Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
répliqué Fer. D’où
venez-vous ? Qui vous a adoubé ?
    — J’ai été lieutenant du seigneur Cadoc de
Gaillon. J’ai aussi été au service du prince Jean et c’est Mercadier qui m’a
armé chevalier.
    — L’écorcheur ! s’était exclamé Fer avec
dégoût.
    — Qui est ce Mercadier ? avait plaisanté
Bartolomeo.
    — Priez pour ne jamais croiser sa
route ! avait répondu Fer. Je n’ai pas le choix, seigneur d’Ussel, et
j’accepte donc vos conditions.
    — Quand partons-nous ?
    — Après-demain, car demain, il y aura réunion
du conseil de la ville. Vous aurez le temps de préparer votre équipement.
Approchez-vous de la table : Bartolomeo et Anna Maria nous ont décrit le château
et ses abords et je vais vous expliquer notre plan.
    C’est le soir, après avoir bu plus que de raison,
que Robert de Locksley s’était épanché auprès de Guilhem.
    — J’ai été marié, mon ami, et j’ai connu le
bonheur. Marianne était la meilleure des femmes et la plus séduisante des
maîtresses. Mais la fièvre est venue et l’a emportée. Je me suis croisé en
espérant la rejoindre. Seulement, la mort n’a pas voulu de moi, et je suis là,
seul…
    Il s’était tu un long moment avant
d’ajouter :
    — Cette femme… Anna Maria… avait-il balbutié
dans les vapeurs du vin.
    — Elle est fort belle.
    — C’est Marianne !
    Guilhem l’avait regardé en riant. Son ami était
ivre !
    — Non, je ne suis pas complètement soûl, mon
ami, avait fait tristement le Saxon. Marianne est morte, mais cette Italienne
lui ressemble comme si elles étaient sœurs jumelles.
    Guilhem leva les index de ses deux mains :
    — Tout ce qui se ressemble n’est pas
identique, ami. Ces doigts se ressemblent, ils sont même presque pareils (il
les remua en riant), pourtant ce ne sont pas les mêmes doigts ! Il arrive
parfois que deux personnes soient l’image l’une de l’autre, ce n’est que
l’effet du hasard.
    — En effet, seulement elles portent le même
nom : Marianne et Anna Maria. Qui peut prétendre que c’est le
hasard ? Je crois que Notre Seigneur a répondu à mes prières, car j’avais
pris la croix pour lui.
    Guilhem fit la moue. Il avait connu trop
d’atrocités pour croire que Dieu répondait aux prières des hommes.
    — Seulement, si Marianne est revenue, je ne
veux pas qu’elle nous accompagne aux Baux, car je devine que je la perdrais.
    Il s’était levé et il était parti en titubant.
    Depuis, Guilhem n’avait plus revu Robert de
Locksley sauf au début de l’après-midi, chez le notaire où ils avaient signé
l’accord les liant tous. Il y avait un juif, un ami du viguier que Locksley
connaissait, qui leur avait promis cent sous d’or à chacun, et un autre témoin
nommé Vivaud. Robert était ensuite parti avec eux chez des armuriers de la rue
de la Lancerie pour se faire équiper.
    Guilhem n’avait rien à préparer. Il était juste
allé voir Constance pour lui dire qu’il partait, qu’il allait peut-être
retrouver les assassins de sa sœur.
    — Je veux que vous les rameniez, lui
avait-elle rappelé d’un ton dur.
    — Si nous nous battons, je doute que ce soit
possible.
    Elle n’avait pas répondu et n’avait plus parlé de
lui donner des gages. Guilhem devinait qu’elle ne cherchait qu’à l’utiliser et
regrettait d’être retourné la voir, mais il ne pouvait s’empêcher de penser à
elle.
    À une table de l’auberge, devant un pichet de vin,
il songeait à elle quand un moine de Saint-Victor, en robe de toile rugueuse
serrée aux hanches par un cordon de laine, s’assit devant lui. Un grand
capuchon couvrait entièrement ses traits.
    Guilhem connaissait ces religieux qui portaient un
cilice sous leur robe et appelaient l’abbaye la porte du Paradis. Certains
s’ensevelissaient vivants dans leur cellule dont ils faisaient sceller la porte
qui ne s’ouvrait que pour laisser sortir leur cadavre. Il était rare de les
voir dans une auberge. Encore plus qu’ils s’adressent à des inconnus.
    — Vous êtes Guilhem d’Ussel, affirma le
religieux d’une voix sourde.
    — En effet, dit Guilhem, pensant que le moine
voulait le bénir contre quelque obole.
    — Vous partez demain aux Baux pour libérer le
vicomte Roncelin.
    Cette fois, Guilhem ne répondit pas, comprenant
que cette rencontre n’était pas fortuite, mais comme l’autre ne disait plus
rien, il demanda :
    — Qui êtes-vous ?
    — Vous êtes un mercenaire.

Weitere Kostenlose Bücher