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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Voulez-vous gagner
deux cents sous d’or ? demanda le moine sans répondre.
    — Qui les refuserait ? Que devrais-je
faire ? sourit Guilhem.
    — Vous les aurez si Hugues de Fer ne revient
pas.
    — C’est tout ?
    — Je crois que vous recevrez déjà une
récompense si vous ramenez Roncelin.
    — Je veux cinq cents sous d’or pour que Fer
reste là-bas, proposa Guilhem.
    — C’est beaucoup !
    — Mais le viguier vous embarrasse aussi
beaucoup, répliqua Guilhem.
    — C’est d’accord, mais uniquement si vous
ramenez Roncelin vivant.
    — Comment serai-je payé ? Dois-je vous
faire confiance et attendre que vous veniez dans cette auberge ? J’ignore
qui vous êtes.
    Le moine posa une main sur la table. Ce n’était
pas une main de jeune homme, remarqua Guilhem, mais pas une main de vieillard
non plus. Il ôta une bague avec un rubis qu’il portait à l’index droit.
    — Je tiens beaucoup à cette bague. Quand vous
reviendrez, je vous la rachèterai cinq cents sous d’or si Roncelin est avec
vous, trois cents sinon.
    — Je pourrais la revendre et ne pas revenir.
    — Vous en tireriez à peine le dixième.
    Guilhem prit la bague.
    — Je reviendrai, dit-il.
    Le moine se leva et sortit.
    Guilhem hésita un instant à le suivre, mais il
faisait presque nuit et l’autre avait dû prendre ses précautions.
    Pourquoi cet homme voulait-il se débarrasser du
viguier ?
    — Seigneur, le garçon d’écurie m’envoie vous
dire que votre cheval est malade.
    C’était un gamin que Guilhem n’avait jamais vu. Il
se leva, brusquement inquiet. Il avait brossé sa monture dans l’après-midi et
avait vérifié ses fers. Il n’avait rien remarqué. Il prit son épée posée sur la
table et se dirigea vers la porte du fond. Un couloir conduisait à l’écurie.
    Il faisait presque nuit et il n’avait pas de
lanterne. Il regretta de ne pas avoir demandé au gamin de l’accompagner avec un
falot.
    — Holà ! cria-t-il pour que l’un des
garçons d’écurie, qui logeaient près des bêtes, approche.
    Plusieurs chevaux hennirent. Où était ce
pendard ? se demanda-t-il.
    Il s’avança vers les mangeoires. Son cheval était
là et paraissait fringant. Il y avait aussi le palefroi de Locksley, deux
mulets et quatre ânes.
    Il entendit un bruit de pas et se retourna, aussi
le coup asséné vers sa nuque fut-il dévié sur son épaule. Malgré cela, la
violence du choc lui fit perdre l’équilibre. Il tomba. Au sol, il vit l’ombre
du fer de la fourche qui s’apprêtait à le clouer. Instinctivement, il roula sur
le côté et les pointes se plantèrent juste à l’endroit où il était auparavant.
Son agresseur tira vivement la fourche, tandis qu’une seconde ombre se
précipitait sur lui avec ce qui semblait être une guisarme.
    Guilhem tenta de l’éviter et heurta l’un des
poteaux de bois qui tenaient le toit de l’écurie. La fourche se précipita à
nouveau sur lui et cloua cette fois une pièce de sa manche. Il essaya de se
dégager mais l’autre le maintenait fermement.
    — Il peut plus bouger, cloute-le ! cria
un des ribauds.
    Celui à la guisarme saisit la hampe à deux mains.
Guilhem cherchait vainement à se relever. Il comprit que c’était la fin et fixa
sans sourciller celui qui allait le tuer, pour ne pas oublier son visage quand
il le chercherait dans l’au-delà afin de lui régler son compte.
    Les yeux brusquement exorbités sous son front
bestial, l’autre ouvrit grand une bouche édentée et une giclée de sang en
jaillit. Il resta debout un instant, immobile. Guilhem s’aperçut alors que le
crâne de son agresseur était tranché verticalement jusqu’à son nez. Soudain une
molle pâte grise jaillit au milieu de ses cheveux noirs et il s’écroula. Le
second truand tomba près de lui, une énorme entaille au cou.
    — Tu n’as rien ?
    C’était Robert.
    — Peux-tu retirer cette fourche ? haleta
Guilhem. Ma manche est prise dans les pointes.
    — C’était un homme adroit, plaisanta Locksley
en le dégageant. Es-tu blessé ?
    — Une bosse.
    — Que te voulaient-ils ? Des
voleurs ?
    — Non, je suis trop pauvre, ils voulaient
juste me tuer.
    — Pourquoi ?
    — Je devine qu’on ne veut pas que je parte
aux Baux.
    — Pourquoi ?
    — Ça, je ne sais pas.
    Il se pencha pour examiner les corps.
    — Jamais vu. (Il se releva.) Tu es arrivé à
temps.
    — Je revenais, je t’ai cherché et on m’a dit
que tu étais parti aux

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