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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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esclaves qui s’occupera de porter tes bagages chez moi. Tu es mon hôte
aussi longtemps que tu le veux. Nous avons tant de souvenirs à échanger !
    Le visage du vieillard s’éclaira d’un sourire
triste mais rassuré.
     

Chapitre 2
    H ugues
de Fer avait débarqué à Saint-Jean-d’Acre en juillet 1191. Déjà
Philippe II était à pied d’œuvre et faisait construire des balistes et des
mangonneaux. Avec ces machines de guerre, la garnison des infidèles avait
rapidement capitulé, mais les croisés s’étaient retrouvés à leur tour pris au
piège, harcelés par Saladin et ses troupes, dès qu’ils sortaient de la ville.
    Désœuvrés, les Francs, comme les appelaient les
infidèles, avaient transformé Saint-Jean-d’Acre en une autre Gomorrhe :
     
    Dans la ville était tant laidure,
    Et tant péché et tant luxure
    Que prudhommes honte avaient
    De ce que les autres faisaient
     
    chantonnait-on.
    Avec la promiscuité, la saleté et la chaleur, les
épidémies avaient décimé les chrétiens et le roi de France, atteint de la
suette, était rentré en France. Hugues, comme la plupart des croisés
marseillais, était resté, mais il voulait quitter la ville et ses épidémies,
aussi, malgré les dangers, il avait demandé à faire partie d’une armée qui se
rendait à la palmeraie d’Arsouf avec Richard Cœur de Lion. Seulement, en
chemin, leur troupe était tombée dans une embuscade et si Richard en avait
réchappé, beaucoup de ses gens avaient été tués. Laissé pour mort avec une
flèche qui avait percée son haubert, Fer avait été recueilli par la caravane de
pillards qui suivait Saladin. Bien que la plupart des blessés aient été
achevés, on l’avait gardé en vie quand il avait fait comprendre qu’il pourrait
payer rançon. Ensuite, il avait déliré durant plusieurs jours, puis avait été
emprisonné avec d’autres captifs chrétiens.
    C’est là qu’il avait appris qu’il était à Damas.
    Ils étaient une dizaine d’esclaves, venant de
plusieurs pays, dormant sur la paille souillée d’un cachot, livrés à la
vermine. Sitôt rétabli, Hugues avait dû travailler aux champs, après avoir
écrit à ses amis à Saint-Jean-d’Acre. Certains jours, ils cueillaient du coton
sur des arbustes, d’autres fois, ils ramassaient une poussière jaunâtre au goût
de miel sur de grands roseaux que les infidèles appelaient zucar. Ils en
faisaient une mélasse cuite en pains blancs que les médecins utilisaient comme
médicament. C’était un travail exténuant, dans une salle surchauffée, avec
comme seule espérance l’occasion de ramasser quelques débris qu’ils croquaient
pour calmer leur faim.
    Une fois, on vint leur proposer la liberté à
condition de s’installer à Damas et d’adopter la religion du Prophète. Seul un
prisonnier accepta mais le régime de détention fut ensuite plus sévère pour les
autres.
    Le temps s’écoulait lentement pour Hugues qui
n’avait pas de nouvelles de ses amis quant au paiement de sa rançon. Peut-être
que son courrier n’était jamais arrivé. Bien que désespéré, il ne cherchait pas
à s’évader, car ceux qui s’y risquaient étaient toujours rattrapés et châtiés
de façon effroyable. Pour l’exemple, on leur coupait les mains, la langue, le
nez et les oreilles, puis on leur crevait les yeux avant de les renvoyer à
Saint-Jean-d’Acre.
    Il était captif depuis plusieurs mois quand éclata
une épidémie. Tous les prisonniers furent malades, sauf lui. Ce fut sans doute
pour cette raison qu’un matin il eut la visite d’Ibn Rushd.
    Le même Ibn Rushd qu’il accompagnait chez lui,
sauf qu’à cette époque il avait encore des cheveux et une barbe noir.
    — C’est lui qui n’a pas la peste ?
avait-il demandé à l’un des geôliers avec un sourire pétillant.
    Fer avait compris, car il parlait désormais
l’arabe.
    Le visiteur l’avait examiné, vérifiant qu’il
n’avait pas de bubons, avant de s’occuper de trois de ses compagnons qui
étaient au plus mal. Alors qu’il aurait pu les laisser mourir, il leur avait
donné un onguent pour les soulager. Un geste de miséricorde qui avait
profondément touché Hugues de Fer.
    Puis Ibn Rushd s’était adressé aux gardiens en le
désignant.
    — Je l’emmène comme convenu avec le
gouverneur. Un homme qui résiste à la peste me sera précieux.
    C’est ainsi qu’il avait quitté sa geôle.
    Son nouveau maître était médecin. Il l’avait vêtu
d’habits

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