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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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en fut confondue.
Lui ! C’était impossible !
    Protégé par ses truands, l’homme s’approcha
prudemment. Guilhem distingua une tête de furet qui lui était inconnue. Son
rival était coiffé d’un chapeau plat et portait un long bliaut vert, serré à la
taille par une large ceinture avec une aumônière. Entre ses mains, il égrenait
les perles d’un chapelet d’ivoire à gros grains.
    — Ainsi c’est vous que cette bagasse a
choisi, fit-il en posant sur lui un regard indifférent. Vous n’aurez pas
longtemps profité de votre succès.
    — Qui êtes-vous ? interrogea Guilhem
sans tenter de bouger, car la pointe d’un épieu était à quelques pouces de sa
poitrine.
    — Aurélien, c’est le syndic de notre
corporation ! lança haineusement Constance.
    Guilhem crut déceler un soupçon de mécontentement
dans le visage impavide du syndic des tanneurs quand il se tourna lentement
vers Constance qui avait tiré un drap pour couvrir sa nudité. L’attitude
reptilienne de cet homme, cette sorte de torpeur venimeuse le firent
frissonner. Avait-il couru tous ces dangers, livré tous ces combats pour que
cet être froid le fasse clouer par un épieu et que Constance finisse violée
comme sa sœur ? Il jeta des regards de détresse autour de lui, cherchant
vainement un moyen de reprendre la lutte.
    — Vous auriez dû accepter ma proposition,
Constance, dit lentement Aurélien, les paupières mi-closes.
    — Vous êtes un porc ! lui cracha-t-elle.
    — Votre sœur aussi m’a dit ça. Et vous savez
ce qui lui est arrivé. Mais réjouissez-vous, vous allez connaître les mêmes
plaisirs ! fit-il un ton plus haut, comme s’il avait quand même été touché
par l’injure.
    Il se détourna d’elle, toujours en égrenant son
chapelet.
    — Le viguier sait que c’est vous ! lui
lança Guilhem, vous feriez mieux de fuir tant que vous avez le temps.
    — Hugues de Fer ne sait rien, répliqua
Aurélien en secouant lentement la tête, et votre ami ne viendra pas à votre
aide.
    Il eut un sourire sans joie.
    — Vous pensiez vraiment me tromper ?
Garcine m’a prévenu qu’un de vos amis s’était fait engager par Aicart chez qui
il logerait pour la nuit. J’ai donc pris mes précautions. Ce pauvre Aicart ne
peut pas sortir de sa maison, pas plus que votre ami, et pour plus de sûreté,
j’ai posté un arbalétrier qui abattra quiconque franchira sa porte.
    — Vous êtes un démon ! déclara Guilhem
après avoir respiré profondément. Mais je ne peux m’en prendre qu’à moi, car je
vous ai sous-estimé.
    — Je le crois, approuva le tanneur avec un
sourire suffisant.
    — Puisque c’est la fin pour moi, puis-je au
moins savoir qui sont ces marauds ?
    Aurélien se rengorgea légèrement.
    — Je peux même vous faire la faveur de tout
vous dire, puisque vous allez mourir. Tout a commencé quand, par charité
chrétienne, j’ai acheté une peau de sanglier à un pauvre écorcheur qui mourait
de faim.
    Il désigna l’homme à l’épieu. Un être rabougri
avec une barbe et une chevelure hirsutes. Guilhem remarqua surtout ses mains
noueuses qui tenaient le manche serré. Il ne paraissait éprouver aucune
émotion.
    — Il se nomme Draguonet et gîte dans les
bois, dans des huttes de branchages avec d’autres miséreux. Pendant longtemps,
ils ont vécu de braconnage et de la vente des dépouilles des loups qu’ils
tuaient. Cela jusqu’au jour où les bouchers se sont plaints de leur concurrence
et que le viguier a interdit qu’on achète leurs peaux. J’ai été le seul à leur
offrir un peu de compassion en continuant à commercer avec eux.
    » Mais il y a quelques mois, Madeleine est
venue se plaindre. Selon elle, je tannais bien plus de peaux que je n’en
achetais aux bouchers. J’ai nié, mais j’ai prévenu Draguonet que je devais
mettre fin à nos affaires. Cela signifiait la mort pour lui et ses amis.
Évidemment, il y aurait eu un moyen de continuer à acheter des peaux si
Madeleine avait été compréhensive. Aussi lui proposai-je de l’épouser, bien que
je n’en éprouvasse aucun désir. Une fois unis, je lui aurais confié mon secret.
Mais malgré tous les avantages qu’elle aurait eus avec moi, un homme
d’expérience bien plus riche qu’elle, elle a refusé. Il ne restait donc qu’un
moyen de sauver mes amis les écorcheurs : la faire disparaître. Je
suggérais à Draguonet d’attaquer sa maison une nuit, mais il aurait fallu
massacrer tout le monde

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