Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
fait
venir, se dit-il. Mais pourquoi lui ?
    — Quand ?
    — Il y a une semaine.
    — Qui ?
    — Personne ne le sait. Le viguier n’a rien
trouvé.
    — Je suis désolé, fit-il, embarrassé.
    — Vous n’avez pas à l’être. Je veux retrouver
ses assassins.
    Le silence s’installa. Elle avait posé ses deux
mains à plat sur son bliaut et regardait droit devant elle, comme s’il
n’existait pas.
    — J’ai besoin d’aide, dit-elle enfin, cette
fois dans un sanglot.
    — Vous voulez que je les trouve ?
    — Oui. Et que vous me les rameniez.
    — Je ne suis qu’un troubadour.
    — Je sais juger les hommes. Vous êtes un être
pétri de violence. Vous devez m’aider. Je n’ai que vous. Aicart et Étienne ont
fait ce qu’ils ont pu, mais ils ne sont que des tanneurs. Le viguier est
impuissant. J’ai pensé louer des mercenaires, mais comment les choisir ?
J’ai confiance en vous, car vous êtes d’ici. Vous êtes aussi un peu de ma
famille.
    — Vous ignorez ce que je suis devenu,
répliqua-t-il sombrement.
    — Je m’en doute, fit-elle en posant son
regard sur son épée, et cela me convient. À quel âge êtes-vous parti ?
    — Treize ans.
    — J’ai rassemblé en vain mes souvenirs
d’enfant, j’ai aussi interrogé mes plus vieux serviteurs. Personne ne se
souvient d’un garçon nommé Guilhem.
    — J’ai changé de nom, j’ai effacé mon passé.
Je me nommais Antoine. On m’a surnommé Guilhem d’Ussel, car c’est là que j’ai
été accolé chevalier. Je ne suis pas sûr de l’avoir mérité, ni que celui qui
m’a accolé en avait le droit. Mais il était provençal, comme moi.
    Elle l’interrogea du regard.
    — Mercadier, laissa-t-il tomber.
    Elle réprima une expression horrifiée et se signa.
Même ici on avait entendu parler des exploits effroyables du capitaine de
routiers.
    — Ceux qui ont tué ma sœur étaient des hommes
comme vous, murmura-t-elle. Vous saurez donc comment les trouver.
    Le mélange de dégoût, de crainte et peut-être de
fascination dans ces derniers mots le toucha plus douloureusement qu’il
n’aurait dû.
    — Dites-moi ce que vous savez, fit-il en
soupirant, mais je ne crois pas pouvoir vous aider. Je ne vais pas rester à
Marseille.
    — Ma sœur était avec un homme dans une maison
hors de la ville. Une troupe de gens armés est venue et les a tués.
    — Où était-ce ?
    Il perçut son hésitation.
    — Dans une tour près du port prévôtal.
    — La maison du vicomte ? s’enquit-il.
    C’était la seule tour près de Portas Gallicus. Il s’en était approché plusieurs fois quand il était enfant, avec son père.
    — Oui.
    — L’homme, c’était Roncelin ?
    Elle avait promis de ne pas parler, aussi ne
répondit-elle pas, mais elle inclina imperceptiblement la tête.
    Roncelin ! Cela changeait tout ! Ainsi
il était mort !
    — On m’a dit que le vicomte était malade.
    — On n’a pas retrouvé son corps,
murmura-t-elle.
    — Vous ne savez rien d’autre ?
    — Le viguier a trouvé les cadavres des
esclaves de Roncelin et de ma sœur. J’ai envoyé Aicart et Étienne le lendemain,
Étienne est observateur. Il a vu les traces d’une troupe à cheval. Avec Aicart,
ils les ont suivis, puis perdus. Ils remontaient vers le nord. Vous voulez les
interroger ?
    Il secoua la tête.
    — Et depuis personne ne sait où est
Roncelin ?
    — Personne, mais d’après le viguier, on
l’aurait enlevé. Sans doute pour une rançon.
    Guilhem songea immédiatement à la troupe de
Rostang de Castillon et à l’homme qu’il avait cru voir attaché. Se pouvait-il
que ce soit eux qui aient tué Madeleine ? Ce soldat, Pierre, avait dit qu’il
y avait eu des morts, que ce n’était pas beau à voir. Était-ce une allusion à
Madeleine ? Hugues avait fait savoir au comte de Toulouse que Roncelin
allait lui vendre sa part de la vicomté. La réalité était peut-être qu’il
allait la lui extorquer, comme une rançon.
    Si c’était le cas, que devait-il faire ? En
vérité, il n’avait pas à s’en mêler. Il était suffisant qu’il rapporte à
Toulouse ce qu’il avait appris. Il s’aperçut alors quelle le fixait.
    — J’ai besoin de vous ! insista-t-elle
quand son regard croisa le sien.
    — Comment pourrais-je les retrouver ?
    — Je ne sais pas, vous avez l’habitude de
poursuivre des ennemis, non ? Je vous donnerai dix sols par jour.
    Les gages d’un écuyer, sourit-il

Weitere Kostenlose Bücher