vie. Il était revenu des Baux douloureusement meurtri, et cependant il
ressentait quelque chose de plus cruel que tout ce qu’il avait éprouvé. Une
passion inconnue d’une violence presque insupportable.
    Il n’avait cessé de penser à elle depuis son
départ, huit jours plus tôt, et s’il était revenu à Marseille, c’était plus
pour la revoir que pour toute autre raison. Quelle dérision ! Comment lui,
qui chantait l’amour et la passion depuis des années, et qui en connaissait
toutes les embûches, pouvait-il être tombé dans les filets d’une femme au cœur
de pierre ?
    Accablé de désespoir, il se souvenait de ses
paroles. Elle voulait écorcher vif celui qui avait causé la mort de sa sœur. En
même temps, il tentait de se convaincre que ce n’était qu’une vaine menace,
qu’elle ne pouvait être aussi féroce. Après le souper, ne lui avait-elle pas
proposé de venir dans sa couche ? Mais peut-être avait-elle considéré cela
comme une récompense pour avoir découvert l’assassin de sa sœur.
    Pourrait-il être heureux avec une femme comme
elle ? Pourrait-il oublier ce qu’il avait connu ? Pouvait-on révoquer
le passé ?
    Ces questions embrumaient son cerveau et le
sommeil le gagnait quand la fenêtre vola en éclats.
    Il ne s’y attendait pas, persuadé qu’ils
arriveraient par la porte. Il fut instantanément debout. Déjà ils étaient deux,
non trois, dans la pièce, porteurs de fauchards et d’épieux, décidés à
l’embrocher ou à le tailler en quartiers. Il se jeta devant eux, épée en main,
pour les empêcher d’arriver jusqu’au lit.
    Le fracas la réveilla et elle se mit à hurler,
tandis qu’il tranchait son plus proche assaillant d’un violent coup de taille.
Les autres reculèrent et il parvint à sonner du cor attaché à son cou.
    Mais de nouveaux assaillants arrivaient par la
fenêtre. Combien étaient-ils ? Il ne pouvait plus les compter maintenant
qu’il avait reculé dans l’ombre des ballots de peaux. La seule chose dont il
était sûr est qu’ils étaient beaucoup trop nombreux pour lui.
    Il y eut un bref répit pendant qu’ils se
rassemblaient pour l’attaquer tous ensemble avec leurs guisarmes et leurs
épieux. Il eut donc le temps de sonner à nouveau du cor, mais, sans doute
furieux qu’il donne l’alerte, ils se jetèrent sur lui de tous côtés. Malgré sa
cotte de mailles, il sentit une pointe lui taillader le bras et il fut
contraint de reculer en faisant des moulinets. Mais ils se tenaient à distance
et il ne heurtait que les hampes de leurs armes.
    Enfin, il brisa un fauchard qui s’était trop
rapproché et trancha le poignet de l’agresseur. L’homme hurla en voyant sa main
tomber et ses compagnons s’arrêtèrent, épouvantés par le sang qui giclait et
les cris d’effroi de leur compagnon.
    — Qu’attendez-vous ? hurla une voix
furieuse derrière eux.
    Enfin leur chef était là ! Mais si on ne lui
venait pas en aide, ce serait une amère satisfaction, se dit Guilhem.
    Il porta encore le cor à sa bouche et sonna, ce
qui provoqua un sursaut de pugnacité chez ses assaillants afin de le faire
cesser. Il ne put que reculer.
    Cette fois, ce fut Constance qui hurla. Même si le
combat faisait rage et que Guilhem se battait comme un fauve, elle devinait
qu’il ne pourrait tenir longtemps et qu’il lui arriverait ce qui était arrivé à
sa sœur. Elle se recroquevilla au bout du lit, terrorisée et sanglotante.
    Soudain, s’embrochant dans quelque objet, Guilhem
perdit l’équilibre et tomba. Celui qui dirigeait ses agresseurs avait
traîtreusement jeté une perche dans ses jambes. Les ribauds se jetèrent
immédiatement sur lui pour le percer.
    — Arrêtez ! Je veux voir à quoi
ressemble celui qu’elle a préféré. Après elle sera à vous.
    Constance reconnut la voix et

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