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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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chemin, mais ils furent arrêtés à la porte
fortifiée qui fermait le plateau rocheux. La nuit approchait et l’obscurité
s’étendait.
    — Mon nom est Robert de Locksley, je suis
comte de Huntington et féal seigneur du noble sire le roi Richard d’Angleterre,
duc d’Aquitaine et de Normandie. Mon compagnon est le médecin Ibn Rushd, cadi
de Marrakech, qui est accompagné de son serviteur. Nous demandons l’hospitalité
pour la nuit au seigneur des Baux.
    Les gens à pied qui assuraient la garde ne
pouvaient refuser l’entrée à un tel visiteur et le sergent les conduisit
lui-même au château. Là, il les fit attendre un moment à l’abri du froid, dans
une des pièces souterraines, pendant qu’il se rendait dans la grande salle où
se tenait le souper.
    La table était dressée et les convives avaient
commencé à manger avec leurs doigts l’épaisse soupe aux amandes et à l’huile
d’olive étendue sur du pain. Le sergent s’approcha du chevalier Martial
d’Arsac, qui était de service à l’extrémité de la table, pour lui glisser
quelques mots.
    Ils étaient une trentaine de convives, tous du
même côté, tandis que de l’autre servantes et valets faisaient le service,
servaient les vins et amenaient les victuailles depuis la cuisine dans de
grands plats ou des soupières. D’autres domestiques surveillaient la cuisson de
volailles sur les broches de la cheminée et récupéraient les jus de cuisson
dans des pots.
    Au milieu de la salle, face à la cheminée, se
tenaient le seigneur Hugues et sa femme. Le maître des Baux, en robe cramoisie
fourrée au col et aux poignets, posait un regard silencieux sur les flammes,
buvant à petites gorgées un pot de lait de chèvre, qui semblait être sa seule
nourriture. Baralle, en bliaut de soie turquoise à larges manches depuis les
coudes, picorait dans son assiette. Un voile brodé d’or lui couvrait les
cheveux, les épaules et la gorge. Elle paraissait désespérée.
    En revanche, le chapelain à côté d’elle mangeait
de bon appétit. Près de lui, le chevalier Raimbaud de Cavaillon et son épouse
Dulceline conversaient à mi-voix, ensuite c’était le médecin du château, le
bayle et sa femme, et au-delà d’autres féaux des Baussenques. Du côté de Hugues
des Baux se tenaient Arnaud de Coutignac et sa femme Sibille, puis les hauts
serviteurs du château et enfin le chevalier Foulque Chabrand, à l’extrémité.
    Ainsi prévenu, Martial d’Arsac se leva et
s’approcha de son seigneur à qui il annonça l’arrivée des visiteurs de marque.
    — Qu’ils viennent ! ordonna Hugues.
    Baralle, qui avait entendu, donnait déjà des
ordres pour qu’on libère trois places à côté de son mari, chacun se poussant ou
se serrant sur les bancs.
    Robert de Locksley entra et fit quelques pas, sous
les regards curieux de l’assistance. Il embrassa la grande salle avec une
expression hautaine, mais bienveillante, jeta un regard sur le sol de pierre
couvert d’un mélange de paille et de branchettes de romarin, puis s’avança vers
le maître de maison en évitant les trois molosses qui dormaient près de l’âtre.
Arrivé devant Hugues et Baralle, il inclina le torse avec une politesse
formelle teintée d’un brin de dédain. Avant de quitter Sallone, il avait revêtu
sur son haubert une longue tunique blanche brodée du léopard d’Angleterre et de
la croix rouge des croisés anglais. Un large baudrier à triples lanières
soutenait sa grande épée de taille à double tranchant, une miséricorde et une
escarcelle brodée d’argent. Dans cette tenue, il ne pouvait que forcer le
respect.
    — Vous êtes anglais, vient de me dire mon
chevalier, fit Hugues.
    — En effet, noble seigneur, mais plus
exactement saxon. Je suis comte de Huntington. Je rejoins mon roi en Aquitaine
et je vous remercie de m’offrir l’hospitalité pour la nuit.
    — C’est la moindre des courtoisies, intervint
Baralle avec un sourire charmeur. Veuillez donc vous asseoir près de nous avec
vos amis et serviteurs.
    Robert de Locksley salua une nouvelle fois et
rejoignit Ibn Rushd et Nedjm Arslan qui attendaient en haut de l’escalier, tous
deux sujets de la curiosité de l’assistance à cause de leurs habits et de leurs
turbans d’infidèles.
    Le groupe fit le tour de table, jetant un regard
intrigué vers le géant brun qui, un long épieu ferré à la main, restait
immobile derrière Hugues des Baux.
    Locksley s’assit à côté du châtelain et

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