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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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sang et le visage tuméfié, il portait des
chaînes aux pieds et aux mains.
    Ibn Rushd s’adressa à lui en arabe et l’autre
répondit dans la même langue, tandis que Michel de Castellaire se signait.
    Ils parlèrent ainsi quelques minutes, puis
l’ancien cadi déclara à Fer et au juge :
    — Il dit qu’il utilise une poudre qu’il
fabrique lui-même. On lui a pris le sac qui la contenait. Il arrive de Gênes et
ne pensait pas que les gens étaient si crédules.
    — Il sera jugé ! martela Castellaire.
    — Où est le sac où il garde sa poudre ?
demanda Ibn Rushd.
    — Je le conserve comme preuve de sorcellerie.
    — Nous pourrions faire une expérience dans le
jardin.
    — Ouvrir la porte de l’enfer ici, dans un
lieu consacré ! Vous n’y pensez pas !
    — Non, sourit Ibn Rushd. Juste allumer un
petit tas de poudre, pour voir ce qui se passe. Vous êtes prêtre et capable
d’empêcher le diable de se montrer.
    — Allez chercher ce sac ! ordonna Fer.
    Castellaire serra les poings, regarda le garde et
le geôlier, puis Fer qui tenait son épée. Il devina qu’il n’aurait pas le
dessus.
    — Dépêchez-vous !
    Plein de rage, il partit et revint avec un sac de
cuir. Fer et Ibn Rushd l’attendaient dans le jardin. Le garde était sorti lui
aussi, pour regarder.
    À nouveau Ibn Rushd s’adressa à Nedjm Arslan et
lui tendit le sac ainsi qu’un briquet à pierre.
    Le Perse s’éloigna d’eux, s’assit par terre,
écarta les jambes et plaça de la poudre sur la chaîne, à l’endroit où elle
touchait le sol. Il frappa le fer dans le briquet à amadou et alluma la poudre.
    Il y eut une brillante lueur, une sorte de
chuintement, et la flamme monta à plus d’une toise avant de s’éteindre presque
aussitôt.
    Effrayés, tous avaient reculé.
    Le prisonnier revint vers eux, marchant avec
précaution. La chaîne avait fondu en son milieu, comme si elle était passée
dans une forge. Là où la poudre l’avait coupée, les maillons étaient encore
rougis.
    — Vous voyez, dit Ibn Rushd, il n’y a là rien
de diabolique ! C’est simplement une poudre qui ressemble au charbon, mais
plus puissante.
    — L’affaire est entendue, décida Fer qui
avait compris combien la poudre serait utile dans leur entreprise. Je l’emmène.
    — Non ! Ne sentez-vous pas le
soufre ? Je suis juge en dernier appel ici, et juge souverain pour la
sorcellerie.
    — Il n’y a aucune sorcellerie et vous avez
arrêté cet homme dans la ville basse. Quatre gardes m’ont accompagné et
m’attendent dans la cour de l’évêché. Voulez-vous vous rebeller contre mon
autorité ? Faites-le et je vous fais saisir pour être intervenu dans la
ville basse ! Soyez assuré que l’évêque Rainier m’approuvera ! Venez,
Ibn Rushd !
    Celui-ci dit quelques mots à Nedjm Arslan qui le
suivit en gardant son sac de poudre. Ils partirent, mais si Fer s’était
retourné, il se serait inquiété de la haine affichée sur le visage de
Castellaire.
    Le viguier se rendit au Tholoneum avec deux de ses
gardes, laissant Ibn Rushd et les deux autres conduire le Perse chez lui.
    Dès le retour des jongleurs italiens, Hugues de
Fer avait envoyé un messager à son ami Vivaud pour lui demander de réunir le
conseil de la ville, aussi quand il entra dans la salle, tout le monde était arrivé.
    Les consuls avaient pris la même place que lors de
la dernière réunion. Fer leur annonça ce que les jongleurs avaient découvert et
leur communiqua sa décision d’aller délivrer Roncelin.
    — C’est folie ! intervint aussitôt le
procurateur du Saint-Esprit. Comment pouvez-vous espérer faire évader un
prisonnier de cette forteresse ? J’y ai logé une fois en me rendant à
Montpellier : la seule entrée se fait par le pont-levis et la garnison est
forte de plus d’une centaine d’hommes. De surcroît, le château est construit
sur un plateau très élevé, avec un seul passage par une porte fortifiée bien
gardée.
    » En revanche, j’ai parlé à Gérard Adhémar.
Il accepte de devenir vicomte si nous l’assistons dans sa tâche. Avez-vous
rencontré l’abbesse de Saint-Sauveur pour faire entrer Alice au couvent ?
ajouta-t-il d’un ton conciliant.
    — Non, j’ai seulement interrogé ma pupille.
Elle refuse de devenir religieuse et veut toujours épouser le jeune Raymond des
Baux.
    — Depuis quand aurait-elle le choix ?
C’est à vous de décider, pas à elle ! répliqua sèchement Ansaldi.

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